de « Godzilla » à « Gamera », des films japonais au succès fulgurant

de « Godzilla » à « Gamera », des films japonais au succès fulgurant
de « Godzilla » à « Gamera », des films japonais au succès fulgurant

La Maison de la culture du Japon à Paris célèbre les films de monstres japonais à travers une exposition et une série de projections. Entretien avec Fabien Mauro, spécialiste de ce genre cinématographique qui a conquis la planète.

« Godzilla » (1954), d’Ishirō Honda. Dès le premier épisode de la saga, la créature destructrice incarne les craintes de la société japonaise. Photo Toho Co., LTD

By Jérémie Couston

Publié le 1 octobre 2024 à 14h57

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1954. Godzilla surgit des profondeurs du Pacifique pour poser ses grosses pattes sur le Japon et l’histoire du cinéma. Durant les décennies qui suivirent, les studios japonais et hollywoodiens rivalisèrent de créativité pour entretenir le mythe et façonner un genre, le mouette propre, ce qui aura un impact durable sur la culture populaire des deux pays. Fabien Mauro, auteur de deux ouvrages sur le sujet (Ishiro Honda. Humanisme monstre, éd. Rouge profond, 2018 et Kaiju, envahisseurs et apocalypse, éd. Aardvark, 2020), analyse cet âge d’or de la science-fiction japonaise.

Dans quel contexte sont nés les films ? Kaiju ?
Dans les années 1950, les films de monstres étaient très populaires, notamment aux États-Unis avec Le monstre des temps perdus (1953), un prototypeGodzilla dans lequel un dinosaure se réveille de la calotte polaire arctique à la suite d’un essai nucléaire. En même temps, Roi Kong (1933) sort en salles au Japon et le studio Tōhō charge l’un de ses réalisateurs, Ishirō Honda, de tourner un film à succès dont la sortie est prévue le 3 novembre 1954. Godzilla est donc destiné à être un film commercial qui embrasse la sensibilité anti-guerre de Honda : le dinosaure a muté après une exposition aux radiations. Ce fut un succès : neuf millions de spectateurs. Une suite sort quelques mois plus tard, la saga est lancée.

La dimension cathartique était-elle essentielle ?
Au-delà du spectre d’Hiroshima, Godzilla et ses suites font le point sur la pensée japonaise de l’époque : comment se reconstruire ? Le Japon devrait-il continuer à expier ses péchés impérialistes ? L’aspect militaire est important : le 1est Juillet 1954 marque la date d’activation des Forces d’autodéfense japonaises, une armée qui ne peut pas attaquer mais peut défendre le pays. Nous voyons cette armée à l’œuvre dans le Kaiju, essayant vaillamment de contrecarrer les créatures invincibles. Dans les années 1960, le pays a connu un boom économique sans précédent et la culture du capitalisme est arrivée ; Nous vivons à une époque de prospérité et de consommation de masse, Godzilla incarne un danger passé dans sa première version et se transforme peu à peu en un bon gars qui combattra d’autres ennemis, extraterrestres ou internes, comme la pollution.

Le « Godzilla » de Roland Emmerich est presque le « Godzilla » de Jacques Chirac !

Le mouette a a-t-elle connu un ou plusieurs âges d’or ?
Le premier cycle de Godzilla s’est terminée en 1975, faute de spectateurs. La concurrence viendra de la télévision, qui attirera le jeune public loin du cinéma. La saga redémarre en 1984 avec Le retour de Godzilla. Cette deuxième époque poursuivra les techniques traditionnelles (modèles, costumes), tout en introduisant des effets spéciaux numériques et optiques. En 1998, le Godzilla de Roland Emmerich est la première relecture américaine du genre. Un film qui déresponsabilise les Américains sur la question de la bombe atomique, puisque ce sont les essais nucléaires français qui ont provoqué la mutation d’un iguane… C’est presque le Godzilla par Jacques Chirac !

« Gamera : Gardien de l'Univers » (1995), le Shūsuke Kaneko.

« Gamera : Gardien de l'Univers » (1995), le Shūsuke Kaneko.

« Gamera : Gardien de l’Univers » (1995), le Shūsuke Kaneko. Photo Société Kadokawa

Quels films recommandez-vous ?
Examinez d’abord l’original de 1954 pour en savoir plus sur l’année zéro de Godzilla. Puis la trilogie caméra, réalisé entre 1995 et 1999, une réussite totale car il ressuscite un personnage secondaire (une tortue géante) et propose les meilleures scènes de Kaiju avec des dizaines de créatures sublimes, mêlées à une réflexion sur la spiritualité et la mythologie. Enfin, Shin Godzilla (2016), qui reste pour moi le chef d’oeuvre de toute la licence, inspiré de la catastrophe de Fukushima.

« Kaiju, les titans du cinéma japonais », conférence de Fabien Mauro, le 5 octobre, 17h, entrée gratuite sur réservation.
« Kaiju, une histoire monstrueuse du cinéma japonais, 1954-2024 », cycle de films et exposition d’affiches, du 4 octobre au 9 novembre, 3-6 € le film.
At the Maison de la culture du Japon in Paris, 101 bis, quai Jacques-Chirac, Paris 15e.

 
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