Fièvre, fatigue intense, courbatures et toux qui n’en finit pas… Si vous n’avez pas ressenti vous-même ces symptômes ces dernières semaines, vos proches les ont probablement ressentis. L’activité grippale augmente partout en France. Santé publique France explique ce mercredi que la grippe est à un « niveau d’intensité exceptionnellement élevé dans les hôpitaux ».
Pour faire face à un afflux important de patients, de nombreux établissements de santé ont dû déclencher leur « plan blanc » leur permettant de prendre des mesures exceptionnelles pour faire face à l’épidémie. Mais comment expliquer qu’autant de personnes soient touchées par la grippe cette année ?
Trois virus circulent en même temps
« Les virus qui circulent aujourd’hui n’ont rien d’exceptionnel », prévient d’emblée Bruno Lina, directeur du centre national de référence des virus respiratoires aux Hospices Civiles de Lyon et membre du Covars (Comité de surveillance et d’anticipation des risques sanitaires). « Ils sont normaux et ne sont pas porteurs de facteurs de virulence. » S’il y a davantage d’hospitalisations liées aux formes graves, c’est tout simplement parce que davantage de Français ont été contaminés cette année.
“Ce qui est particulier aujourd’hui, c’est le rythme de circulation de ces virus”, poursuit le médecin. Quand on parle de grippe, on parle d’AH1N1, d’AH3N2 et de B. L’épidémie actuelle inclut ces trois virus. «Ils cocirculaient ou cocirculaient en même temps et donc s’ajoutaient les uns aux autres», explique Bruno Lina. Cela génère des groupes de patients différents qui sont infectés les uns après les autres. » Les enfants, mal immunisés, risquent particulièrement d’être contaminés par plusieurs virus à quelques semaines d’intervalle.
Forte transmission pendant les vacances
Si la diversité de ces virus et leur rythme de circulation peuvent expliquer la durée de l’épidémie, ils ne justifient pas à eux seuls son intensité. « Il est très difficile de savoir pourquoi il y a une augmentation significative du nombre de cas cette année », reconnaît le professeur. C’est peut-être la combinaison d’une immunité un peu moins bonne et du fait qu’intrinsèquement, il est probable que ces virus aient un potentiel de transmission élevé. »
Bruno Lina est cependant sûr d’une chose : « Les virus ont circulé abondamment pendant la période des fêtes de fin d’année, ce qui a contribué à l’augmentation du nombre de cas. » Si lors de la pandémie de Covid-19, les autorités sanitaires ont invité les Français à respecter les gestes barrière, les consignes sont bien moins présentes concernant la grippe.
Moins de vaccination
Autre particularité de l’épidémie actuelle : les jeunes sont plus malades que les années précédentes. « Les chiffres de Santé publique France montrent qu’il y a autant de 16/65 ans hospitalisés en réanimation que de plus de 65 ans », illustre Bruno Lina. Ceci est inhabituel mais peut s’expliquer par le fait que l’AH1N1 a largement circulé. » Ce virus donnant des formes relativement sévères touche particulièrement les 25/50 ans.
Pour en savoir plus sur la grippe
Enfin, dernière explication : le niveau de vaccination, légèrement inférieur à celui de l’hiver 2023/2024. “Nous avons probablement 1 à 2 % de personnes vaccinées en moins que l’année dernière”, estime le médecin. « Dix-sept millions de Français ont reçu un bon pour se faire vacciner mais moins de dix millions l’ont fait. Cela reste faible. » Pour faire face à l’épidémie, Bruno Lina verrait un intérêt à vacciner les personnes en contact avec celles à risque. « C’est ce qu’on fait pour la coqueluche avec les parents par exemple. » Autre solution, choisie par le Royaume-Uni : vacciner les enfants.