Maya Rochat floods Photo Élysée with thrills

Art immersif

Maya Rochat floods Photo Élysée with thrills

La Lausannoise ne recule pas devant sa fierté d’être exposée chez elle ni la joie d’entraîner tout le monde dans ses histoires d’eau.

Publié aujourd’hui à 10h03

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Bref:
  • Photo Élysée in Lausanne presents an installation by Maya Rochat.
  • Lausannoise explore l’eau dans une œuvre immersive et monumentale.
  • L’artiste utilise des couleurs vives et des projections dans son exposition.

Elle voulait quelque chose de « beau » ! Fidèle à sa conscience : « l’art inutile » « l’ennuie ». Et si fier d’être exposé, chez nous, à Photo Élysée Lausanne après la Tate Modern de Londres en 2018, Bilbao, Singapour, Milan, Puerto Allegre, Zurich et une rétrospective très courue en 2023 à la Maison Européenne de la Photographie à Paris.

Quand nous la rencontrons, le ton confidentiel, l’esprit complice, Maya Rochat sait comment rendre les choses si claires. Mais elle les expose, mystérieusement, dans des paysages chromatiques qui échappent à la mesure du temps ou de la géographie pour apparaître librement. La vie qui vient, s’en va, se métamorphose. Les désirs qui se font se défont. A chaque fois, nous sommes captifs ! Magnétisé. Et, cette fois, totalement immergée dans ces histoires d’eau qu’elle raconte tout au long de « Water Is Coming », installation monumentale d’images filmées en surface comme en profondeur. L’univers est total. Tous publics. Généreux. Infini. Surprenant… Et c’est ainsi qu’on tire le meilleur parti du travail du Lausannois.

Ce jour-là, il faut avoir l’oeil, la plasticienne ne fait plus qu’un avec son œuvre. Caméléon autant que plasticienne maîtrisant tous les fronts – de la création à la diffusion de son art – elle porte une robe de sa ligne de vêtements. On la retrouve assise par terre, occupée aux derniers détails de cette première exposition muséale lausannoise. Devant elle, une boîte de couleurs du bricolage du mercredi après-midi. Elle applique des mini connexions, si infimes comparées au gigantisme de l’ensemble. On voit Maya Rochat… dans sa Chapelle Sixtine !

Le rapprochement la fait sourire mais la trentenaire ne se risque pas à commenter, tout l’espace réservé à son art en dit assez sur son désir de beauté. Comme son engagement à bousculer les esprits jusqu’à faire oublier le monde extérieur. Bien sûr… une fois immergés, de nombreux visiteurs ne voudront plus quitter les eaux de Maya Rochat. Devons-nous parier ?

Si le temps de l'exposition est celui de la contemplation, les coussins placés au centre de l'espace invitent à l'éprouver pleinement.

L’approche se fait par une sorte de sas, la réalité s’éloigne, la subjectivité prend le dessus tandis que sur les murs, les couleurs sont déjà libres. Vivants, ils s’attirent. Sauvages, ils se répriment. Cosmiques, ils diluent les références. Bienvenue dans l’espace sensoriel de Maya Rochat !

Six projections magistrales lui donnent vie, du tapis de sol au papier peint, de l’ensemble de coussins – appel à la contemplation – aux œuvres sur écrans lumineux, le tout s’assemble, se pare de méandres de couleurs. Ou non! Le noir-blanc s’invite également dans la célébration visuelle pour évoquer l’eau, sa part de mystère. Ses zones grises. Un élément qui n’a rien de naturel pour l’enfant des bois qu’elle était. Maya Rochat rit. Avant de glisser : « J’ai peur de l’eau, j’ai dû trouver des astuces pour plonger et prendre des images avec mon casque Teletubbies. Tellement moche. On rigole encore, c’est une double peine. Sans virer au masochisme…

Du lac Léman aux îles Vierges

En l’envoyant sur les chemins de l’eau – en écho à l’exposition MCBA « Thalassa ! » Thalassa ! L’imaginaire de la mer » – Photo La carte blanche de l’Élysée lui a ouvert d’autres chakras. Des énergies obsédantes et purificatrices, de l’eau en mouvement à sa complicité esthétique avec la lumière. De ses vibrations exaltantes à ses humeurs plus sombres. Rien n’est réprimé mais il n’y a pas de place pour l’hostilité dans l’art de Maya Rochat.

Maya Rochat devant l'œuvre exposée pendant un an au Nabi, le restaurant du Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne.

Elle a filmé les fonds du Léman, ceux des Îles Vierges, ça s’est passé comme ça, sans vouloir les comparer. Le jeu d’optique est ailleurs, ponctué de défis. Pistes floues. Des effets mêlant réalité et artifice. Qu’on se le dise, l’artiste fan de signes fais-le a également trouvé son compte dans leurs rayons décoration. Avant de passer des heures et des heures à sa table de montage pour trouver les rythmes narratifs, générer des rimes visuelles et orchestrer des harmonies concordantes. Elle reprend, ce sont plutôt « des nuits et des nuits » de travail, l’obscurité aidant à mieux percevoir la dynamique. Car c’est la vie qui circule d’un écran à l’autre, fulgurante.

Et c’est bien une esthétique puissante qui imprègne ces images plus photographiques que d’habitude. Le plasticien assume, ravi. Puis elle se tait, visiblement émue et sous le coup du spectacle de la beauté. Personne ne veut quitter « Water Is Coming »…

Lausanne, Photo Élysée, jusqu’au 23 février, fermé le mardi, les autres jours (10h-18h), le jeudi (10h-20h). elysée.ch

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Florence Millioud a rejoint la section culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert la politique et l’économie locales depuis 1994. Historienne de l’art, elle collabore à la rédaction de catalogues d’expositions et d’ouvrages monographiques sur les artistes.Plus d’informations

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