South Gironde – CYCLING — — Tribute from Gérard Descoubès to Pierre Nardi

South Gironde – CYCLING — — Tribute from Gérard Descoubès to Pierre Nardi
South Gironde – CYCLING — — Tribute from Gérard Descoubès to Pierre Nardi

Publié le 3 janvier 2025 dans Divers

Hommage à Pierre Nardi

Pierre, le patriarche de la dynastie Nardi, est décédé au seuil de cette nouvelle année.

Évoquer Pierre Nardi, c’est s’infiltrer dans les couloirs de notre mémoire, retrouver le brillant parcours d’un coursier d’un autre temps. Avec le départ de Pierrot, ce sont un peu nos rêves de jeunesse, les traces d’une époque pas si lointaine mais révolue qui disparaissent. Comme beaucoup d’hommes de l’époque, il ne comptait que sur lui-même, ce qui en faisait un individualiste notoire dans les pelotons cyclistes. Il aimait dire : « Je n’ai jamais sorti une pièce de monnaie de la poche de quelqu’un, mais ce n’était certainement pas acceptable que quelqu’un vienne en chercher une dans la mienne ». Force est de constater qu’il ne doit ses nombreux succès qu’à lui-même, il a toujours avoué n’avoir jamais fait de cadeau à un coureur mais qu’il n’en a jamais attendu ni obtenu de qui que ce soit. Ce destrier pur-sang au pédalage puissant et soutenu (ses contemporains R. Gibanel, R.Mastrotto, R.Cazala et P.Beuffeuil disaient de lui : « quand Pierrot prenait la tête il pouvait vous faire tomber des roues comme on rit », avec son tempérament de gagnant ne lui permettait pas d’imaginer une course en équipe, il courait pour lui-même, ce qui explique en partie son bref passage chez les pros qui lui a laissé le souvenir d’un coureur aux gros moyens, un seul individualisme légendaire isolé dans les courses. Il avait débuté en 1948, raccroché fin 1959, dès 1951 montrait ses premiers résultats 2e au Labrit battu seulement par André Darrigade, 3e du Tour de l’Orne (1er J.Bobet), il s’éclatait en 1952 avec 16 victoires dont la 4ème étape du Tour du Sud Ouest (Pro), en 1953, dans le Grand Prix du Midi-Libre (280 km pro course) où il s’impose devant toute l’élite le consacre comme coureur international. Suite à cette victoire monumentale, la firme Tendil dont l’équipe l’oblige à passer pro le 21 juin, dès l’année suivante en 1954 il est reclassé parmi les aspirants pros. (une catégorie inférieure des bâtards), en 1955 il participe à Paris-Tours et Paris-Bruxelles, grandes classiques de l’époque, 1956 le voit s’imposer dans les belles courses professionnelles comme les Boucles du Bas Limousin, le Tour de Corrèze, des épreuves qui dépassent les 250 km, mais ses plus belles victoires restent la 2ème étape (Marseille-Avignon), dans le Tour des provinces du Sud Est (l’équivalent du Dauphiné-Libéré) et le Tour du Béarn-Aragon devant le futur vainqueur de la Vuelta Antonio Suarez, dès 1957 (bien qu’il ait participé à Paris-Nice) il terminera sa carrière en roue libre. Pour le plaisir, il passe une licence en 1967 où il se classe 7ème à Illats, course remportée par un jeune Claude Magni aux dents longues. Au cours de sa carrière il est licencié dans les clubs de : CABèglais 1948 à 1950, CCBordelais 1951 à 1953 et VCBarsacais 1954 à 1959 + 1967. Il honore les couleurs de : Elfique 1949 à 1950, La Perle 1951, Tendil 1952 à 1953, Mercier. BP 1954 à 1955, Thoman Alcyon la Française 1956 à 1958 et Peugeot BP en 1959. Il est né le 27 mars 1930 à Saint Jean de Duras (47), il vient de décéder le 30 décembre 2024 à Barsac,

Cher Pierre, toi qui nous accompagnais si souvent dans nos sorties à vélo, aujourd’hui après ton départ, nos âmes sont soudain devenues tristes, une longue absence commence.

Au revoir Monsieur Nardi.

Gérard Descoubès

Voici les péripéties provoquées par Pierrot pour remporter le grand prix du Midi-Libre 1953 :

« Contacté par la direction de Tendil cycles pour participer au Grand Prix de la course internationale pro Midi-Libre, il a juste eu le temps de sauter dans le dernier train en direction de Carcassonne, point de départ de l’épreuve. Arrivé dans la ville des remparts, selon les conseils de son mentor Armand Poupard (dit Poupiche), il regagne aussitôt sa chambre d’hôtel pour se remettre de la fatigue du voyage. Il s’est tellement endormi qu’il a raté le meeting d’avant-course qui répartissait les rôles de chacun. Quand son directeur sportif (le Père Bernardoni) le voit enfin, c’est pour l’entendre dire « tu passeras ton vélo ou tes roues aux dirigeants ». Pierrot, qui ne s’est jamais penché sur les « us et coutumes » d’un groupe professionnel, répond aussitôt « passe mes roues ? Jamais ! et mon vélo encore moins ! « . Cela a fait froid dans le dos, le grand patron lui a alors demandé « qu’est-ce que tu es venu faire ici » ? Candide jusqu’au bout », répond-il : gagner, bien sûr ! Sinon je serais resté à Bordeaux. Le patron manque de s’étouffer, puis s’exclame « un inconnu se lance dans une course de 280 milles avec cinq passages au programme, sans compter toutes les autres bosses, le voilà qui revendique le rôle de leader ». Le patron, hors de lui, décide aussitôt « Tendil c’est fini pour toi, tu es viré, ta moto rentrera directement à l’usine après la course ». A partir de ce moment, notre pauvre Pierrot se retrouve en difficulté, car son train n’est plus remboursé, il n’a plus droit à des tuyaux de rechange et encore moins au ravitaillement. En dernier recours, il a réussi à se procurer un nouveau tuyau et à remplir ses poches de nourriture. Sur la ligne de départ, A.Deledda, champion de en titre, lui demande : « Hé, jeune homme, combien de jours compte-tu faire ton Midi-Libre ? Vu la nourriture que vous prenez, vous devez être absent depuis longtemps !!! » Après avoir expliqué à Deledda ce qui lui arrivait, le Père Adolphe, qui était un type bien, lui dit « si tu as besoin de quoi que ce soit pendant la course, tu viens me voir, on s’arrangera ». La course a commencé, les trois premiers cols ont été terribles pour notre région, il avoue que s’il n’avait pas eu peur de décevoir le champion de France en personne, il aurait abandonné, il est resté en queue de peloton pendant 200 km. Arrivé dans les derniers 80 km se sentant mieux, il commença à penser à faire une des nombreuses primes qui ponctuaient le trajet pour pouvoir se rembourser le train. A 20 km du but, Pierrot aperçoit au sommet d’une colline très raide, un drapeau rouge qui annonce une prime de 100 000 f, ne pensant qu’à payer son train, il émerge, arrache la prime et se jette à corps perdu dans la descente, prend 1’30″ et va décrocher avec une trentaine de secondes d’avance la plus belle victoire de sa carrière, créant la plus belle surprise de la saison cycliste. Derrière suivent S.Bianchi, J.Dupont, A.Darrigade, E. Muller (champion du monde en titre), après avoir été débauché le matin, il a été promptement réembauché le soir, par le patron de Tendil. Pour mémoire, Pierrot a remporté ce Midi-Libre au plateau ovale, réalisé de toutes pièces par son mentor le célèbre « Poupiche ». »

NB : Ses obsèques auront lieu le mardi 7 janvier à 10h30 en l’église de Barsac (33)

 
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