Le rédacteur en chef de la revue qui l’a publié en mars 2020 évoque des problèmes liés à la méthodologie et à « l’éthique de la publication ». Cette étude, qui visait à démontrer l’efficacité de l’hydroxychloroquine contre le Covid, a été largement critiquée par la communauté scientifique.
Publié le 17/12/2024 13:21
- de lecture : 2min
Un gros revers pour Didier Raoult. Après plus de quatre ans de polémique, l’étude fondatrice de l’IHU de Marseille sur l’utilisation de l’hydroxychloroquine contre le Covid-19, signée notamment par le professeur Didier Raoult, a été officiellement invalidée, a annoncé mardi 17 décembre le rédacteur en chef de la revue qui a publié en mars 2020. « Des inquiétudes ont été soulevées » lié au respect de « éthique de la publication » du rédacteur en chef du magazine, à «la conduite appropriée de la recherche impliquant des participants humains, ainsi que les préoccupations soulevées par trois des auteurs concernant la méthodologie et les conclusions »a expliqué Elsevier, l’éditeur de la revue scientifique Revue internationale des agents antimicrobiensdans une longue note justifiant cette rétractation.
L’article, signé par 18 auteurs, notamment Philippe Gautret, alors professeur à l’IHU, et Didier Raoult, entendait démontrer l’efficacité de l’hydroxychloroquine, associée à un antibiotique (l’azithromycine) contre le Covid-19. Si cette publication avait nourri l’espoir d’un traitement, elle a rapidement été pointée du doigt par d’autres scientifiques et spécialistes de l’éthique pour de potentielles erreurs, voire des manipulations, ce qui a ensuite été prouvé par les enquêtes des autorités sanitaires et de certains médias. .
Des études scientifiques ont démontré par la suite l’inefficacité de l’hydroxychloroquine contre le Covid, dont l’utilisation a parfois été associée à des effets indésirables graves, notamment cardiovasculaires. Elsevier, qui a fait appel aux services d’un « expert impartial agissant à titre de conseiller indépendant en matière d’éthique de l’édition »a exposé en détail son enquête approfondie sur l’article, et ses conclusions accablantes sur le non-respect des règles ainsi que sur la manipulation ou l’interprétation des résultats. L’éditeur affirme également que les auteurs n’ont pas argumenté de manière convaincante pour leur défense. Sa rétractation officielle de l’étude invalide les résultats.
L’étude Gautret était «la pierre angulaire d’un scandale mondial » et sa rétractation “constitue une reconnaissance tardive mais essentielle des dérives scientifiques qui ont conduit à la mise en danger des patients”, s’est félicitée dans un communiqué la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), présidée par le professeur Mathieu Molimard. La SFPT a également appelé à une remise en question plus large des travaux menés sous la direction du professeur Didier Raoult, notamment sur l’hydroxychloroquine.