the first confidences of François Bayrou to Matignon

the first confidences of François Bayrou to Matignon
the first confidences of François Bayrou to Matignon

La première fois qu’il a mis les pieds dans ce bureau, c’était en 1977 et Raymond Barre l’occupait. A 26 ans, il se prépare à être candidat aux élections législatives de l’année suivante, dans les Pyrénées-Atlantiques. Il était venu demander le soutien du Premier ministre. Quarante-quatre ans plus tard, c’est désormais lui qui est installé au premier étage de ce charmant hôtel situé au 57, rue de Varenne. Dans la salle où François Bayrou a reçu hier, en début d’après-midi, Dimanche à la Tribunetout est encore vide. Quoi qu’il en soit, le nouveau locataire n’y mettra rien de personnel. Ni objet ni photo. ” Il ne faut jamais oublier que nous sommes de passage, dit-il. Même si cela peut durer…»

Et pour lui, combien de - cela va-t-il durer ? Plus que Michel Barnier, resté quatre-vingt-dix-neuf jours au pouvoir ? François Bayrou a toujours cru qu’on ne ferait appel à lui que si tout devenait désespéré. Vendredi, au terme d’un feuilleton rocambolesque, c’est lui qu’Emmanuel Macron a choisi pour devenir Premier ministre. Malgré l’absence de majorité parlementaire et l’impasse budgétaire, le patron du MoDem ne veut pas limiter ses ambitions. ” Ma vocation première est d’être constructeur et, à défaut, réparateurdit-il. Je n’aime rien plus dans la vie que redonner vie à des bâtiments, à des machines, que tout le monde considérait comme perdus. J’aime réparer. » A Pau, sa ville, c’est ce qu’il a fait. Il conçoit un programme de rénovation baptisé « métamorphose ».

Bayrou manœuvre pour construire un nouveau gouvernement

Pierre Moscovici, le premier président de la Cour des comptes, François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de , Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée, Gérard Larcher, son homologue au Sénat : ce samedi, le premier les rendez-vous se succèdent. La veille au soir, il avait reçu Bruno Retailleau. Alors que le ministre de l’Intérieur est au pouvoir depuis à peine trois mois, l’entretien s’est bien passé. Tout indique qu’il restera dans son équipe. Cela garantira en même - la participation de LR à ce projet.

Point de première étape

Depuis longtemps, François Bayrou appelle à la formation d’un gouvernement réunissant des hommes et des femmes d’expérience, connaissant le quotidien des Français, venus de tous horizons mais déterminés à travailler ensemble. Pour le définir, ces derniers mois, il a ajouté un adjectif : « respectable « . C’est ce qu’il va désormais travailler à composer. Xavier Bertrand, Gérald Darmanin, Élisabeth Borne, François Rebsamen… Les noms de ceux qui pourraient le rejoindre commencent à circuler. ” Il faut inventer une autorité que les Français comprennent, dans laquelle ils se reconnaissent et où ils savent qu’ils auront leur place.», argumente-t-il.

Les Béarnais veulent un pouvoir capable de parler à nouveau à la partie du pays qui n’arrive pas à faire face. Sur les marches de Matignon, lors de sa passation du pouvoir vendredi, avec Michel Barnier, ce n’est pas un hasard s’il a rappelé la promesse initiale d’émancipation du macronisme. Au fil des années, il a peut-être regretté que le chef de l’État se retrouve prisonnier de personnes issues de milieux privilégiés parmi des milieux privilégiés.

En sortant de l’Élysée vendredi matin, François Bayrou a appelé Richard Ferrand : “Je veux te voir.”

En début de semaine, il verra Emmanuel Macron pour faire un premier point sur les avancées. Dans quelle mesure le psychodrame de sa nomination vendredi laissera-t-il des traces ? ” Vous êtes Président de la République, vous devez choisir un Premier Ministre dans des moments particulièrement difficiles ; c’est bien que vous preniez le - de considérer toutes les options et leurs conséquences puts François Bayrou into perspective. Je n’ai jamais connu un président qui ait accepté de lui lier les mains. La fonction présidentielle est une fonction qui appelle à la liberté. »

Matignon s’y préparait depuis des mois. En 2017, au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, il voit ses ailes coupées, mis en examen dans l’affaire des assistants parlementaires du MoDem et contraint de démissionner du ministère de la Justice qu’il occupait depuis seulement un mois. Le 5 février, après l’acquittement obtenu, pour la première fois, la voie s’est vraiment dégagée, même si le parquet a fait appel. Le Haut-Commissaire au Plan sait que rien ne sera évident. Il a compris depuis longtemps qu’Emmanuel Macron avait toujours été réticent à le nommer à Matignon lorsque la question s’était posée. D’ailleurs, depuis 2017, il n’a jamais vraiment compris ses choix pour cette adresse – celui qui trouve le plus de grâce à ses yeux est Jean Castex.

Dette de la France : l’avertissement de Moody’s à François Bayrou

Cette fois, il compte bien ne pas laisser passer sa chance. Dès le milieu de l’automne, il a perçu que le RN allait censurer le gouvernement sur les textes budgétaires. Comment un parti populiste pourrait-il laisser passer des mesures impopulaires ? Le 5 décembre, une fois sa prophétie réalisée, il déjeune avec le chef de l’Etat, qui lui demande comment il compte gérer cette Assemblée fracturée. Mardi, ils se retrouvent longuement pour discuter de la composition de son gouvernement. Quand, vendredi matin, le Béarnais débarque à l’Élysée, il arrive avec un avantage psychologique. La veille, il avait compris que ce n’était pas lui qui serait choisi.

Toute la nuit, il a répété ses arguments pour affronter le président. Lorsque, dans son bureau, il annonce qu’il va nommer Sébastien Lecornu, ministre des Armées, le centriste lui explique très froidement quelles seront alors les conséquences. Puisque ce n’est pas lui, ce sera sans lui. Depuis sept ans, il a pu y avoir des incompréhensions entre eux, des moments de tension qui pourraient provoquer François Bayrou pendant quelques semaines de bouderie. Cette fois, c’est fini. En voyant Bernard Cazeneuve rejoindre Matignon, il l’aurait tout à fait accepté. Mais Sébastien Lecornu, pour qui il n’a aucune considération, il ne le laissera pas passer.

Baisser la tension

« Je vais vous le rappeler. » C’est ainsi qu’Emmanuel Macron termine leur échange très tendu, qui a duré plus d’une heure et demie. Le chef de l’Etat rencontre sa garde rapprochée pour réfléchir aux moyens de sortir du piège dans lequel il est enfermé. En quittant l’Élysée, François Bayrou rejoint Richard Ferrand. ” Je veux te voir », dit-il à l’ancien président de l’Assemblée, qui fait partie des plus proches du président et plaide pour la nomination du patron du MoDem à Matignon.

Vingt-quatre heures plus tard, François Bayrou s’emploie à faire baisser la tension. ” La relation avec le président est avant tout une relation personnelle déclare-t-il. C’est un homme dont les gens ne réalisent peut-être pas l’audace et le courage. Il n’y a rien de plus facile pour moi que de travailler avec lui. Je serai un Premier ministre en plein exercice et en complémentarité. Ceux qui veulent écrire l’histoire d’un affrontement entre l’Élysée et Matignon auront tort. »

« Ceux qui veulent écrire l’histoire d’un affrontement entre l’Elysée et Matignon se verront refuser François Bayrou. »

Est-ce que cela suffira ? Le président a déjà fait savoir à son Premier ministre qu’il n’appréciait pas la médiatisation de sa nomination. ” Quand on connaît un peu Emmanuel Macron, on sait qu’il n’aura qu’une idée en tête : lui faire payer», prédit un frai du socle commun. “Il faudra protéger François Bayrou de… François Bayrou», conclut un proche du chef de l’Etat, sybillin.

Le Breton est en plein déménagement. Le centriste se rend donc chez lui. Lors du café qu’ils partagent, Richard Ferrand le rassure : l’issue sera heureuse pour lui. Soudain, le téléphone portable du maire de Pau sonne. Le chef de l’Etat lui demande de revenir à l’Élysée. Lors de leur deuxième rendez-vous de la journée, Emmanuel Macron lui dira : «C’est toi.» Quelques minutes avant la chute du communiqué officiel de l’Élysée, il va contacter Sébastien Lecornu. “J’ai dû nommer François Bayrou car sinon il quitterait le bloc central», garantira-t-il.

Face à « la gravité de la situation », François Bayrou « ne veut rien cacher » aux Français

Vendredi, lors de leur deuxième entretien, il a demandé à son Premier ministre de tenir une réunion comme celle qui a eu lieu mardi à l’Élysée avec toutes les forces politiques à l’exception de LFI et du RN. Dans un premier -, le maire de Pau, qui souhaite s’attacher le moins possible aux partis, recevra en face à face les présidents des groupes parlementaires lundi et mardi. Cela se déroulera par ordre d’importance numérique. Marine Le Pen, présidente du groupe RN, sera la première.

Last winter, Gérard Longuet came to find François Bayrou. “Tu es le dernier politicien», l’avait félicité l’ancien ministre de la Défense. Cet automne, observant les premiers pas de Michel Barnier à Matignon, le patron du MoDem a constaté les difficultés de l’ancien commissaire européen à renouer avec un jeu politique national dont il s’était échappé il y a quinze ans. Souvent le triple candidat à la présidentielle, qui a défié au cours de sa carrière Giscard, Chirac et Sarkozy, s’est agacé d’un jeunisme trop lié à son goût pour le macronisme. Depuis l’hiver dernier, le septuagénaire s’est mis à lire Proust. Il ne l’avait jamais fait. Pendant longtemps, il y a eu du snobisme à son égard. Jeune, il aimait se vanter : «Je prends l’ensemble pour dire que je n’aime pas Proust.» A la recherche du - perdu. Pour lui, c’est maintenant.

 
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