Enfin, vient le moment où l’on prend le temps de s’installer et où l’on a envie de se plonger dans des histoires synonymes d’évasion… Le bon livre à mettre dans sa valise ou à dévorer dans son hamac, voilà ce que nous proposent cinq libraires normandes. Avec en petit bonus, le livre normand qui les passionne.
Comment mieux dénicher les petites pépites littéraires qui font vibrer dans l’offre foisonnante des rayons qu’en s’adressant aux libraires passionnés de nos cinq rayons ? Voici une proposition volontairement non objective et non exhaustive. Entrons dans notre librairie normande… et il y a du mysticisme dans l’air.
Le ♥ de la librairie « Quartier Libre » à Flers
C’est la lauréate du prix Inter décerné en juin dernier qui a emporté l’enthousiasme de Vincent Patry, gérant de la librairie « Quartier Libre » à Flers, dans l’Orne. L’auteure, Phoebe Hadjimarkos Clarke, a été couronnée pour son deuxième roman « Aliene » paru aux Éditions du sous-sol.
«On est littéralement captivé par ce roman, sorte de thriller mystique. Le livre parle d’un sujet qui concerne les gens : la nature animale des humains, la sauvagerie. On suit un personnage principal, la jeune Fauvel, qui a subi un traumatisme, ayant perdu un œil suite à un tir de LBD. Elle va devoir s’occuper d’un chien lui-même violent dans un village dans lequel se déroule une intrigue angoissante. Ce livre capte et questionne. Il est actuel avec cette dualité de l’animalité et de l’humanité. C’est une littérature utile qui bouscule« .
Favori des Normands, Vincent Paitry a choisi la poésie de Jean-Claude Touzeil.
A l’origine du salon de poésie de Durcé dans l’Orne, Jean-Claude Touzeil, passionné de vélo, a écrit « Cyclitude » aux éditions Gros Textes.C’est un joli livre d’objets avec de belles illustrations de Claude Gosselin. A l’époque du Tour de France, l’auteur nous livre des morceaux de vie, des souvenirs d’enfance, des clins d’œil aux champions ; c’est sensible, d’une grande humanité.»
Le coup de coeur ♥ de la librairie « Quai des Mots » à Louviers
Stéphane Lemaître, libraire à Louviers, dans l’Eure, ne tarit pas d’éloges sur le dernier roman de Cécile Coulon, publié chez l’Iconoclaste : « Le langage des choses brisées ».
«C’est une superbe création qui tient autant du roman que de la poésie. Un magnifique roman court et mystique. L’histoire se déroule sur une nuit, un fils prend la relève de sa mère guérisseuse. C’est un peu déroutant au début, on ne sait pas à quelle période cela se déroule. On est alors captivé jusqu’au bout, par cette histoire fantastique et humaine.“
L’auteure normande que Stéphane Lemaître nous a fait découvrir est venue récemment dédicacer son livre dans sa librairie. Julie Cayeux est clown, comédienne et poète. Elle a publié « Vous avez refusé de l’appeler Ogre » aux éditions L’atelier de l’agneau.
“Là encore, c’est une forme très courte, 80 superbes pages, tout en délicatesse. C’est un roman très fort sur l’emprise d’un homme sur une femme, la maltraitance, qui a une résonance très forte avec les violences faites aux femmes.« .
Le gain ♥ de la librairie « Les Racontars » de Saint-Lô
C’est depuis Saint-Lô, dans la Manche, que Mathilde Legroult, gérante de la librairie Les Racontars, nous livre son grand coup de cœur de l’été. Publié en format poche chez Folio, « Clara lit Proust » de Stéphane Carlier la fait à nouveau rire.
C’est le destin d’une jeune femme, ça fait du bien, on a tous rêvé de changer de vie !
Mathilde Degroult, libraire à Saint-Lô
“C’est drôle, hyper tendre. Clara, employée d’un salon de coiffure, retrouve, oubliée par un client, « À la recherche du temps perdu » de Proust. Elle découvre Proust et, transcendée par cette lecture, dévore tous ses autres romans. A travers cette lecture, elle se rend compte que sa vie ne lui convient pas.“
Une histoire avec des personnages hauts en couleur sur le pouvoir des livres.
L’autre conseil de Mathilde Legroult pour l’été est aussi fait pour vous faire sourire. C’est un roman-photo, un style désuet qui revient à la mode… »« Guacamole vaudou » de Fabcaro et Eric Judor aux éditions Seuil, c’est génial, un livre complètement fou, absurde, hilarant. Un perdant, employé d’une agence de publicité, va se venger à travers des situations stupides et irrésistibles.”
Le coup de coeur ♥ de la librairie « La page qui tourne » à Verson
Pascale Colin, gérante de la librairie Verson, dans le Calvados près de Caen, est un exemple de libraire passionnée, fière de sa librairie ouverte il y a 3 ans, « La page qui tourne », une librairie généraliste nichée dans 30 m² qui a su trouver une clientèle fidèle, à l’écart du centre-ville.
Son coup de cœur est aussi un livre de poche à glisser dans sa valise et qui vous fera voyager même si vous restez en Normandie : « Partie italienne » d’Antoine Choplin, aux éditions Le Point Poche.
“C’est un livre, accessible, rapide à lire, mais d’une grande finesse d’écriture. Nous sommes à la terrasse d’un café à Rome. Un artiste parisien de renom est là, en quête de solitude. Une partie d’échecs sera le déclencheur d’une rencontre décisive. Un livre sur l’errance à Rome, sur le jeu d’échecs, le changement de vie, le mélange des cultures. Le mot est juste, l’écriture poétique sans grandes descriptions. Nous voulons découvrir la ville éternellePascale Colin nous apprend qu’on reparlera d’Antoine Choplin à la rentrée littéraire avec son prochain roman : « La Barque de Masao » aux éditions Buchet Chastel. (parution le 22 août).
Le coup de cœur normand de la librairie « La page qui tourne » est de partir sur les routes du Débarquement. Publié aux Éditions Nationale 13, basées dans la Manche : « Road trip sur les plages du Débarquement » est un livre documentaire.
“C’est un beau livre, où l’on voyage avec Claire Larquemain, l’auteure et Alice Bertrand, la photographe, les plages du Débarquement à bord d’une jeep Willys. C’est le livre que j’aurais envie d’acheter sur le palier : instructif, mais aussi divertissant, avec de beaux portraits d’hommes et de femmes.« .
Les ♥ de la librairie « Le lapin blanc » au Mesnil-Esnard
Enfin, Laure-Aline Perois, de la librairie Lapin Blanc du Mesnil-Esnard, près de Rouen, nous emmène en Ecosse. Dans le livre de l’Australienne Charlotte McConaghy, publié aux Éditions Gaïa « Je pleure encore la beauté du monde », la relation entre l’homme et la nature et les animaux est encore évoquée.
« On suit une femme et sa sœur jumelle, ainsi que l’histoire de leur enfance. L’héroïne principale, passionnée par la biodiversité, souhaite réintroduire les loups en Ecosse et va se retrouver confrontée aux craintes de la population..»
Ce livre nous fait ressentir toute la beauté du monde
Laure-Aline Perois, bookseller at Lapin Blanc in Mesnil-Esnard
« La particularité de ce jeune biologiste est de ressentir tous les sentiments et les douleurs des autres êtres vivants. La première phrase du roman fait mouche : « Nous avions huit ans le jour où mon père m’a coupé en deux, de la gorge au bas-ventre », en réalité son père dépeçait un lapin… C’est l’histoire du passage d’une enfance dans la nature à la confrontation avec le monde et les hommes.»
Son coup de cœur normand : « Roman Fleuve » de Philibert Humm chez Folio, «qui raconte la folle aventure d’un trio d’amis qui entreprend de descendre la Seine en canoë de Paris à Honfleur. C’est très drôle et c’est en livre de poche !«
Bon été et bonnes lectures ! Et peut-être trouverez-vous celle ou celui qui changera votre vie…