Ce que va changer le raccordement de l’EPR de Flamanville au réseau électrique français

Ce que va changer le raccordement de l’EPR de Flamanville au réseau électrique français
Ce que va changer le raccordement de l’EPR de Flamanville au réseau électrique français

Sauf aléa technique de dernière minute, EDF doit raccorder le réacteur EPR de Flamanville au réseau électrique national ce vendredi 20 décembre.

17 ans après le démarrage d’un chantier aux multiples déboires, l’EPR de Flamanville, dans la Manche, sera (sauf aléa de dernière minute) enfin raccordé au réseau électrique français ce vendredi 20 décembre.

“Le premier couplage au réseau du réacteur EPR de Flamanville 3 est prévu pour le 20 décembre 2024”, a annoncé mercredi EDF.

Concrètement, cela signifie que l’EPR injectera ses premiers mégawatts dans les lignes électriques. Une première en depuis 25 ans et la mise en service du réacteur nucléaire 2 de Civaux, dans la Vienne.

Le réacteur le plus puissant de France

Initié le 3 septembre, le démarrage du réacteur EPR de Flamanville a marqué le début de sa montée en puissance progressive et d’une phase de tests. Vendredi, il devrait en théorie avoir atteint 25 % de sa puissance maximale, seuil minimum pour être connecté au réseau.

L’EPR, réacteur à eau pressurisée de nouvelle génération, est le 4ème de ce type installé dans le monde. C’est aussi le 57ème réacteur du parc nucléaire français, et le plus puissant du territoire (1 600 MW). Elle porterait ainsi la puissance du parc nucléaire français à 63 gigawatts (GW) contre 61,4 jusqu’à présent. A terme, il devrait alimenter en électricité environ deux millions de foyers.

En attendant, son exploitation “sera marquée par différents niveaux de puissance, jusqu’à l’été 2025, qui conclura la phase de tests”, précise EDF.

Il fonctionnera ensuite à pleine puissance jusqu’en 2026, avant de s’arrêter pour une première maintenance.

La France, exportateur net d’électricité

Avec ce nouveau réacteur, la France sera mieux armée pour affronter des crises énergétiques comme celle de 2022, lorsque la production nucléaire d’EDF est tombée à 279 TWh, son plus bas niveau depuis 30 ans, en raison de contrôles ou de réparations de réacteurs. Cela a contraint la France à importer de l’électricité, une première depuis 42 ans.

Mais depuis, la situation s’est largement améliorée : en 2024, EDF a revu à deux reprises à la hausse sa prévision de production nucléaire, qui devrait atteindre entre 358 et 364 TWh, sans compter l’EPR de Flamanville. La France devrait également battre son record d’exportation d’électricité datant de 2002 en affichant un solde net de 85 à 90 TWh exportés cette année, après 50 TWh en 2023.

La France restera donc largement en surcapacité. De quoi lui permettre d’aborder l’électrification des usages avec un peu plus de sérénité dans les années à venir. Même si pour l’instant, et depuis la crise énergétique, la consommation électrique stagne et reste toujours inférieure de 6 % à sa moyenne des années 2014-2019, selon RTE.

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Anticiper les futurs EPR2

L’industrie nucléaire compte également sur l’expérience de l’EPR de Flamanville pour éviter de répéter les mêmes erreurs lors de futurs projets, tandis qu’Emmanuel Macron a décidé de commander six réacteurs EPR2 (et huit supplémentaires en option) à EDF.

Le démarrage de la troisième tranche de Flamanville accuse en effet 12 ans de retard sur le calendrier initial en raison de nombreux contretemps techniques qui ont fait exploser la facture, désormais estimée à 13,2 milliards d’euros par EDF, soit quatre fois l’estimation. initiale de 3,3 milliards.

Son lien reste néanmoins hautement symbolique. Pour Christine Goubet-Milhau, présidente de l’Union française de l’électricité (UFE), cela marque « le début d’une série pour préparer la période 2035-2050 puisque notre parc nucléaire mérite d’être renouvelé même s’il ne l’est pas ». les travaux de maintenance sur les réacteurs existants.

Reste à savoir si le consommateur bénéficiera des capacités produites par ce nouveau réacteur en bénéficiant d’une réduction du prix de sa facture d’électricité. Interrogé par BFM Business sur ce point il y a quelques mois, Nicolas Goldberg, expert en énergie au sein du cabinet Colombus Consulting, se montrait prudent : « Sur les marchés, cela va inévitablement déplacer le curseur vers plus d’électricité disponible donc « cela pourrait avoir un impact à la baisse sur prix mais cela dépendra aussi de nombreux autres facteurs comme le niveau de la demande et la réaction des marchés.

 
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