Dans les crèches, c’est déjà « la chasse aux téléviseurs »

Dans les crèches, c’est déjà « la chasse aux téléviseurs »
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« Les écrans sont totalement interdits, que ce soit dans les crèches ou chez les assistantes maternelles. » Corinne Krausse, présidente de Camalyon (association des assistantes maternelles de ) n’a pas tardé à balayer du revers de la main le projet de loi déposé en début de semaine par deux députés LR. Le texte vise à encadrer l’utilisation des écrans (téléphones, tablettes et téléviseurs) par les enfants de moins de 3 ans dans les crèches et par les assistantes maternelles à domicile.

Annie Genevard et Antoine Vermorel-Marques souhaitent que cette interdiction des écrans devienne un « critère d’agrément » pour les professionnels de la petite enfance, assurant que la surexposition aux écrans entraîne de graves retards de développement chez les jeunes enfants. Le député du Doubs évoque notamment une « diminution de la motricité et perturbation des repères » ainsi que des « retards de langage ».

“L’enfant doit s’ennuyer pour créer”

« Nous avons déjà dépassé le stade de la sensibilisation, ajoute le président de l’association lancée en 2016, cette proposition ne tient pas la route. Certaines de nos assistantes maternelles partent même à la chasse aux téléviseurs ! »

Même constat dans plusieurs crèches d’Ile-de-, qui préfèrent rester discrètes. « Il n’y a aucun écran dans les crèches, il n’y en a jamais eu. Les activités se concentrent davantage sur le jeu libre et la motricité. L’objectif est que l’enfant découvre par lui-même son environnement », assure-t-on dans une structure du sud de Paris.

« Mon métier est de parler à l’enfant, de l’éveiller, de lui faire découvrir des choses par lui-même et de stimuler son imagination. Les écrans gâchent tout ça. L’enfant doit s’ennuyer pour créer”, ajoute Corinne Krausse. Et pour cela, le président évoque le travail « par le jeu et les activités libres ». « Prendre un objet du quotidien et l’introduire dans l’environnement de l’enfant peut être un très bon exercice ! »

Le président de Camalyon rappelle également que « chaque année, le secteur de la petite enfance est extrêmement contrôlé par la PMI (protection maternelle et infantile) et le RPE (relais petite enfance) ». Dès les formations dans le secteur de la petite enfance, ou lors du renouvellement des agréments, « les deux organismes sensibilisent aux risques et revoient la profession ».

« Soutien à la parentalité »

D’ailleurs, à Lyon, la nourrice et son collectif ont mis en place des ateliers d’échanges entre professionnels, auxquels les parents peuvent participer. Le but ? « Informez-les et montrez-leur comment ils peuvent occuper leurs enfants, sans écrans. »

« Avec cette loi, les politiques espèrent peut-être que les professionnels sensibiliseront les parents au sujet des écrans. Il n’en reste pas moins que l’accompagnement parental fait déjà partie intégrante de notre métier et ce depuis des années. Notre rôle est d’alerter, de guider et d’orienter les parents », poursuit Corinne Krausse, qui travaille auprès des enfants depuis vingt-cinq ans.

« Après le Covid-19, j’ai vu de nombreux enfants développer un retard de motricité et d’appréhension du corps. Des carences sûrement proportionnelles au temps qu’ils ont passé devant les écrans durant cette période », constate-t-elle toutefois. Le président de l’association est cependant loin de jeter la pierre aux parents qui, pour les plus jeunes souvent, « mettent plus facilement leurs enfants devant les écrans, et ont tendance à banaliser les risques, à cause de ce qu’ils ont eux-mêmes. pareil, grandi avec la technologie.

À cela s’ajoute l’emploi du temps chargé des parents, parfois seuls, où chaque seconde compte. « L’épuisement parental est tel que parfois quelques minutes de dessins animés peuvent faire baisser la pression. »

 
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