Pendant deux semaines et poussière, Indéfendable s’affirme dans le placement des produits, qui s’infiltrent, de manière moins subtile, entre deux affaires au palais de justice.
La pendaison de crémaillère du détective privé Maxime Dubois (Mathieu Baron) et de sa colocataire avocate Kim Nolin (Julie Trépanier) s’est déroulée autour d’une boîte de pizza Salvatoré, bien rouge, bien visible. Un sac de grains de café Café Dépôt gisait sur le comptoir de la cuisine de l’appartement de Max et Kim, toujours positionné au bon angle pour la caméra.
Au bureau de Lapointe-Macdonald, c’est Café Dépôt et rien d’autre. A l’heure du déjeuner, la stagiaire Mélodie (Naïla Louidort) et sa collègue Kim ont apprécié leur repas accompagné de deux immenses tasses couleur saumon du Café Dépôt. Lorsque l’agent pénitentiaire Ouimet (Brigitte Lafleur) s’est assis avec l’avocat pénaliste André Lapointe (Michel Laperrière) dans la salle de réunion, une tasse en céramique du Café Dépôt a été placée devant elle.
Les personnages principaux deIndéfendable conduire des voitures fournies par le groupe Albi le géant. Mieux encore : une bouteille arborant le logo Albi le géant a été placée, en clair, sur Mme.e Lapointe. La semaine précédente, le nom du concessionnaire automobile populaire était apparu dans un journal enroulé.
Des flacons de Genacol, suppléments pour soulager les douleurs articulaires, proliféraient à côté de l’ordinateur dans un garage ombragé ou sur la table d’une famille arabe dont le fils était soupçonné de terrorisme. Le lien de Genacol avec l’intrigue ? Aucun.
Puis, devant le palais de justice, André Lapointe et la juge Clara Fortin (Josée Deschênes) ont ravivé leur flamme tandis qu’un taxi surmonté d’un panneau publicitaire de Vidéotron les attendait derrière eux.
À Radio-Canada, la série rivale STATUT n’accepte aucune intégration publicitaire dans ses épisodes. Il s’agit d’un choix des producteurs d’Aetios et non d’une interdiction du diffuseur.
Oui, la télévision québécoise traverse une crise et ses artisans ont du mal à la financer autrement. Le placement de produit est une option rentable pour amortir le budget d’une série quotidienne, mais cet outil marketing doit être utilisé avec parcimonie.
Les téléspectateurs remarquent quand un producteur leur propose des marques connues, qui sortent du champ gauche. Et le défilé commercial deIndéfendable a agacé plusieurs d’entre vous, moi en premier. Lorsqu’elle est subtile et organique, on tolère ce type de publicité moins invasive. Quand c’est forcé, on perd complètement le focus sur l’histoire.
Je tiens à préciser ici que c’est le placement de produit dans les programmes de fiction qui m’intéresse. En télé-réalité, les concurrents deOccupation double ou ceux de Ma mère, ton pèrequi ne cotisent pas à l’Union des Artistes (UDA), boivent volontiers une crème Zorah ou une bière Carib sans aucune retenue. C’est un buffet à volonté avec parrainage. Merci Maple3 pour ce beau voyage !
Pour un acteur, c’est très différent. L’UDA marque très précisément cette forme de publicité. Si un producteur de télévision demande à un acteur de manipuler ou de nommer un produit commercial dans une série télévisée, il doit a) obtenir l’autorisation écrite de l’acteur, b) ne pas exiger l’exclusivité et c) offrir un montant supplémentaire à l’interprète.
Cela explique pourquoi les avocats et les policiersIndéfendable ne touchez pas aux tasses du Café Dépôt, par exemple. Cela coûterait beaucoup trop cher. Et cela irait à l’encontre de l’objectif premier du placement de produit, qui sert à adoucir les coûts de fabrication d’une série.
Le compromis consiste à placer les objets publicitaires dans le décor, sans que les personnages ne les utilisent. M.e Lapointe ne s’empare jamais de la gourde du géant Albi, qui a signé, en septembre 2023, un contrat pour devenir le concessionnaire automobile exclusif deIndéfendable. Le montant de l’accord n’a toutefois pas été précisé.
Le géant d’Albi souhaitait ajouter deux véhicules en particulier à la vedette quotidienne de TVA : le Volvo XC90 de Léo Macdonald (Sébastien Delorme) et le Genesis GV80 d’André Lapointe, qui ciblent une clientèle plus aisée.
En additionnant les clichés de quelques secondes sur une plaque d’immatriculation ou sur une bouteille métallique, Albi le géant assure une visibilité qui varie entre 2 et 4 minutes par saison complète deIndéfendable. Cela ne semble pas grand-chose, mais c’est beaucoup. Parce que ce type de publicité ne peut être ignoré. C’est enduré, point final.
Et est-ce que ça marche ? L’impact du placement de produit est difficile à mesurer. « Notre positionnement en Indéfendable Cela a davantage d’effet sur la notoriété de l’entreprise», estime Cathy Laroche, vice-présidente communications, marketing et médias chez Albi le géant.
Éric Lefebvre, PDG du groupe MTY, qui exploite notamment l’enseigne Café Dépôt, fait le même constat : « Il est très difficile de mesurer l’impact d’une telle initiative à court terme, mais nous sommes heureux de la visibilité qu’elle apportera. ont donné la marque », dit-il.
Le placement de produits dans les émissions de fiction ne va pas disparaître, nous en convenons. Certes, il existe des astuces pour le rendre moins agressif et plus naturel. Un camion de livraison là par IGA qui glisse en arrière-plan, c’est plausible, c’est crédible. Une boîte de pizza adaptée à toutes les occasions est plus difficile à avaler.