Pour son premier long-métrage sorti le 13 novembre, la Jurassienne Pauline Jeanbourquin a suivi une adolescente de 17 ans dotée du don de couper le feu. Documentaire aux allures de fiction coproduit par la RTS, « Feu Feu Feu » aborde le thème des sorcières modernes et dresse le portrait d’une jeunesse désemparée.
Fraîchement diplômée, Juliette, dix-sept ans, s’apprête à partir dans un camp scout en bord de mer. Ayant hérité du don de soigner les brûlures de sa grand-mère, la jeune femme se définit comme une sorcière moderne et le communique régulièrement à ses 40 000 abonnés sur TikTok et Instagram.
Entre baignades et soirées à la plage, la jeune femme soigne les coups de soleil de ses amis, demande l’aide de l’univers pour être admise dans une école de sages-femmes, et tire des cartes pour comprendre le chemin qu’elle doit emprunter dans sa vie.
Tradition jurassienne versus réseaux sociaux
Née à Delémont il y a 29 ans, Pauline Jeanbourquin a obtenu sa licence en cinéma à l’ECAL il y a sept ans. En 2018, son film de diplôme « Crépuscule » a reçu le prix du meilleur court métrage suisse au Festival International du Film Fantastique de Neuchâtel (NIFFF). Quant à son premier long métrage, « Feu Feu Feu », il a fait sensation aux Visions du Réel en avril dernier.
Interrogée dans 12h45 le 12 novembre, la cinéaste jurassienne confiait que l’idée de suivre un jeune avec un « secret » lui trottait dans la tête depuis quelques temps : « Je suis tombée sur Juliette (ndlr : l’héroïne du film ) tout à fait par hasard sur TikTok, elle a évoqué le fait qu’elle avait le don du secret, hérité de sa grand-mère. J’ai très vite été intrigué par elle, par son visage, par sa façon de parler. secret si ouvertement.
Et Pauline Jeanbourquin précise : « Je suis jurassienne et dans le Jura, c’est une tradition qui est très ancrée. Même maintenant, je me brûle assez souvent, j’ai des entorses, donc mon premier réflexe est de garder ça secret et ça marche pour moi.
Un documentaire aux airs de fiction
« Feu Feu Feu » raconte la transmission du « secret » via une jeune fille moderne et connectée. Au-delà de son portrait, Pauline Jeanbourquin a également souhaité aborder les préoccupations d’une génération en quête de sens et confrontée à de nombreux défis. Avec sa caméra et son équipe, la réalisatrice a filmé Juliette et ses six amis, le temps d’un été, dans le but de s’immerger au plus près.
Pauline Jeanbourquin a pris le temps de filmer et n’a pas hésité à donner des indications : « Je propose toujours un point de départ et ensuite je les laisse discuter naturellement. Quand je sens que la conversation s’écarte vers quelque chose qui est moins dans le sujet, je pose une petite question de temps en temps, mais au final c’est vraiment instantané et authentique.
Pour créer ce documentaire aux allures de fiction, Pauline Jeanbourquin s’est entourée d’amis, également anciens étudiants de l’ECAL : Augustin Losserand et Yatoni Roy Cantu. Responsables des images et de la musique, ils apportent esthétique et profondeur à ce premier long métrage prometteur.
Commentaires recueillis par Julie Evard
Web adaptation: Sarah Clément
« Feu Feu Feu » de Pauline Jeanbourquin, coproduction RTS. A voir dans les cinémas francophones depuis le 13 novembre 2024.