Après plus de trois mois d’audiences et trois jours de délibéré, les magistrats professionnels composant le tribunal correctionnel du Vaucluse ont rendu leur verdict ce jeudi matin à Avignon dans le procès Pélicot. Aucun des 51 accusés n’a été acquitté, tous ont été reconnus coupables, la grande majorité d’entre eux pour viol aggravé. Ils ont été condamnés à 3 ans, dont un an, et 20 ans de prison. Dominique Pelicot est condamné à la peine maximale, 20 ans, avec période de sûreté aux deux tiers, pour avoir administré des sédatifs à sa femme pendant 10 ans dans le but de la violer et la faire violer par des inconnus recrutés sur Internet.
À la sortie du palais de justice, Gisèle Pelicot s’est dite « très émue ». « Ce procès a été une épreuve très difficile. Je pense tout d’abord à mes trois enfants, David, Caroline et Florian, je pense aussi à mes petits-enfants car ils sont l’avenir et c’est aussi pour eux que j’ai mené ce combat, ainsi qu’à mes belles-filles Aurore et Céline. La septuagénaire a également eu une pensée pour “les victimes méconnues” et a remercié le public venu la soutenir pendant ses longues semaines, assurant qu’elle a, en partie grâce à eux, trouvé “la force de revenir chaque jour pour affronter ces longues journées de souffrance”. public”. “Je respecte le tribunal et le verdict”, a-t-elle ajouté, alors que certains condamnés sont sortis libres, avec des peines inférieures aux réquisitions. Ce qui a suscité la colère de nombre de ses partisans.
Les personnes condamnées disposent désormais de 10 jours pour faire appel de leur condamnation. L’avocat de Dominique Pelicot, qui nous a accordé un entretien ces derniers jours, a indiqué que son client n’exclut pas de faire appel afin d’être rejugé par « un jury populaire dans les prochains mois ». « Je dois aller le voir très prochainement à l’établissement pénitentiaire pour prendre cette décision qui est lourde de sens et qui préjuge de son avenir certain » a-t-elle déclaré.
Cette journée marque la fin d’un procès qui restera dans l’histoire et la femme dont on ne connaissait pas le visage il y a encore quelques semaines est devenue une icône. En refusant le huis clos avec la volonté affichée que « la honte change de camp », Gisèle Pelicot a suscité l’admiration à travers le monde. « J’ai souhaité, en ouvrant les portes de ce procès le 2 septembre, que la société puisse s’approprier les débats qui s’y sont déroulés. Je n’ai jamais regretté cette décision. J’ai désormais confiance en notre capacité à nous emparer collectivement d’un avenir dans lequel chacun, femmes et hommes, pourra vivre en harmonie dans le respect et la compréhension mutuelle », a-t-elle déclaré ce jeudi.
Ce procès long et douloureux, suivi par les médias du monde entier, a révélé au grand public un mode opératoire plus répandu qu’il n’y paraît : la soumission chimique et a déjà donné lieu à de nombreux débats sur la « culture du viol ». , la question du consentement ainsi que la définition du viol dans le code pénal. Plusieurs propositions législatives ont été déposées pour introduire la notion de consentement dans le droit français.
Alors, quels enseignements peut-on tirer de cette affaire ? Pourquoi les audiences tenues depuis le 2 septembre sont-elles déjà entrées dans l’histoire ? L’attitude et les propos tenus par certains avocats lors de ce procès ont suscité des interrogations, voire même des choquements. Un avocat a-t-il le droit de tout dire ? Quelle est la définition du viol dans le code pénal ? Faut-il changer la loi ?
Les experts :
– Me Laure HEINICH – Avocate pénaliste au barreau de Paris et écrivaine, auteur de «Justice contre les hommes« .
– Caroline VIGOUREUX – Journalist – La Tribune
– Audrey GOUTARD – Grand reporter – spécialiste des questions sociales à France Télévisions
– Serge HEFEZ – Psychiatre et psychothérapeute familial
– Noémie SCHULZ (duplex from Avignon) – Senior reporter in charge of police justice issues at France Télévisions