L’eau est de retour à la Fontaine des Innocents – .

L’eau est de retour à la Fontaine des Innocents – .
L’eau est de retour à la Fontaine des Innocents – .

Des milliers de squelettes étaient autrefois entassés sur son site.

Et oui! C’est sur la place Joachim-du-Bellay (Paris Centre) que se dressaient au Moyen Âge l’église et le cimetière des Saint-Innocents. Cette gigantesque nécropole, lieu de sépulture d’une vingtaine de paroisses parisiennes, de l’Hôtel-Dieu et de plusieurs prisons, était ouverte à tous vents… Ce cimetière, bien qu’insalubre, était un lieu de flânerie apprécié des Parisiens – on dansait même parfois sur la place ! Selon l’historien Jules Michelet, « hanté par la nuit des voleurs, par la nuit des folles qui exerçaient leur métier sur les tombeaux ».

Au fil des siècles, le cimetière a débordé au point que les défunts étaient enterrés jusque dans les caves des maisons du quartier, où l’on retrouve encore parfois aujourd’hui des fragments de squelettes. Ce n’est qu’en 1786 que les ossements ont été transférés dans les anciennes carrières du sud de la capitale, devenues les catacombes de Paris.

Elle célébra l’entrée d’Henri II à Paris en 1549

Roi de France dès 1547, Henri II fait son entrée solennelle à Paris aux côtés de son épouse Catherine de Médicis le 16 juin 1549. Pour l’occasion, les rues étaient recouvertes d’étoffes de soie et animées de chœurs et de pantomimes. , des tableaux vivants, et des joutes y sont même organisées.

Le sculpteur Jean Goujon fut chargé de concevoir et de réaliser de nombreux éléments architecturaux éphémères le long de la rue Saint-Denis (Paris Centre) – dont il ne reste que de rares gravures. Imaginez : devant l’église du Saint-Sépulcre (aujourd’hui disparue) se trouvait un obélisque surmonté d’un rhinocéros, qui symbolisait la France victorieuse des monstres !

De ce parcours, il ne reste qu’un seul chef-d’œuvre de Jean Goujon : la Fontaine des Innocents. Une des plus anciennes fontaines de Paris. Sa décoration comprend les armoiries d’Henri II et de la Ville de Paris.

C’est la première fontaine à dimension architecturale, abandonnant le tracé traditionnel du petit bâtiment au centre d’un carrefour. La fontaine apparaît alors comme un édifice en maçonnerie, sous la forme d’une loggia ouvrant par deux arcades sur la rue aux Fers et une seule arcade sur la rue Saint-Denis. Cette loggia est élevée sur un socle assez haut qui masque le réservoir de la fontaine. La loggia est initialement destinée à accueillir quelques spectateurs privilégiés le long du parcours du cortège royal.

Ce trésor de la Renaissance a été reconnu monument historique en 1862.

Elle a échappé de peu à la destruction… à deux reprises

9 novembre 1785 : un arrêté du Conseil du Roi décide d’attribuer l’emplacement du cimetière des Innocents au marché aux herbes et légumes. Les pouvoirs publics décident donc de supprimer le cimetière, mais aussi la paroisse des Saints-Innocents…

La Fontaine des Innocents, quant à elle, a été sauvée de peu de la démolition. Il est ensuite démonté puis entièrement remonté au centre du nouveau marché aux herbes. De plan rectangulaire à deux façades, il a été transformé en un bâtiment carré à quatre façades. Les travaux furent confiés à Bernard Poyet, architecte de la ville, particulièrement sensible au goût du classicisme et de la Renaissance. Il fait appel au sculpteur Augustin Pajou pour réaliser les décors sculptés manquants, à la manière de Jean Goujon, qui avait sculpté les nymphes originales des deux premières façades. La nouvelle fontaine carrée, surmontée d’une petite coupole recouverte d’ardoise, est implantée sur un socle massif et est placée parallèlement aux immeubles de la rue de la Ferronnerie.

Près de deux cents ans plus tard, alors que Paris s’apprête à construire le Forum des Halles (Paris Centre), l’idée de démonter la fontaine est à nouveau envisagée. En février 1973, la Haute Commission des Monuments Historiques décide de la conserver sur site du bâtiment, notamment en raison de sa fragilité.

La Fontaine des Innocents est donc finalement conservée sur place et protégée derrière des grillages pendant toute la durée des travaux du Trou des Halles. Un dispositif technique complexe à base de béton armé a même été conçu pour l’ancrer dans le sol.

C’est une nouvelle île de fraîcheur


L’eau de la fontaine n’était à l’origine distribuée que sous forme de minces filets sortant de six petites gueules de lion. Elle provenait des sources du nord de Paris captées à Belleville et au Pré-Saint-Gervais, puis de la Seine grâce à la pompe Notre-Dame. Puis l’eau arriva en abondance après 1809, par le canal de l’Ourcq. Pour célébrer cet événement, une grande fête fut organisée le 15 août 1809, en présence de l’empereur Napoléon Ier.est.

Cinquante ans plus tard, alors que les halles Baltard (Paris Centre) sont construites, la fontaine est à nouveau démontée, déplacée de quelques dizaines de mètres et remontée dans une nouvelle place arborée typiquement haussmannienne réalisée par l’architecte Gabriel Davioud : son socle est redessiné pour magnifier les cascades, la Fontaine des Innocents devient purement ornementale.

Mais, depuis 2017, l’eau n’y coule plus du tout. Dommage pour un élément architectural dont le style a inspiré Sir William Wallace pour concevoir ses célèbres fontaines !

Par ailleurs, les travaux qui viennent d’être achevés n’ont pas seulement pour objectif de restaurer le bâtiment : le système hydraulique de la fontaine sera à nouveau fonctionnel pour l’été ! Cela constituera un nouvel îlot de fraîcheur dans le quartier des Halles.

Ses gracieuses nymphes sont exposées au musée Carnavalet jusqu’au 25 août 2024.

Elle est parfois surnommée « la fontaine des Nymphes » en raison de ses créatures mythologiques. En effet, chaque façade de la Fontaine des Innocents comprend un fronton triangulaire surmontant un attique pourvu d’un bas-relief rendant hommage au monde marin : de petits génies rieurs évoluent parmi les coquillages et les dauphins.

Huit très belles naïades occupent les intercolonnes. Le rendu des drapés de leurs vêtements, la grâce et leur élégance, tout chez eux est remarquable. Dans le cadre de la restauration, les trois nymphes réalisées par Augustin Pajou au XVIIIe sièclee siècle ont été restaurées sur place et les cinq nymphes de Jean Goujon datant du XVIeet siècle ont été transférés à l’atelier.

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