Amoureux du débat et du pluralisme, « JFK » professait un « centrisme révolutionnaire », concept qui signifiait le refus des journalistes de s’enchaîner intellectuellement au système de gauche ou à celui de droite. À l’heure où les différentes tribus idéologiques semblent vouloir se regrouper dans des bulles serrées, et où toute exposition à un point de vue différent est perçue comme une offense terrible, cultivez la curiosité intellectuelle et l’envie de débats éclairs qui ont caractérisé « Marianne » depuis sa création en 1997 nous semble être la meilleure façon d’honorer la mémoire de Jean-François Kahn.
C’est une question à laquelle tous les journalistes Marianne eu droit un jour. Les plus fidèles de nos lecteurs y ont peut-être aussi été confrontés : ainsi, Marianneen gros, c’est à gauche ou à droite ? Question épineuse. Bien sûr, notre aversion pour le néolibéralisme, notre tendance à défendre les petits contre les grands et notre républicanisme inscrit au fer bleu, blanc et rouge auraient tendance à nous placer du côté des les gaucherscomme disent les Anglais.
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Mais certains diront à juste titre qu’il y a quelque chose à rechercher de l’autre côté : un patriotisme français assumé, une méfiance de l’époque qui peut confiner au conservatisme, une aversion pour les leçons de morale et des indignations exagérées. qui composent le quotidien du progressisme du millésime 2025.
« Centrisme révolutionnaire »
Où est la réponse ? S’il existe des repères, c’est auprès de Jean-François Kahn, fondateur de Mariannedont nous déplorons la disparition ce mercredi 22 janvier. Premier enseignement : « JFK » professait un « centrisme révolutionnaire » : concept nébuleux, nullement comparable à un macronisme avant l’heure, mais qui signifiait le refus des membres de la rédaction de s’enchaîner intellectuellement au système de la gauche ou à celui de le droit. Être républicain, c’est fonder ses opinions sur la raison : il apparaît donc impensable, presque révoltant, de s’imaginer commissaire politique adoptant en bloc et par réflexe la grille de lecture d’un camp.
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-Deuxième enseignement : l’amour du débat et du pluralisme. Jean-François Kahn l’a répété – la maxime s’est transmise au fil des générations jusqu’à Marianne : un bon canard doit consacrer au moins un quart de son contenu à choquer ses propres lecteurs. Deux membres de la rédaction sont en désaccord sur un sujet ? Pas de meilleure nouvelle, puisque leur dispute pourrait alimenter une polémique dans les pages du journal de la semaine. Parce que Marianne C’est une agora, pas une caserne, il n’y a pas deux journalistes qui pensent la même chose sur tous les sujets.
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A l’heure où les différentes tribus idéologiques ne cherchent qu’à se rassembler dans des bulles serrées, à l’heure où s’exposer à la moindre opinion divergente est considéré comme une attaque odieuse, faisant vivre la curiosité intellectuelle et le goût de l’affrontement éclairé qui caractérise Marianne depuis sa fondation en 1997 nous semble la meilleure façon d’honorer la mémoire de Jean-François Kahn.