La mobilisation est organisée chaque année autour de l’anniversaire de la loi votée par Simone Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) et promulguée le 17 janvier 1975. « C’est une marche pour le droit à vivre pour montrer que le débat est toujours d’actualité. ouverte en France, pour que les Français remettent en question les convictions qui sont défendues ici », a déclaré Sophie, 23 ans, qui, comme les autres manifestants interrogés, n’a pas souhaité révéler son nom de famille.
« Depuis qu’il est entré dans la Constitution, cela nous inquiète beaucoup. Aujourd’hui, c’est une possibilité (l’avortement), demain nous serons peut-être des criminels pour avoir refusé d’accepter la Constitution”, s’alarme Jean, un Parisien de 38 ans.
IVG : 50 ans après la loi Veil, l’accès à l’IVG n’est pas toujours garanti
17 janvier 2025. Cela fait 50 ans que la loi relative à la dépénalisation de l’interruption volontaire de grossesse, dite loi Veil, est entrée en vigueur. Le 8 mars 2024, la liberté des femmes d’avorter a été inscrite dans la Constitution. Ce faisant, la France est devenue le premier pays au monde à garantir la liberté de recourir à l’avortement. Cependant, l’inclusion de l’avortement dans ce texte fondamental n’en fait pas un droit opposable et les difficultés d’accès à l’avortement persistent.
S’exprimant sur une tribune au-dessus de laquelle une banderole proclamait « 50 ans de défense de la vie » et où étaient barrés les mots « 50 ans de défaites politiques », le président de la Marche pour la vie, Nicolas Tardy-Joubert a déclaré qu’il n’avait pas « peur » dire que l’avortement est la première cause de décès en France pour l’espèce humaine ». « Cette année 2025 est très particulière. Il y a 50 ans, la loi Veil qui dépénalisait l’avortement était promulguée. Cette loi a causé de lourdes pertes humaines et conduit à la mort et à l’exclusion de plus de 10 millions de bébés de la société française », a-t-il déclaré à la foule avant d’observer une minute de silence.
243 623 avortements en 2023
Selon les derniers chiffres officiels, 243.623 avortements ont été enregistrés en 2023, soit 8.600 de plus que l’année précédente. Si les règles encadrant l’avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie aux femmes » de recourir à l’avortement a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s’alarment d’un droit encore « fragile » et font état de « attaques régulières » de ses adversaires.
-Outre l’opposition à l’avortement, les organisateurs de la Marche pour la vie réclament, comme l’année dernière, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'”entendre battre le cœur fœtal”, voire un retard dans la réflexion. de trois jours avant tout avortement. Ils appellent également à « encourager les accouchements sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et à protéger la clause de conscience spécifique. »
Euthanasie : « un changement de civilisation »
Autre sujet également à l’ordre du jour de la manifestation, le rejet de toute « légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie » et l’appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles » à tous. « N’oublions pas les menaces sur la fin de la vie avec les nouvelles propositions législatives qui pourraient être étudiées dans les prochaines semaines », prévient Nicolas Tardy-Joubert.
« Je pense que ce serait vraiment un changement de civilisation si nous acceptions l’euthanasie. C’est une façon individualiste de voir les choses», a ajouté Maylis, 54 ans, originaire des Yvelines, dans le cortège.
Soutenu par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l’euthanasie, avec des conditions strictes et sans utiliser ces termes, préférant parler d’« aide active à mourir ». Son examen a été interrompu par la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.