Alors que le nombre de postes d’enseignant vacants est de nouveau à la hausse dans le réseau scolaire, deux groupes d’élèves de quatrième secondaire d’une école des Laurentides n’ont pas de résultats en français à leur bulletin de premier cycle en raison du manque d’enseignants.
Ludivine Eono, mère d’un élève du lycée Liberté-Jeunesse, déplore la situation. Dans le bulletin scolaire de sa fille qu’elle a reçu ces derniers jours, les compétences en français ne sont « pas évaluées ». « Compte tenu de l’impossibilité d’avoir un professeur dédié à ce groupe, les élèves seront évalués aux deuxième et troisième cycles », peut-on lire.
Le bulletin scolaire d’un élève de quatrième secondaire de l’école Liberté-Jeunesse.
Capture d’écran de courtoisie
«Ça pénalise les étudiants et ça m’inquiète», affirme M.moi Éono. Le français reste une matière très importante. Ce n’est pas normal.
Au centre de services scolaire des Mille-Îles, on assure cependant que la situation est « sous contrôle ». Le départ de l’enseignante qui était en poste au début de l’année a entraîné une succession de suppléants pour une courte période d’environ deux semaines, mais une nouvelle enseignante est récemment entrée en poste, indique la conseillère en communications Mélanie Poirier.
Contrairement à ce qui est indiqué dans le bulletin, « un résultat sera affiché ultérieurement lors de la première étape », précise-t-elle.
Pas un cas isolé
Formulairemoi Eono, cependant, ce n’est pas une surprise. Sa fille n’avait pas été évaluée dans le cadre du cours Éthique et culture religieuse dans l’un de ses bulletins scolaires au secondaire et le même scénario s’est répété en arts dramatiques l’année dernière.
L’Association québécoise du personnel de gestion scolaire confirme qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé. Les élèves de troisième secondaire de la Montérégie n’ont pas été évalués en sciences, notamment au premier cycle.
« Nous avons quelques écoles où certains élèves n’auront pas de résultats au premier bulletin. Les parents concernés ont été informés de la situation», indique son président, Carl Ouellet.
Dans certains cas, il s’agit d’enseignants en congé de maladie qui n’ont pu être remplacés ou qui ont été remplacés par des personnes qui ne sont pas en mesure d’évaluer les élèves, précise M. Ouellet.
“C’est très inquiétant”, ajoute-t-il. Il va falloir trouver des solutions rapidement, mais le problème c’est que nous n’avons pas de solutions. […] Il n’y a personne.
À la Fédération québécoise des directions d’établissement d’enseignement, on n’est pas très surpris par cette situation, considérant le nombre de postes vacants en hausse dans le réseau scolaire (voir autre texte ci-dessous).
Il est cependant plus surprenant de retrouver ce type de situation dans un cours de mathématiques ou de français, puisque les efforts pour combler les postes dans les matières de base sont habituellement plus importants, indique son président, Nicolas Prévost.
Le Centre de services scolaire des Mille-Îles s’assure que les élèves ont quand même pu apprendre pendant la période où les suppléants se relayaient, grâce à la collaboration des autres professeurs de français de l’école.
La remplaçante qui a pris en charge ces deux groupes il y a un peu plus d’une semaine, n’a cependant pas son brevet d’enseignante.
Enseignement : le nombre de postes vacants repart à la hausse
Après avoir connu une baisse soutenue dans les semaines qui ont suivi la rentrée scolaire, le nombre de postes d’enseignant vacants a recommencé à augmenter au cours du dernier mois.
Le ministère de l’Éducation fait état maintenant de 1 461 postes d’enseignants à pourvoir dans les écoles publiques du Québec, soit 1,4 % du nombre total de postes, selon le plus récent bilan rendu public récemment dans le tableau de bord gouvernemental du 13 novembre.
Début octobre, il y avait en revanche 1.312 postes d’enseignant vacants (1,3%).
Il s’agit d’une augmentation qui n’a rien de surprenant, puisque le scénario se répète chaque automne : après quelques semaines, des enseignants partent en arrêt maladie ou décrochent, explique Nicolas Prévost, président de la Fédération québécoise des directions d’éducation. établissement d’enseignement.
«C’était prévisible», dit-il.
Pire chez les professionnels
La proportion de postes vacants est toutefois beaucoup plus importante dans les rangs du personnel de soutien (4,8 %) et des professionnels, comme les psychologues, les orthophonistes et les psychoéducateurs, alors que 12 % de ces emplois n’ont pas trouvé preneur. , une proportion qui est également en augmentation.
« Pour les professionnels, c’est vraiment catastrophique », estime M. Prévost, qui rappelle que la pénurie demeure « l’enjeu numéro un » pour les directions scolaires.
Le manque de personnel d’encadrement a aussi un impact sur le climat et le sentiment de sécurité à l’école, ce qui inquiète les familles, affirme Mélanie Laviolette, présidente de la Fédération des comités de parents du Québec.
« C’est là qu’on voit où il y a des manques et ça se ressent un peu plus. Nous allons parler d’une dégradation du climat en général, tant en termes d’incivilités que de comportements violents et intimidants », dit-elle.
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