des nouvelles de la Girondine Lilou Aigon, qui fait du vélo de Katmandou à Lacanau

UNu mois d’octobre, Lilou Aigon, 22 ans, s’est lancée dans un périple à vélo de Katmandou à Lacanau. Un voyage d’aventures et de rencontres qui devrait durer entre six mois et un an. La danse et la découverte des cultures sont au cœur de son parcours. Plus de deux mois après son départ, elle nous donne de ses nouvelles.

Dans quel pays êtes-vous et combien de kilomètres avez-vous parcouru depuis votre départ ?

Je suis à Kochi, dans le sud-ouest de l’Inde, pour fêter les fêtes de fin d’année. L’idée était de profiter du climat tropical, sous les palmiers, au bord de la mer d’Oman, et de revenir à l’été. Depuis mon départ de Katmandou le 20 octobre, j’ai parcouru plus de 2 000 km, traversant les routes chaotiques et montagneuses du Népal pour atteindre l’Everest, frontière quasi invisible entre le Népal et l’Inde, et des lieux fascinants comme Varanasi, véritable Disneyland de l’hindouisme, ou le majestueux Taj Mahal.

Comment se passe votre quotidien ? Avez-vous un bon accueil de la part des populations ?

Il se découpe en trois étapes : je fais du vélo, je m’arrête quelques jours dans les villes pour explorer, comprendre et rencontrer des gens, ou je me réfugie dans un café pour préparer mes itinéraires et rechercher les cultures locales. Les journées sont longues, souvent entre 100 et 140 km, mais les routes ici en Inde sont plates et lisses, un vrai régal après les montagnes du Népal !

Rencontrer les locaux est magique. Je suis toujours surprise par la gentillesse des gens qui me sourient, m’encouragent et m’offrent souvent du thé. C’est un véritable échange. Côté repas, je découvre chaque jour de nouveaux plats, souvent dans des petits restaurants où je ne comprends pas toujours ce que je commande, mais c’est aussi ça la beauté du voyage. Pour dormir, j’alterne entre hôtels abordables, auberges de jeunesse ou chez l’habitant via des plateformes comme Couchsurfing. J’avoue que trouver un endroit pour camper en Inde est plus compliqué qu’au Népal, mais la liberté de pouvoir dormir chez l’habitant ou dans des endroits inattendus compense largement. C’est une aventure où tout se met en place au gré des rencontres et des opportunités. C’est fascinant de voir comment les choses s’ordonnent quand on accepte d’être totalement libre.


Lilou : « Chaque kilomètre parcouru m’aide à mieux me connaître, à tester mes limites physiques et mentales. »

L.A.

La situation géopolitique est actuellement complexe. La sécurité vous préoccupe-t-elle ?

Jusqu’à présent, je n’ai pas vraiment été inquiet. Les pays traversés sont généralement sûrs, même pour une femme voyageant seule. Cependant, rejoindre la depuis l’Asie est un véritable défi logistique, et les échanges avec d’autres voyageurs à vélo, notamment sur les groupes Whatsapp, m’aident à m’y retrouver. Ma prochaine étape me mènera au Pakistan, puis en Chine. La frontière entre ces deux pays étant fermée l’hiver à cause de l’altitude (4 600 m), je n’y serai pas avant mars ou avril. Au Pakistan, une escorte policière est requise à certaines heures, mais cela semble plus une formalité qu’une réelle nécessité, tant l’accueil des Pakistanais est chaleureux. Ensuite je traverserai le Kirghizistan, l’Ouzbékistan, le Kazakhstan, la Russie, la Géorgie, la Turquie, puis enfin l’Europe. Les problèmes de sécurité concernent principalement les visas, qui peuvent être compliqués à obtenir, notamment dans les pays du pourtour de la mer Caspienne.

« Ce que je ressens au quotidien, c’est une grande liberté, mais aussi une belle humilité face aux réalités des autres »

Comment vivez-vous ce voyage ? Qu’est-ce que ça vous apporte ?

-

C’est une école de vie. Chaque kilomètre parcouru m’aide à mieux me connaître, à tester mes limites physiques et mentales. Le défi est constant. C’est aussi une immersion dans de nouvelles cultures. Mon vélo et moi avons encore quelques secrets à découvrir, mais nous apprenons à nous apprivoiser petit à petit. J’aime ce rythme : un mélange de lenteur, d’échanges authentiques et de curiosité. Il y a une forme de créativité dans ce voyage, avec des projets vidéos en préparation, comme des portraits inspirants ou des découvertes de danses traditionnelles.

Ce que je ressens au quotidien, c’est une grande liberté, mais aussi une belle humilité face aux réalités des autres. Les différentes cultures que je vis m’ouvrent l’esprit : les saveurs, les odeurs, la manière de saluer, d’exprimer l’amour, tout cela m’enrichit. Je prends également du recul sur ma propre culture, mes certitudes, et j’ai des discussions approfondies avec les locaux sur des sujets comme l’argent, les opportunités professionnelles, la facilité ou la difficulté de voyager. J’ai l’impression de me transformer à chaque étape.


Lilou devant le Taj Mahal esquisse un pas de danse.

L.A.

Avez-vous une histoire mémorable qui illustre ce que vous vivez ?

Dans l’est du Népal, à Shivalaya, après plusieurs semaines de vélo, j’avais appris que les routes népalaises étaient imprévisibles. Cette fois, plutôt que de me fier à Google Maps, j’ai demandé mon chemin aux habitants. On m’a proposé un itinéraire à travers Shivalaya, réputée pour sa beauté. Le départ était magnifique, en suivant une rivière dans une vallée étroite. Mais rapidement, la route s’est transformée en un véritable défi : des pentes raides, des cailloux et des trous partout, et Google Maps m’indiquait encore 40 km à parcourir. La nuit tombait et je commençais à désespérer. Puis un bus est arrivé. Je lui ai fait signe d’arrêter.

A bord, c’était la folie : mon vélo et moi étions coincés dans l’allée centrale, secoués de toutes parts, mais tout le monde riait. Et puis, deux adolescents sont venus me dire « bonjour » en anglais. Ils avaient cherché sur Internet comment me saluer dans ma langue ! Ce fut le début d’une rencontre incroyable. Ils m’ont invité à passer la nuit chez eux, mais je suis resté là cinq jours, car c’était la fête nationale, Thiar, et leur mère a insisté pour que je la célèbre avec eux. J’ai vécu une semaine exceptionnelle : danse, repas partagés, discussions avec le village… Je n’oublierai jamais. Aujourd’hui, nous sommes toujours en contact, et j’ai même eu la chance de les revoir à Katmandou. Ce genre de moments rend ce voyage inoubliable.


Les voyages permettent de belles rencontres avec les populations locales.

L.A.

Retrouvez également Lilou sur Instagram (@liliworld.a.velo), Facebook (Lilou Aigon) ou YouTube (Liliworld).

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

-

PREV Cyclo-cross. Vélo. X2O Trophy – Mathieu van der Poel forfait pour Kokside, pas de duel avec WVA
NEXT Vélo. Anciennement du Sco Dijon, Jérémy Cabot officialise la fin de sa carrière