L’ancien président de la Cour suprême de Monaco Didier Linotte annonce qu’il portera plainte devant les tribunaux internationaux pour défendre son œuvre

L’ancien président de la Cour suprême de Monaco Didier Linotte annonce qu’il portera plainte devant les tribunaux internationaux pour défendre son œuvre
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“J.Je me prépare à porter l’affaire devant les tribunaux internationaux. Didier Linotte, l’ancien président de la Cour de cassation de Monaco, l’a annoncé sans détour : il s’exprimera “un rapport au Greco”l’organisme anti-corruption du Conseil de l’Europe, « à la Commission de Venise »qui est en quelque sorte le garant de la démocratie au sein de l’Union européenne, « et aux cours constitutionnelles mondiales », l’alter ego étranger de la juridiction monégasque qu’il a présidée pendant 11 ans. Car aujourd’hui, la Cour suprême est pointée du doigt, soupçonnée de partialité dans l’une de ses décisions. “Jamais vu”selon Didier Linotte.

Le 14 mars, jour de l’anniversaire du Prince, l’État monégasque a annoncé, dans un simple communiqué, qu’il était venu “s’interroger sur les conditions dans lesquelles” la Cour suprême l’a condamné, en juin 2020, à verser une indemnisation de 136 millions d’euros à la SAM Caroli Immo, après l’abandon d’un projet d’habitation et de musée d’archéologie sous-marine sur l’Esplanade des Pêcheurs.

Rapport contre les tactiques dilatoires ?

L’Etat, qui a toujours refusé d’exécuter la sentence, aurait donc des doutes sur l’impartialité de cette haute juridiction, au point de juger utile de saisir la justice pénale en se constituant partie civile dans une procédure engagée, à partir de mai 2023, par le parquet de Monaco.

Une enquête pour trafic d’influence visant le présumé « G4 » entre Claude Palmero, ancien administrateur des biens de la Couronne, Thierry Lacoste, ancien avocat et ami du prince, Laurent Anselmi, haut fonctionnaire, et donc Didier Linotte.

De son côté, le groupe Caroli, qui réclame toujours le paiement de l’indemnité fixée par la Cour suprême après avoir abandonné l’idée d’un accord à l’amiable, s’est récemment tourné vers la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).

La demande du promoteur ayant été jugée recevable, la procédure engagée par le gouvernement princier le 14 mars est perçue par certains comme une manœuvre dilatoire qui ne saurait avoir d’autre but que de retarder un procès devant la Cour européenne de Strasbourg.

“Je ne suis pas un homme d’affaires”

Si tel était le but, l’annonce aura pour l’instant surtout poussé Didier Linotte à solliciter un soutien international. Même si “unanimité”assure-t-il, des huit magistrats qui ont dû se pencher sur le cas de l’Esplanade des Pêcheurs soutiennent que leur décision “collégial” était, tout simplement, “conformément à la loi”C’est “en nom propre” que l’ancien juge suprême de Monaco saisira les instances internationales.

«J’ai l’intention de faire un rapportil annonce, aux institutions et organisations nationales et internationales qui protègent les Juridictions assurant l’État de droit contre les tentatives de déstabilisation ou de contournement de la Justice, qu’elles émanent notamment de l’Exécutif ou de groupes d’intérêts privés occultes, relayés par l’une ou l’autre Source.

Ce “rapport” ça ne vaut pas une plainte. Didier Linotte est d’accord, même « si ces institutions internationales, notamment le Greco, ont les moyens de mener des enquêtes ».

Son intervention pourrait également être “rejoint” dans le dossier déposé devant la CEDH par le groupe Caroli. Bref, la contre-attaque est lancée. Présenté comme l’un des membres de ce « G4 » qui aurait mis la Principauté sous son contrôle, l’ancien juge suprême n’entend pas laisser son intégrité être remise en cause. “Je ne suis pas un homme d’affaires”insiste cet ancien haut fonctionnaire qui a fait l’essentiel de sa carrière dans le secteur public.

Affaires privées et position publique

Même s’il a également eu des affaires privées, comme avocat ou comme bénéficiaire économique d’une société de conseil en Suisse, comme nous le révélions dans notre édition du 30 mars. Didier Linotte rappelle que cela ne lui était pas interdit, bien au contraire : « le système en vigueur jusqu’en 2017, puis depuis la fin de mes fonctions, tel qu’il avait été initialement souhaité par les Princes depuis Albert Ier en 1911, puis confirmé par les Princes Rainier et Albert, à condition que le Président de la Cour Suprême ne fasse que bénéficier d’une rémunération accessoire en tant qu’indépendant et devrait donc exercer une autre activité principale.

A l’entendre, c’est sûr aussi “[sa] proposition” que « le Prince Souverain a accepté, avec le soutien du Directeur des Services Judiciaires, que le Président de la Cour Suprême soit normalement rémunéré, à condition bien entendu qu’il n’exerce plus aucune autre activité et se consacre donc entièrement à sa fonction devenue au fil du temps une mission à plein temps C’est ce qui a été fait à partir du 1er janvier 2018 et je me suis alors concentré sur mon seul métier de magistrat à la seule exception du volontariat et des activités académiques. “

Quant à son entreprise en Suisse, Devacco SA ? Elle est née suite à une intervention de Didier Linotte sur un projet (avorté) de clinique privée en Principauté, porté par celui qui deviendra son associé à Genève. « Tous deux étaient indépendants » et n’avait pas “rien à voir”, assure Didier Linotte. Il souligne que cette société créée en 2013 a été liquidée « à partir du 22 septembre 2015 » et que son activité, comme les autres qu’il a pu exercer, était cohérente « avec des règles juridiques, éthiques et déontologiques et, en tout état de cause, sans aucun lien avec la compétence de la Cour Suprême de Monaco ».

Dates de l’affaire

octobre 2021

Un site Internet baptisé « Les Dossiers du Rocher » voit le jour et révèle des dizaines d’échanges de mails piratés principalement sur la messagerie de Thierry Lacoste, ami d’enfance et avocat du Prince. Concernant des projets presque entièrement immobiliers, ces communications entre l’administrateur des biens de la Couronne et la famille princière, Claude Palmero ; Thierry Lacoste ; le haut fonctionnaire spécialisé en droit, Laurent Anselmi ; et le président de la Cour suprême, Didier Linotte, tendent à démontrer que ce « G4 » a profité de la confiance du Prince pour nourrir ses propres intérêts financiers dans la réalisation de projets publics.

17 octobre 2021

L’avocate pénaliste Marie-Alix Canu-Bernard porte plainte contre X à Monaco, au nom du « G4 », pour violation du secret des correspondances et du secret professionnel et recel de ces informations. Plainte pour débusquer le corbeau derrière les Dossiers du Rocher et dans laquelle le Prince Albert II se constituera partie civile.

28 octobre 2021

Prince Albert II « condamne avec la plus grande énergie cette campagne diffamatoire » Dans Monaco-Matin.

10 décembre 2021

Pendant que le « G4 » fait courir le bruit que le promoteur immobilier monégasque Patrice Pastor est le corbeau, le Prince nomme Laurent Anselmi à la tête de son Cabinet, qu’il renouvelle intégralement alors que le « G4 » le considérait comme « pastorisé ».

Mai 2023 : le virage

Après une dénonciation médiatique de Patrice Pastor contre le « G4 », le parquet de Monaco a réagi et a décidé d’ouvrir une enquête pour trafic d’influence. Déjà irrité par les commentaires de son entourage dans l’émission Complément d’enquête le 11 mai, le Prince apprend l’existence de cette enquête et des faits troublants. Il coupe les ponts avec le « G4 », puis limoge Claude Palmero.

12 juillet 2023

Le Souverain annonce à Figaro avoir « a effectué un audit [au Palais] avec un cabinet neutre, pour faire la lumière sur cette histoire.

13 juillet 2023

Patrice Pastor porte plainte à Monaco pour trafic d’influence, via sa SCI Esperanza, contre le « G4 ». Le Prince va se porter partie civile en sa faveur.

17 juillet 2023

Des perquisitions sont menées à Monaco, Paris et Nice au domicile des membres du « G4 ».

18 septembre 2023

Le prince Albert II et ses deux sœurs ont porté plainte pénalement contre Claude Palmero pour vol et abus de confiance.

4 octobre 2023

L’avocat de Claude Palmero, Me Pierre-Olivier Sur, dénonce dans Monaco-Matin un système de corruption dont son client serait victime.

11 janvier 2024

Claude Palmero saisit la CEDH « pour dénoncer les violations de la Constitution monégasque ainsi que des normes d’indépendance et d’impartialité de la justice exigées par le Conseil de l’Europe » dans le cadre de son licenciement.

 
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