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Olivier Freyre sera jugé le 17 janvier par le tribunal correctionnel pour viols, agressions sexuelles et abus de faiblesse. Considéré comme le gourou d’une secte basée à Saint-Gaudens, au sud de Toulouse, ce quadragénaire conteste les accusations portées par deux de ses anciens adeptes.
Résister à Olivier Freyre revenait, selon ses mots, à défier la volonté divine. Neuf ans après la dissolution de sa communauté spirituelle du Comminges, cet individu, considéré comme un gourou, sera jugé pour viols et agressions sexuelles sur deux victimes ainsi que pour abus de faiblesse. Son procès s’ouvre le 17 janvier devant le tribunal correctionnel de Haute-Garonne.
Cet homme de 44 ans est né en Suisse, avant de voyager en Australie. « C’est un homme charismatique et séduisant. Il est revenu transformé, presque éclairé de son séjour en Océanie », confie un de ses anciens proches. Convaincu de sa mission divine, Olivier Freyre devient pasteur et fonde « L’Espoir », une communauté à fonctionnement strict, en 2009. Il s’installe à Ganties, au sud de Toulouse, et attire bientôt des dizaines de personnes, pour la plupart vulnérables. Les membres sont soumis à des jeûnes réguliers, doivent partager leurs secrets et financer la secte grâce à des dons. Les téléphones portables et Internet sont interdits, et ceux qui osent contester son autorité sont privés de sommeil plusieurs jours de suite. Entre 2009 et 2016, L’Espoir a récolté près d’un million d’euros réinvestis dans des logements dans le village où vivent supporters et visiteurs.
Autorisation requise pour voir sa propre famille…
Durant les premières années, les partisans obéirent sans réserve aux règles imposées par Freyre. Certains commencent alors à se plaindre de violences commises sur des mineurs. Certains enfants sont frappés avec des cuillères en bois, d’autres sont poussés contre les murs. « Il s’en est également pris à des adultes. Comme il connaissait tous nos secrets, Olivier s’en servait pour nous humilier, nous recadrer et exercer son influence », ajoute un ancien membre de l’association spirituelle.
Selon les différents témoignages recueillis par la gendarmerie de Saint-Gaudens, les enfants n’étaient pas scolarisés, les traitements médicamenteux n’étaient pas recommandés et la plupart des membres n’avaient droit qu’à une autorisation annuelle pour rendre visite à leur propre famille.
Un de ses fidèles se suicide après la dissolution de la communauté
En 2016, le déclin du prédicateur s’accélère, marqué par de nouveaux signalements et la perte de son autorité. Déjà dans le viseur de la préfecture de Haute-Garonne et de la Miviludes, le Suisse est désormais accusé d’adultère. Un péché que ses adeptes ne pardonnent pas. Sa domination vacille et plusieurs plaintes sont déposées à la gendarmerie. Deux femmes l’accusent de les avoir forcées à des relations sexuelles répétées, sous couvert de son statut divin.
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Le parquet a finalement ouvert une information judiciaire en 2017. Au cours de l’enquête, les militaires ont interrogé des dizaines d’anciens fanatiques qui ont confirmé leurs doutes. Outre les accusations d’agression sexuelle, les enquêteurs examinent de près les financements cachés de la communauté. Les comptes bancaires du suspect et de son association sont analysés. Des centaines de milliers d’euros ont transité, mais très peu sont allés directement dans la poche du « prétendu gourou ». Durant l’enquête, L’Espoir ferme définitivement ses portes et le bien immobilier est vendu.
Selon les experts, l’influence qu’il exerçait sur ses partisans était très forte. L’une de ses plus fidèles adeptes, dévastée par la dissolution de la communauté, a tragiquement mis fin à ses jours quelques jours après la décision préfectorale.
Olivier Freyre a finalement été interpellé le 22 mai 2018. Lors des interrogatoires, le Suisse a minimisé son rôle spirituel. Assisté de Sarah Nabet-Claverie et Alexandre Parra-Bruguière, le quadragénaire conteste les viols mais reconnaît les violences sur ses propres enfants. Il a été mis en examen et brièvement incarcéré avant d’être placé sous contrôle judiciaire en 2019. Depuis cette date, l’homme s’est installé dans la Drôme où il travaille.