LLes jurés de la cour d’assises de l’Hérault n’ont pas hésité à prononcer la perpétuité contre la mère d’Amandine et vingt ans de prison contre son beau-père. Car le calvaire enduré depuis sa petite enfance par l’adolescente morte de privation et de violences dans une véritable prison domestique près de Béziers dépasse l’imagination. Mère dérangée et tyrannique, père absent, beau-père soumis et complice, fratrie terrorisée : dans ce cadre familial inhumain, l’enfant battu, humilié, enfermé et malnutri, retiré du monde scolaire grâce au confinement du printemps 2020, a disparu en août de la même année. Elle avait treize ans et ne pesait que 28 kilos.
A la veille des années 80e Anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, l’affaire révèle la barbarie ordinaire qui sévit dans les recoins de la société. Et on se demande comment elle a pu échapper aux radars de la protection de l’enfance dans la France du XXIe siècle.e siècle où la prévention de la violence domestique, qui tue un bébé ou un jeune tous les cinq jours, devrait être une priorité absolue. Ce fait divers est d’autant plus révoltant que la petite fille était en CP au moment du premier signalement, suivi d’un autre deux ans plus tard. Alertés, les services sociaux ont été malmenés par les manipulations d’une mère contre nature qui a attendu la fin du procès pour avouer les faits. Quant à la passivité du quartier au plus fort des violences contre Amandine, elle a empêché le déclenchement de l’alerte salvatrice.
Le calvaire de l’adolescent est d’autant plus révoltant que des signaux d’alarme avaient été lancés
Le cadre de protection de l’enfance et d’assistance sociale existe. Mais sa mise en œuvre concrète nécessite à la fois des ressources humaines et financières – on sait qu’il y en a un manque – et une volonté politique pour que le fonctionnement des outils s’améliore. Par exemple en mieux connecter les écoles, la justice, les services sociaux, afin de recouper les informations et intervenir à temps.
-La peine exemplaire décidée par les jurés montpelliérains incite à redonner une politique d’ensemble à la profession. Mais enfance maltraitée, c’est aussi harcèlement scolaire, cyber-violences, sans parler de pauvreté, qui menacent l’avenir d’une partie des jeunes. Se souvenir du calvaire d’Amandine devrait aussi conduire les citoyens ordinaires à ne pas fermer les yeux et ignorer les plaintes de ces enfants martyrisés. Pour leur utilisation, rappelons qu’il existe depuis 35 ans dans ce pays un numéro de téléphone gratuit pour les enfants en danger. Composez simplement le 119.
France