Confusion dans le monde de la K-pop. Deux jours après avoir annoncé son retour au sein du groupe RIIZE, une idole a été contrainte de faire machine arrière face à la colère des fans qui ne supportaient pas de voir remonter à la surface des photos datant de plusieurs années. On le voit embrasser une jeune femme et fumer une cigarette.
Au pays des idoles immaculées, peuvent-ils avoir une seconde chance ? La réponse est évidemment non pour les milliers de fans du groupe RIIZE, qui ont réussi à évincer l’un des chanteurs du boys band qui devra désormais se produire en groupe de 6. Seunghanâgé de 21 ans, a annoncé le week-end dernier qu’il quitterait son groupe après une polémique qui l’avait déjà contraint à se retirer de toutes activités officielles depuis plusieurs mois. Depuis, les réseaux sociaux sont en feu, notamment X (anciennement Twitter) où des millions de publications sont partagées, entre ceux qui se réjouissent du sort de la jeune star et ceux qui la défendent. Il faut dire qu’à y regarder de plus près, la punition semble bien cruelle à l’égard du garçon.
Le scandale a éclaté lorsque, quelques semaines après les débuts officiels du groupe en septembre 2023, des photos privées datant de plusieurs années ont refait surface en ligne. On y voit l’homme qui n’était pas encore une célébrité embrasser une jeune fille (dont on ne connaît pas l’âge) dans un hôtel. Sur une autre image, il est photographié avec une cigarette aux lèvres. Une légère controverse, comparée aux nombreuses affaires judiciaires plus graves qui ont déjà impliqué des stars du divertissement en Corée du Sud. Pas d’agression sexuelle ni d’extorsion d’argent ici. Pourtant, il n’a fallu que ces quelques photos pour provoquer la colère de milliers de fans en Corée du Sud.
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En réponse, l’agence qui produit le groupe, SM Entertainment, a obligé le jeune homme à se reposer. Mais en fin de semaine dernière, son grand retour a enfin été annoncé, réjouissant ceux qui militent pour qu’il puisse enfin reprendre ses activités. Cependant, deux jours plus tard, SM Entertainment est finalement revenu sur cette décision, expliquant que Seunghan lui-même avait préféré se retirer. Dans une lettre manuscrite, ce dernier écrit : « Je me demande profondément si je pense trop à moi ces derniers temps, si je fais trop de peine aux membres de mon groupe et à l’agence, et si c’est vraiment bien pour moi d’être une partie de cette équipe RIIZE qui devrait être aimée. Chaque fois que j’y pense, je me sens désolé et plein de regrets. “C’est pourquoi j’ai décidé de me retirer de l’équipe, c’est mieux pour tout le monde.” Il poursuit en déclarant qu’il ne veut pas « causer davantage de dégâts ».
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Une tournure des événements inattendue même si l’un des membres du groupe, Wonbin, avait publié un long message adressé aux fans sur l’application Weverse (BRISES) pour défendre le retour de son camarade : « Je suis inquiet mais je pense que cela créerait encore plus de confusion si vous n’obtenez pas de réaction de la part des membres, alors je vais vous résumer ce dont nous avons parlé […] Je veux que vous sachiez que nous y avons tous pensé encore et encore ensemble. Un post supprimé depuis, tout comme le nom de Seunghan sur la page officielle du groupe.
Des idoles sous pression
Pour expliquer ce départ, il faut regarder la réaction de nombreux admirateurs du groupe en Corée du Sud. A l’annonce de son retour, des milliers d’entre eux se sont mobilisés pour partager leur mécontentement, envoyant des dizaines de compositions florales funéraires devant les locaux de SM Entertainment. Plusieurs images publiées en ligne montrent ces rangées de fleurs, souvent utilisées dans le pays par les fans des groupes de K-pop pour faire pression sur leurs agences.
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Sur Twitter, une page se présentant comme le groupe organisateur de ces envois funéraires écrivait lundi 14 octobre : « L’objectif de la protestation a été atteint et comme il s’agit d’une zone à forte population, nous envisageons de retirer les couronnes très rapidement. » Toujours selon ce récit, la commande de 60 couronnes aurait coûté environ 1.800 euros. Si les instigateurs de ces manifestations se félicitent d’avoir réussi leur mission, les fans qui ont soutenu l’artiste ne cachent pas leur colère. Certains soulignent que cette annonce a été faite alors que les six membres actifs de RIIZE se trouvaient à l’étranger, loin de Seunghan. D’autres remettent directement en cause le rôle joué par l’agence SM dans cette affaire.
Sur Twitter, le hashtag « SM Supports Bullying » a été partagé des millions de fois. Beaucoup reprochent également à l’industrie musicale sud-coréenne de laisser, selon eux, les fans locaux dicter leur loi au profit de la santé mentale des idoles et d’oublier la majorité silencieuse face à la minorité bruyante.
Et c’est là que cette histoire prend une nouvelle tournure. Avec l’expansion internationale de la K-pop, de nouveaux admirateurs du monde entier ont découvert un univers qui les fait rêver, mais aussi une culture différente, où les stars ont l’obligation d’être parfaites et de garder leur vie privée secrète, en étant toujours reconnaissantes envers elles. le soutien (et l’argent dépensé) des fans. Chaque rumeur relationnelle, chaque image d’une idole fumant une cigarette, chaque vêtement porté, est espionné. Ainsi, en avril 2024, Karina, chanteuse du groupe Aespaa dû annoncer sa rupture avec son petit ami de quelques semaines, l’acteur Lee Jae-wook qu’elle a rencontré à la Fashion Week de Milan. Accusée d’être une “leader irresponsable au sein de son groupe de quatre jeunes femmes”, Karina s’est excusée et a promis à ses fans “de devenir plus matures et plus travailleurs”. Dans ce contexte, certains rappellent les nombreuses tragédies qui ont marqué l’histoire de l’industrie musicale coréenne, qui à chaque fois avaient pourtant relancé le débat sur la santé mentale des idoles.
Les fans divisés
Et Seunghan n’est pas la première star à être évincée d’un groupe en Corée du Sud, le fossé entre les fans locaux et internationaux est plus fort que jamais. « Ce qui est arrivé à Seunghan et au groupe est désastreux et il est regrettable de voir que SM et les artistes en général continuent de donner la priorité aux souhaits des fans coréens. Ce qui me fait dire que rien n’a changé depuis 2007 avec l’histoire d’Henry Lau”, écrit un internaute sur Twitter dans un message vu plus de 2,1 millions de fois. Egalement membre de SM Entertainment, Henry Lau, virtuose du violon qui se produit désormais en solo, a fait ses débuts au sein du groupe Super Junior-M, sous-unité du groupe star Super Junior. Les fans, persuadés que l’agence allait le faire débuter dans le boys band principal, ont lancé une campagne contre lui, poussant SM à le mettre sur la touche.
Ces derniers jours, les fans se répondaient en ligne avec des messages parfois violents. “Quelqu’un les a mis dans un asile psychiatrique”, a écrit un internaute à propos de ceux qui appelaient à l’exclusion des Seunghan. “Les idoles n’ont pas le droit de tomber amoureuses, espèce d’étranger stupide.” Si vous voulez être amoureux, ne devenez pas célèbre », répond un autre, en chinois. Depuis l’éviction du jeune chanteur, ses partisans ont envoyé des camions devant les locaux de SM avec des messages en anglais appelant à son retour. « SM, arrêtez d’espérer avoir un impact international si vous n’écoutez pas les fans étrangers », « Les fans étrangers dépensent aussi de l’argent », « Vous n’écoutez pas notre opinion mais vous voulez notre argent. SM, écoutez les fans internationaux», peut-on notamment lire. Une pétition intitulée « Nous voulons qu’il revienne » a également été ouverte et avait recueilli mardi plus de 220 000 signatures.
Certains auraient pensé qu’en exportant à l’échelle mondiale, la pression autour des stars de la K-pop aurait diminué, portée par des soutiens internationaux toujours habitués à voir leurs stars préférées vivre librement (et parfois faire scandale). Mais alors que la K-pop tente tant bien que mal de se débarrasser de l’image négative qui lui colle à la peau, donnée par des médias occidentaux parfois condescendants, cette nouvelle polémique risque d’alimenter une nouvelle fois les débats.
