“C’est le hasard qui m’a amené aux spectacles pour enfants”

Dorothée est restée comme elle a toujours été, une femme réservée et humble. Difficile d’imaginer le rôle qu’elle a joué auprès de plusieurs générations d’enfants avec ses spectacles et ses chansons. On peut s’en souvenir avec cette émission « Merci Dorothée ! » que TF1 lui consacre ce vendredi 24 janvier à 21h10. Pour « Sud Ouest », l’animatrice et chanteuse culte est revenue sur son parcours.

Votre carrière télévisuelle a débuté dans les années 1970 sur l’ORTF. Pourquoi avez-vous toujours été intéressé par les enfants et les jeunes ?

Au départ, c’est le hasard qui m’a amené à ces spectacles. Jacqueline Joubert et Christophe Izard ont pensé à moi pour cette première émission de télévision française destinée aux jeunes. J’ai débuté à l’ORTF avec « Les Dimanches de la jeunesse » en 1973 puis « Les Visiteurs du mercredi » en 1975.


L’animatrice et chanteuse Dorothée lors du tournage d’une émission télévisée à Toulon le 25 juin 1988.

AFP

Et c’est dans vos émissions que les sitcoms et les mangas animés sont apparus pour la première fois…

C’est Jean-Luc Azoulay qui a décidé de créer ces aventures entre jeunes. C’était une bonne idée, à mon avis, puisque tout le l’a repris par la suite. Et les animes étaient en « Récré A2 », avec « Goldorak » et « Candy ».

Le grand public ignore que vous avez travaillé très tôt pour le cinéma, et avec des réalisateurs et acteurs prestigieux. Pourquoi n’as-tu pas continué ?

En effet, j’ai tourné « L’amour en fuite » de François Truffaut, avec Jean-Pierre Léaud, puis « Têtes ou visages » de Robert Enrico, avec Michel Serrault et Philippe Noiret. Nous avons d’ailleurs tourné ce dernier entièrement à Bordeaux. Je me souviens qu’il faisait un temps glacial. Il y avait aussi « La Gueule de l’autre » de Pierre Tchernia. Si je n’ai pas continué, c’est à cause des circonstances : Michel Audiard avait une idée pour moi mais il est mort avant d’avoir fini le scénario, et François Truffaut avait encore pensé à moi pour un film avec Jeanne Moreau mais il est aussi mort avant.


Dorothée entre Michel Serrault et Philippe Noiret dans le film « Têtes ou visages » réalisé par Robert Enrico, sorti en 1980.

Visite

Et la musique, les chansons sont venues très vite. Qu’est-ce qui vous a inspiré à chanter ?

C’est aussi le hasard. Tout est parti d’une idée, d’un défi. Nous avons commencé par faire une sorte de comédie musicale, « Au pays des chansons ». Et nous sommes entrés dans le jeu.


Le Club Dorothée with Patrick Simpson-Jones, Corbier and Jacky surrounding Dorothée in the 1990s.

Electron Libre Productions

Des spectacles cultes, des dizaines d’albums, des centaines de concerts. Les jeunes d’aujourd’hui ne savent pas ce que vous représentez pour des millions de Français ?

Certains le savent parce que leurs parents ou grands-parents leur font écouter les chansons. Les enseignants les enseignent à leurs élèves. C’est sympa.

Dorothée et Jacky sur scène à Agen (Lot-et-Garonne) dans les années 1990.


Dorothée et Jacky sur scène à Agen (Lot-et-Garonne) dans les années 1990.

Archives SO

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Que retenez-vous de ces contacts avec le public lors de vos concerts ?

Toujours une grande émotion. Nous n’avons jamais cessé de nous contacter. Je reçois chaque jour une quantité folle de lettres, dont certaines me touchent beaucoup.

Il y a aujourd’hui une vague de nostalgie à la télévision, avec le retour d’émissions ou de jeux cultes comme « The Bigdil », « The Wheel of Fortune » ou « The Right Price ». Comment l’expliquez-vous ?

C’est un peu comme la mode, on revient très souvent à des vêtements créés il y a longtemps, comme un retour aux années 70. Nous avons plus récemment vu des anime comme « Nicky Larson » revenir sous forme de film, « Cat’s Eyes » en série. Je pense que c’est une très bonne chose.

À la fin des années 1990, vous avez agacé beaucoup de gens, qui enviaient probablement votre longévité et vous traitaient même de démodé. Comment avez-vous réagi à cela ?

Tu sais, quand ce qu’on fait marche bien, tout le monde n’aime pas ça, c’est normal. Ce n’est pas grave, ils ont dû changer d’avis depuis.

Dorothée à La Rochelle avec Corbier, Jacky et Ariane dans les années 1990.


Dorothée à La Rochelle avec Corbier, Jacky et Ariane dans les années 1990.

Dominique Jullian

Est-ce que tu regardes la télé aujourd’hui ?

Oui bien sûr. Je regarde un peu de tout, notamment des séries et des documentaires historiques. J’aime aussi les émissions d’actualité, même si je trouve ça bizarre – je ne suis pas le seul, ça me rassure (rires) ! Récemment, j’ai beaucoup aimé « Le Monde Magique de Jérôme Commandeur ». Il est fort, très fort. Il a une répartie incroyable.

Il n’y a plus de spectacles comme le vôtre…

Les spectacles pour enfants se sont terminés avec nous. Il n’y a plus les contacts humains que nous avions avant. Nous étions unis, comme une petite famille pour tout le monde. Ce sont de petits détails mais ils sont importants.

Dorothée dans l'émission qui lui est consacrée sur TF1 et animée par Nikos Aliagas.


Dorothée dans l’émission qui lui est consacrée sur TF1 et animée par Nikos Aliagas.

Laurent VU / TF1

Pourquoi avoir accepté cette soirée hommage ? Cette émission ne vous donne-t-elle pas des idées pour revenir à la télévision ?

Quand TF1 et Jean-Luc Azoulay m’ont présenté ce projet, je n’ai pas pu refuser. Il y a eu tellement de surprises. En ce qui concerne le retour à la télévision, la porte est ouverte. Je ne suis fermé à aucun projet.

 
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