De Marseille à Saint-Tropez, dans l’intimité du designer marseillais André Gas

De Marseille à Saint-Tropez, dans l’intimité du designer marseillais André Gas
De Marseille à Saint-Tropez, dans l’intimité du designer marseillais André Gas

Dans cette bâtisse nichée sur les hauteurs de Marseille, avec vue sur la mer et la Bonne Mère, l’atelier familial se niche depuis les années 1970. Une véritable ruche où près de 70 artisans et 55 métiers donnent vie aux créations d’André Gas et de sa fille Marie. Joie de vivre, complicité et amour du travail bien fait ressortent de cet univers atypique. Au loin, une voix forte donne quelques conseils. “C’est André», disent à l’unisson les petites abeilles ouvrières. Au moment où ils se retournent, le créateur s’est déjà enfui. On le retrouve tout aussi furtivement, un étage plus bas. Dans ce dédale de coins et recoins où chaque mètre carré est réquisitionné pour accueillir matériaux et matériaux, André Gas a marqué de son empreinte sa façon de faire, de travailler. Il faudra attendre l’heure du déjeuner pour interagir avec ce courant d’air, encore quelques minutes pour dresser son portrait, non. sans peine. L’artiste n’aime pas poser, mais c’est plus une posture qu’un véritable trait de caractère, car derrière cette expression du visage un peu boudeuse et ses yeux bleus rieurs, se cache un bon vivant, qui protège sa personnalité. Jardin secret.

En 2CV sur la Côte d’Azur

A table, l’artiste, premier prix des Beaux-Arts section gravure, qui se définit comme un artisan, est invité un peu à parler de son parcours, »Nous avons déjà tout dit»… mais aime finalement raconter ses débuts en 2CV sur la Côte d’Azur, à l’été 1968. Tout a commencé quelques semaines plus tôt, à Paris au moment des grandes manifestations, de la grève générale et des occupations d’usines. à l’École des Beaux-Arts, l’atelier d’André Gas est réquisitionné et devient, le soir venu, le théâtre de rencontres et de conférences. Le graveur se retrouve à imprimer des tracts : «J’ai eu une vie étudiante tranquille, et tous ces événements m’ont projeté dans la vie civile. Je me préparais à devenir artiste et soudain j’ai compris qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans mon projet.

Et ajouté: “J’avais choisi ce métier de graveur. Les œuvres devaient être créées, exposées et vendues. C’est le processus normal de l’art. Et j’ai aussi fabriqué des bijoux pour payer mes études. Un jour, j’en ai eu marre, j’ai décidé de changer de cap« .

Retournez à Marseille dans sa ville natale, et direction les plages, de Montpellier à Menton, en passant par Cassis et la Côte Bleue où l’artiste-artisan vend ses bijoux fantaisie. Il faudra attendre encore quelques mois, à l’été 69, pour que le créateur se décide à partir à Saint-Tropez. Par timidité. Et l’aventure de la route des plages commence. D’abord Les Murènes, puis le Club 55 dont il fut un habitué pendant plusieurs années, La voile rouge… La mayonnaise s’installe. André Gas connaît un grand succès. D’abord des bijoux avec des perles de bois, puis des turquoises, des imitations du bracelet Cartier, des compressions César… et bien sûr ses propres compositions. “Je fabrique à Marseille et vends à Saint-Tropez« .

Un magasin à Saint-Tropez

André Gas achète sa maison à Marseille, puis une petite boutique à St-Trop, place de la Garonne. au milieu des années 70. L’entreprise grandit mais c’est l’arrivée de ses enfants en 2001, Olivier pour la gestion et le développement de la marque et Marie pour la partie création qui dynamise Maison Gas : «Cela a changé beaucoup de choses, sans eux j’aurais pris une direction différente, peut-être plus calme, avec une équipe plus réduite. Avant, c’était un peu une auberge espagnole, Olivier a mis les choses en ordre« .

Prendre le temps de vivre

Mais l’ambiance reste familiale. L’atelier s’est agrandi, certains salariés sont partis, puis sont revenus, les enfants de certains d’entre eux y travaillent également. La magie naît des voyages, des découvertes de nouvelles matières. Et le plaisir de créer des bijoux que porteront les femmes ensoleillées. André Gas crée toujours mais prend aussi le temps de vivre. Pour découvrir votre ville, sortir, aller à des concerts et spectacles. Et s’il aime le foot, c’est plutôt «le beau jeu anglais« . Et le voici de retour dans son atelier. Comme si cette maison avait des pouvoirs telluriques pour rendre les gens heureux et encourager la création.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le rap game britannique s’invite à Mawazine 2024 – .
NEXT La Brasserie C quitte le B3 à Liège : «C’est un vrai coupe-gorge»