LLe choc causé par la disparition de Nicolas Florian, l’ancien maire de Bordeaux, âgé de 55 ans, renvoie le jeu politique local et ses concours à dériver. Les parents, les amis politiques ou les adversaires sont stupéfaits par sa mort ce dimanche à l’hôpital universitaire de Pellegrin de Bordeaux. Il a été admis vendredi à la suite d’un accident vasculaire cérébral qui l’a dévasté. La nouvelle est d’autant plus brutale parce que mercredi dernier, il a lancé la campagne pour les élections municipales de 2026. 400 personnes se sont rassemblées pour écouter son discours.
Quelques jours plus tôt, comme il était habitué avant ses grands combats, il a rencontré Nicolas Sarkozy à Paris. Ce juppeiste, fidèle au point de sacrifice, avait su comment nouer des amitiés disparates se libérant des considérations stables. Parce qu’il était en même temps l’ami d’Édouard Phillippe, et très proche de Valérie Pécreste.
Il parle familièrement au «patron»
Nicolas Florian était un produit pur de la droite gironde. Il a donné cette anecdote comme un résumé de sa personnalité: «À la faculté de droit, j’ai rejoint le jeune RPR, parce que j’ai toujours été un gaulliste. Et puis les réunions ont eu lieu à Los Dos Hermanos (Mythical Spanish Bar on Cours Victor-Hugo). Après la politique, nous avons suivi les matchs! «. Il a quitté la faculté après avoir obtenu une maîtrise en droit des affaires et s’est retrouvé dans la politique.
Jacques Vallade, ancien ministre et premier député de Jacques Chaban-Delmas à Bordeaux, détecte son profil. Nicolas Florian devient assistant parlementaire. Il a été élu pour la première fois en 1995 à Villenave-D’ornon, aux côtés de Patrick Pujol, son «père en politique», le maire de la ville: il était assis là en tant que conseiller municipal alors adjoint. Dans les années qui ont suivi, il s’est assis dans tous les types d’autorités locales: ville, métropole, département ou région…
Dans son rôle de secrétaire général de LR dans Gironde (2002-2018), il a croisé Alain Juppé, son «mentor». Ils se rapprochent du point qu’il ira au Pipebreaker pour le «patron», qu’il est l’un des rares à parler à des termes familiers.
Quelques semaines avant les élections législatives de 2012, Alain Juppé a renoncé à courir contre le socialiste Michèle Delaunay qui l’avait battu cinq ans plus tôt. Nicolas Florian le remplace à court terme. Il est logiquement vaincu. Deux ans plus tard, il a rejoint l’ancienne liste du Premier ministre pour la mairie de Bordeaux et est devenu adjoint financier. Un mandat marqué par la démission surprise d’Alain Juppé nommé au Conseil constitutionnel. Et la rivalité silencieuse alors bruyante de Nicolas Florian avec Virginie Calmels, finaliste désignée. Une confrontation épique que Nicolas Florian finit par gagner. Il a emménagé sur la chaise du maire en 2019.
-Gestion covide
Un tacticien, il a ensuite dit «Sud Ouest»: «Je ne serai pas un maire intérimaire». Parce qu’un autre rival se dresse sur son chemin, le macroniste Thomas Cazenave. La division du centre et de la droite ouvre un boulevard à l’écologiste Pierre Hurmic qui, en 2020, inclinait la ville après soixante-dix ans de gouvernance centrale-droite. Nicolas Florian sort meurtri et voit beaucoup de ses anciens amis se détourner de lui. Il se tourne ensuite vers ce qu’il détient le plus cher, sa femme et son fils. En attendant, l’histoire se souviendra qu’il était le maire qui a dû gérer la crise covide. Une action unanimement accueillie.
Mercredi dernier, devant ses partisans, il a expliqué à quel point cette défaite l’avait construit. Nous devons reconnaître une certaine entêtement en lui. Alors qu’il aurait été démonétisé, perdu dans le désert, il est revenu en selle et s’est aligné pour les élections régionales de 2021. LR est dans les limbes, il n’est pas à son meilleur. À la fin d’une campagne qui ressemblait à une cure de jouvence, il a marqué un honorable 12% au niveau régional et ses scores à Bordeaux ont ramené une lueur d’espoir à droite.
Quelques mois plus tard, un sondage l’a présenté comme le candidat le mieux à même de remplacer Pierre Hurmic. Il a donc lancé une campagne électorale tranquille. Conscients que les «mêmes causes produisent les mêmes effets», il a scellé un pacte de l’union du centre et le droit en tant que condition préalable. Les choses étaient là, quand Destiny a frappé.
Communiqué
Dans un communiqué de presse envoyé à «Sud Ouest», Hélène, l’épouse de Nicolas Florian, et Antoine, leur fils, ont exprimé leur «immense douleur». «Il est décédé à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux. La famille tient à remercier le personnel infirmier de l’hôpital pour son soutien et son professionnalisme. “