Pourquoi ces airbags sont-ils dangereux ?
Dans les années 2000, le japonais Takata a commencé à utiliser un nouvel agent chimique dans ses airbags, le nitrate d’ammonium. Moins cher, mais sensible à l’humidité, il se dégrade dans des conditions climatiques extrêmes et peut provoquer des projections dangereuses.
Selon l’Agence américaine de sécurité routière (NHTSA), 28 morts et au moins 400 blessés ont été jusqu’à présent officiellement imputés aux Etats-Unis à ces airbags défectueux. Dans un reportage diffusé jeudi soir sur France 2, un jeune homme du sud de la France raconte comment il a reçu « un morceau de métal de la taille d’une balle de golf » à l’épaule.
Quelles sont les marques concernées ?
Presque tout. Les groupes Honda, Toyota, Volkswagen, Stellantis, Nissan, Tesla, Ford, BMW ou Ferrari ont rappelé des véhicules par dizaines de millions pour changer leurs airbags.
Au 3 mai 2024, 45,6 millions d’airbags avaient été remplacés aux Etats-Unis, soit 69 % des véhicules concernés, et 6 millions (9 %) restaient à remplacer, les autres n’étant plus en circulation.
Pourquoi réagir si tard ?
Takata, qui a depuis fait faillite, est accusé d’avoir longtemps tenté de cacher le problème. Dans le reportage diffusé jeudi sur France 2, d’anciens ingénieurs d’Autoliv, concurrent de Takata, affirment que le groupe japonais ne pouvait ignorer la dangerosité du nitrate d’ammonium.
Honda, premier client de l’équipementier (18 millions d’airbags concernés), a lancé un rappel en 2008, mais il a fallu attendre 2014 pour que l’affaire éclate lorsque la NHTSA se saisit du dossier, après une série d’accidents.
Selon Stellantis (qui possède notamment la marque Citroën), Takata avait assuré qu’il n’y avait « aucun problème » sur les airbags produits en Europe. Le constructeur explique avoir lancé une surveillance des airbags avec des tests et annoncé une première campagne de rappel aux Antilles en 2019.
Pourquoi Citroën est-il au cœur du scandale ?
Stellantis a été l’un des seuls constructeurs (avec Ford et Mazda aux Etats-Unis) à lancer un « stop drive » en mai 2024, après plusieurs accidents graves : il a demandé aux propriétaires de ses très populaires Citroën C3 et DS 3 dans le sud de L’Europe ne doit plus conduire tant que les véhicules ne sont pas réparés, par mesure de précaution. Il a déjà fait réparer 400 000 véhicules dans ce cadre.
-Mardi, Stellantis a lancé une deuxième campagne concernant toute l’Europe – plus de 869 000 véhicules dont 400 000 en France – mais sans « stop drive », jugeant le risque « considérablement plus faible que dans la région Sud ».
Pourquoi les territoires d’outre-mer sont-ils concernés ?
En France, 29 accidents liés à ces airbags ont été recensés, provoquant 11 morts en outre-mer et un en métropole, selon le ministère des Transports. L’agent chimique présent dans les airbags est très nocif dans les climats chauds et humides.
Volkswagen a également lancé en janvier 2025 une campagne « Stop Drive » à l’étranger après le décès d’un automobiliste. Ces mesures étaient indispensables car le rythme des réparations observé en outre-mer avec de simples campagnes de rappel “n’était pas suffisant”, a souligné le ministère des Transports.
Et la justice ?
L’autorité française qui contrôle la conformité des véhicules (SSMVM) a demandé en décembre 2024 aux constructeurs de fournir une liste exhaustive des véhicules concernés.
“La justice a mis du temps à comprendre l’ampleur” du dossier
Une information judiciaire a été ouverte en 2024 en Guadeloupe et en Guyane pour « homicide involontaire ». L’avocat Charles-Henri Coppet, qui représente six familles de défunts, demande l’établissement d’une instruction unique sur le dossier. “La justice a mis du temps à comprendre l’ampleur” du dossier, dit-il à l’AFP. « Les constructeurs ont-ils choisi d’équiper leurs véhicules en connaissance de cause ? »»