Si les « villes » ou les « quartiers » font l’objet d’un discours omniprésent depuis plus de quatre décennies en France, discours politique, journalistique ou scientifique, il n’est pas sûr que l’on sache vraiment de quoi on parle ni que la réalité sociale de ces territoires sont si bien connus. C’est sans doute le contraire qui est vrai, la plupart de ces discours dissimulant une connaissance rigoureuse des conditions de vie des habitants de ces quartiers, de leurs expériences et de leurs trajectoires, de leurs manières de vivre. être et penser, ou encore l’intégration des quartiers populaires dans la structure sociale française.
Quartiers sensibles ou prioritaires, « territoires perdus de la République » ou simplement « quartiers », ghettos urbains ou quartiers populaires en déclin en sociologie, les catégories pour les désigner semblent elles aussi flotter. Il faut donc commencer par un travail de déconstruction des représentations qui entourent ces territoires pour espérer en comprendre quelque chose, travail que le sociologue Pierre Gilbert aborde avec rigueur et brio dans son ouvrage « Quartiers populaires. Défaire le mythe du ghetto » (publié par Amsterdam). Un ouvrage essentiel, dans lequel il propose une relecture systématique et critique des travaux sociologiques consacrés aux quartiers populaires en France depuis au moins un demi-siècle.
Enregistrement et montage : Aurélien Thome.