Par
Cyrille Roy
Publié le
8 novembre 2024 à 7h36
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Les travaux avancent bien à Miserey, près d’Évreux (Eure). La ville semble attirer de nouveaux habitants. En parcourant seulement 200 mètres le long de la route que nous empruntons, nous trouvons trois maisons en construction. “C’est juste le mien qui n’avance pas”, plaisante-t-il Silvano. Il signe un contrat avec Maison France Design (MFD) en octobre 2022 pour le projet de sa vie : une maison pour sa famille qui, aujourd’hui, ne ressemble qu’à un tas de parpaings.
Préavis de collecte de fonds et artisans non rémunérés
En mars 2024, Sylvain a été le premier à nous contacter pour nous alerter du cas du constructeur de maisons Ebroïcian et des manœuvres de son président et de son associé. UN quinze familles ceux qui ont signé avec le MFD s’estiment largement fraudés, comme nous l’avons indiqué dans Vos informations le 26 mars. Tout le monde avait confiance en cette entreprise basée au centre d’Évreux et qui a depuis été expulsée de ses locaux pour non-paiement du loyer.
Sonia a par exemple signé un contrat en novembre 2021. Alors que le démarrage des travaux était prévu pour l’été 2022, les premières demandes d’avances de fonds ont été demandées, pour un montant de 65 000 euros (fondations et murs). En raison des vacances, le chantier a été reporté à la rentrée scolaire puis terminé tardivement, en attendant l’expert. Les travaux démarrent effectivement en janvier 2023 mais ralentissent très vite. La propriétaire voit trois maçons différents travailler tour à tour sur son chantier. Non rémunéréils se sont juste arrêtés. Puis le propriétaire a souffert une pression pour déverrouiller, encore, avancer des fonds jusqu’à 38 000 €. « Il n’y avait pas de murs, mais on nous a demandé de payer la structure immédiatement », se souvient Sonia. En cas de doute, demandez la preuve que la commande a bien été passée. Le directeur général estime donc qu’il n’est pas obligé de le fournir. Finalement le cadre n’arrivera pas : MFD a accumulé des retards de paiement pour plusieurs cadres constructeurs. A ce jour, Sonia a déboursé 120 000 euros pour une maison qui en est encore à ses balbutiements.
Peines civiles
Lucie a vécu peu ou prou la même mésaventure. Elle a alloué 130 000 euros (sur 155 000 euros) à un projet démarré en octobre 2022 et abandonné à partir de juillet 2023. pression et manipulation souffert pour avancer cet argent. Les deux gérants de MFD confient à leurs clients des délais qui, visiblement, finissent par ne pas être respectés. Les excuses sont nombreuses et s’appuient sur une certaine vérité : la pénurie de matériaux après le Covid, la flambée des prix liée à la guerre en Ukraine…
Depuis que l’histoire est apparue dans nos colonnes en mars 2024, la situation a évolué. Maison France Design, le président et le directeur général ont été condamnés au civil pour les premières demandes de fonds.
L’assureur bâtiment CGI devrait prendre en charge tous les projets de CCMI (contrat de construction de maisons individuelles). Une dizaine de familles sont concernées. «Mais nous n’avons aucune nouvelle de CGI», précise Sylvain. Des logements auraient été trouvés pour certains chantiers de construction, mais de nombreuses constructions qui n’ont que du plan d’eau et de la maçonnerie restent abandonnées.
En juin, ils ont mandaté un expert pour faire le point sur tous les sites. Rien n’est encore fait en novembre. Nous sommes dans le noir.
« Des yeux pour pleurer »
Entre le loyer et le crédit qu’il paye pour une maison qui n’existe pas, Sylvain paie près de 2 000 euros par mois. Une somme à laquelle s’ajoutent les différentes dépenses liées à ce dossier : avocat, huissiers… “Nous sommes étranglés financièrement”, résume-t-il.
Les victimes sont nombreuses (dans l’Eure mais aussi dans les Yvelines), les pertes aussi. Certains clients n’étaient même pas assurés au moment de la signature du contrat et n’ont aujourd’hui « que des yeux pour pleurer ». La situation est également psychologiquement difficile pour les clients blessés. Il en résulte une dépression et des problèmes de santé.
Cagnotte en ligne
Alors que l’enquête se poursuit et devrait durer un certain temps, les victimes font de nombreuses apparitions médiatiques, tant dans la presse locale que dans les programmes de télévision nationale. Une manière de créer un collectif et d’éviter que les autres ne tombent dans le piège. Car même si la réputation de MFD semble entachée, l’entreprise n’est pas encore en liquidation. Ce que les anciens clients ne comprennent pas. “Ils ont encore le temps d’arnaquer beaucoup de monde”, préviennent-ils.
Le collectif a lancé une collecte de fonds sur la plateforme Leetchi (Tous ensemble contre le MFD 2024) pour les aider à payer leurs frais de justice. Les victimes vont également former une association, détournant le sigle MFD pour le transformer en Foyers pour Familles en Difficulté…
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