En Algérie, le président Tebboune annonce des mesures « d’apaisement » et la libération de 2 471 détenus

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En Algérie, le président Tebboune annonce des mesures « d’apaisement » et la libération de 2 471 détenus
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors d’une conférence de presse à Alger, en août 2022. LUDOVIC MARIN / AFP

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé mercredi 25 décembre dans un communiqué : « mesures de grâce présidentielle au profit de 2 471 détenus » et « mesures d’apaisement » verser « huit détenus [en détention provisoire] en cours d’enquête et de jugement ». Les noms des personnes concernées et les modalités de ces mesures “apaisement” n’ont pas été précisées, mais certains juristes espèrent qu’elles consisteront à abandonner les charges et à libérer les détenus. «C’est exceptionnel et insolite»indique une source judiciaire.

Cette décision inédite pourrait en théorie profiter à Boualem Sansal. Arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre alors qu’il arrivait de Paris, l’écrivain franco-algérien de 80 ans est accusé d’« atteinte à l’intégrité du territoire national ». L’intellectuel à la santé fragile, selon son avocat, a été transféré dans une unité de soins de l’hôpital Mustapha-Pacha d’Alger. L’arrestation de l’auteur de Village allemand a suscité beaucoup d’émoi en . En pleine période de tensions entre Alger et Paris, l’Elysée a déclaré “très inquiet”. Dans la version « serait un signal très fort et sans doute le meilleur moyen de sortir d’une situation que le temps ne peut rendre moins douloureuse »déclare à Monde François Zimeray, son avocat.

Outre ces mesures d’apaisement, des réductions de peine et « grâces totales » sont conçus pour quatorze personnes “finalement condamné pour crimes contre l’ordre public”. Là encore, le communiqué présidentiel n’indique pas de nom et ne donne aucun détail.

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En Algérie, ces détenus de droit commun sont considérés “victimes, voire otages d’un défilé politico-judiciaire”, rappelle l’avocate algérienne Aïssa Rahmoun, en exil en France et secrétaire générale du Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) : « C’est le meilleur moyen officiel de dissimuler le statut de prisonnier d’opinion. » Il y en a actuellement au moins 218 dans cette affaire, selon le défenseur des droits humains Zaki Hannache, aujourd’hui réfugié au Canada et qui documente la répression dans le pays depuis le Hirak, le mouvement de contestation populaire et pacifique de février 2019.

« Desserrez l’étau »

Parmi ces prisonniers d’opinion pourraient figurer des personnalités comme le général à la retraite Ali Ghediri, candidat à l’élection présidentielle de 2019, l’entrepreneur Nabil Mellah, qui a fait fortune dans l’industrie pharmaceutique, ou encore l’artiste franco-algérienne Djamila Bentouis.

Par ces gestes, le chef de l’Etat veut “montrer que l’Algérie n’est pas un Etat répressif”assure un de ses proches, Mehdi Ghezzar. “M. Tebboune veut surtout desserrer l’étau après les pressions internationales qu’il a subies dans l’affaire Sansal et après la vague de mécontentement que les Algériens ont manifestée sur les réseaux sociaux.analyse le militant Saïd Salhi, réfugié en Belgique.

L’ancien vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) fait référence au hashtag «Plusieurs façons» (« Je ne suis pas satisfait », en arabe), qui a fait irruption sur les réseaux sociaux ces derniers jours. En l’utilisant, les Algériens dénoncent le manque de liberté, la répression, mais aussi la situation économique et sociale du pays. Une campagne décrite comme” hostile “ par plusieurs journaux algériens proches du régime.

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En réponse à ce hashtag, un autre a été lancé – “Je suis mon pays” (« Je suis avec mon pays ») – et repris par les Algériens pour affirmer leur solidarité avec les institutions de leur pays. « Que personne ne pense que l’Algérie peut être dévorée par un hashtag, nous protégerons ce pays dont le peuple a le sang des martyrs qui coule dans les veines »Le président Tebboune a même réagi mardi lors d’une réunion entre le gouvernement et les walis (préfets).

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Peut-on considérer les mesures prises le jour de Noël par le chef de l’Etat comme un tournant ? «Nous avons remarqué que les «grâces» présidentielles ne signifient pas un relâchement de la répressionunderlines Zaki Hannache. Chaque phase de libération est suivie d’une vague de répression encore plus intense, qui se traduit par des arrestations et de nouveaux mandats d’arrêt. » Cette fois, Saïd Salhi se veut plus optimiste et espère que le geste du président Tebboune ira « vers plus d’ouverture et de liberté démocratiques ».

Mustapha Kessous

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