Par
Nicolas Mouchel
Publié le
9 novembre 2024 à 9h00
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Segui Le Pays d’Auge
Il s’agit d’un petit bureau situé dans la maison d’Alain Le Gall à Cabourg (Calvados). Une salle différente des autres, car elle contient des décennies d’éléments évocateurs de l’histoire de Canal+ : livres, DVD, gadgets, coupures de journaux, et surtout d’innombrables photos encadrées et souvent signées des grands noms de Canal+, témoins de tout un chapitre de l’histoire du groupe réuni dans un mini-musée dédié à la chaîne cryptée, qui fête cette semaine ses quarante ans. Alain Le Gall a en effet longtemps évolué dans la grande famille Canal, aux côtés de Pierre Lescure et Alain De Greef notamment.
Au lancement de la télévision numérique…
« J’ai fait tellement de choses », sourit-il. Je suis arrivé comme chargé de mission auprès du Président Pierre Lescure le 1er mars 1994, jour où André Rousselet (NDLR, fondateur de Canal+) Gauche. Mais il n’y a pas de relation de cause à effet… (Monter) ».
A l’époque, Alain Le Gall vend la jeune société informatique qu’il vient de créer à son associé pour rejoindre la chaîne cryptée qui fête alors ses dix ans. Les Cabourgeai viennent occuper une position stratégique importante au sein de l’entreprise. « Canal voulait lancer la télévision numérique, m’a dit Lescure : je te rappellerai pour voir si on a besoin de quelqu’un comme toi. D’ailleurs il m’a rappelé entre Noël et Nouvel An : peux-tu venir demain pour le recrutement ? » Alain Le Gall a dû se vendre face à une forte concurrence, « notamment parce que c’était un projet qui n’avait rien à voir avec mes capacités ». Pourtant, c’est lui qui est l’élu.
Un de mes plus beaux souvenirs, c’est quand Lescure m’a appelé pour me dire : c’est toi. J’aurais pleuré.
« Une douzaine de cartes de visite différentes »
Ce rôle de coordinateur de projets numériques n’est que le début d’une longue aventure pour Alain Le Gall, qui assumera de nombreuses autres fonctions dans le groupe, « Je dois avoir une dizaine de cartes de visite différentes » rigole-t-il aujourd’hui en parcourant minutieusement toutes ses archives. classifié. Alain Le Gall a donc été particulièrement occupé à suivre le projet de développement du numérique, un domaine dans lequel la chaîne française était indéniablement un “précurseur” et qui l’a amenée à “jouer” à travers le Monde, “on a fait un mini tour du monde, en Europe”. , au Japon, en Chine, aux Etats-Unis pour faire la démonstration de cette technologie, les Américains ont pu découvrir pour la première fois CNN en qualité numérique », confirme-t-il. En France, le lancement de la télévision numérique a eu lieu officiellement et en grande pompe le 27 avril 1996. « À l’époque de l’arrivée de Canal, alors qu’il n’y avait que trois chaînes, c’était un événement. Mais quand le numérique est arrivé, Marc Tessier (NDLR. ancien directeur de Canal+ et président de France Télévision)il m’a dit : le numérique sera l’événement de l’événement. Il fera sa marque à la télévision.”
Parmi ses autres fonctions au sein de Canal+, Alain Le Gall a participé à la mise en place d’une autre technologie importante : le paiement à distance directement depuis le décodeur, notamment pour les courses hippiques, « une fonction tout à fait innovante pour l’époque, à l’heure où Internet était juste à la mode. son enfance. Elle s’engage également dans le développement du multi-chaînes avec la possibilité d’avoir différentes chaînes permettant de revoir les programmes.
Une fois le numérique lancé, Alain Le Gall devient directeur adjoint de CanalPro, son extension destinée aux professionnels et aux entreprises. L’un des premiers contrats a été signé avec le PMU pour permettre la diffusion numérique des courses hippiques dans les bars et les bureaux de paris. Il devient ensuite directeur général de CanalNumedia, la société qui gère les sites Internet du groupe Canal+, puis directeur des projets spéciaux et consultant auprès du comité d’hygiène et de sécurité.
L’image de Zinedine Zidane
Parmi les sites gérés par le groupe Canal, Alain Le Gall évoque notamment celui de Zinédine Zidane. Le Champion du Monde était à l’époque consultant en football pour la chaîne cryptée, « il souhaitait créer une entreprise qui puisse gérer son image. Nous nous sommes occupés de son site internet. Nous avons créé Zidane Diffusion avec ses frères et sa sœur.” Une autre personnalité, rencontrée à de nombreuses reprises, et dont Alain Le Gall ne tarit pas d’éloges, “est un être exquis, très timide…”.
Laboratoire d’idées, incubateur de talents
A l’occasion de la célébration des 40 ans de la chaîne cryptée, Alain Le Gall fait l’éloge de son ancien employeur : “le travail chez Canal était fantastique, mais il y avait des contraintes, il fallait savoir “s’adapter, être réactif”, avec face à la pression inhérente à un groupe de cette importance, « je ne suis jamais allé au Canal avec une boule au ventre. Pourtant, j’ai eu peur lors de certaines soirées de lancement devant un parterre de journalistes, d’entrepreneurs et de dirigeants de chaînes de télévision…”.
Quant au fameux « esprit du Canal », Alain Le Gall y voit avant tout « un laboratoire d’idées » qui a nourri une sorte de vivier de talents. « Ce qui m’a frappé, c’est le nombre de personnes qui ont été « créées » par Canal, observe-t-il, le nombre de personnalités qui sont passées par le canal à un moment ou à un autre : Marie Drucker, Samuel Étienne, Miss Météo, le directeur général de TF1 Rodolphe Belmer, le président général du groupe Carrefour Alexandre Bompard… Par contre, il n’y en a pas beaucoup… »
Canal était une importante école de formation de journalistes et de consultants.
« J’étais un ancien membre de l’équipe Lescure. Quand je suis parti, l’esprit était toujours là : les spectacles insolites, le langage, cette capacité à cultiver les talents… » Un regret cependant, « la fin des Guignols… ».
« Pierre Lescure : le plus remarquable »
Parmi ses plus beaux souvenirs, Alain Le Gall met en avant des personnalités décisives : Pierre Lescure, « la personne la plus extraordinaire que j’ai rencontré », Alain De Greef, « nous sommes nés le même jour, je l’adorais, c’était un visionnaire », Philippe Gildas, “un homme d’exception, un homme extraordinaire”… Et bien d’autres rencontres sur et hors plateau qui s’affichent désormais sur les murs du bureau d’Alain le Gall: Tony Parker, Jean-Claude Boutier, Eric Bayle, Omar Sy, Michel Denisot, Zinédine Zidane, Jérôme Bonaldi, Bruno Gaccio, ou des événements comme le tapis rouge de Cannes, la cérémonie des Césars… Comme autant de souvenirs d’une aventure qui a duré treize ans au sein d’une chaîne cryptée qui a marqué sa vie et l’histoire de la télévision française.
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