En janvier 2023, soit il y a presque deux ans, le gouvernement confiait officiellement l’aménagement et la gestion de 360 km de routes nationales à la Région Occitanie, qui s’était positionnée pour assurer ces missions sur plusieurs axes. Une initiative issue de la loi 3DS votée en 2022, et autorisant des expérimentations comme ce transfert de compétences, de l’Etat vers la collectivité régionale. Le transfert n’aura finalement pas lieu. Explications.
Le projet couvrait, en Occitanie, l’A68, les RN 20, 22, 320, 125 et la quasi-totalité de la RN88. La liaison entre l’Ariège et Andorre était donc au premier plan concerné. Objectif avoué de la présidente de la Région Carole Delga : « Dans les Pyrénées, nous pourrons réaliser un projet global et coordonné de développement de RN125 et RN20des itinéraires essentiels tant pour la mobilité quotidienne que pour les flux touristiques et les liaisons avec l’Espagne ou Andorre. La cogestion par la Région de ces deux axes permettra d’optimiser et de mutualiser les moyens mobilisés, par exemple sur les tunnels de Foix et de Saint-Béat. Sur la RN125 en Haute-Garonne, il y a aussi une vraie cohérence avec la future réouverture de la ligne de train Montréjeau-Luchon financée par la Région. Nous pourrons ainsi poursuivre le développement de ces deux infrastructures de manière complémentaire. Avec, clairement, l’ambition de faire plus vite et mieux que l’État gestionnaire : « La Région était déjà fortement impliquée dans le financement des travaux de ces axes. Mais en réalité, l’action de l’État s’est révélée trop lente et parfois inadaptée aux attentes car trop éloignée des enjeux locaux.» a ajouté Mme Delga dans un communiqué daté du 6 janvier 2023.
Mais depuis quelques jours, dans les territoires concernés, les rumeurs se multiplient selon lesquelles la Région ferait volte-face sur ces transferts. Une première confirmation est apparue ce 17 décembre, dans la bouche du président du Conseil départemental de Lozère : selon les médias locaux (le journal Radio Totem ici), Laurent Suau a expliqué à l’Assemblée départementale avoir été informé la veille par Carole. Delga de cette décision inattendue. Enfin, mercredi 18 décembre, lors d’une conférence de presse en amont du vote du budget régional, Carole Delga a confirmé l’information : « l’État n’a donné aucune assurance quant à son financement prévu à 50 % dans le CPER, ce qui représente un risque financier de plus de 80 millions d’euros pour la Région à l’horizon 2028, explique le président. Un risque trop grand ! Les modalités de mise en œuvre ainsi que le contexte d’incertitudes budgétaires conduisent la Région à abandonner cette expérimentation ».
Mais les incertitudes liées au litige toujours en cours, relatif à l’éboulement survenu… il y a 11 ans (!) à Arabaux, tout près du viaduc desservant l’entrée nord du tunnel de Foix, ont aussi pesé dans le choix de Mme Delga. de renoncer au transfert. Un événement lié à la construction de l’ouvrage (lire ci-dessous) : les débris issus du forage du tunnel nord de Foix (emprunté par la N20) ont fini par provoquer un glissement de terrain. Pour le président de la Région Occitanie, pas question de prendre le risque de devoir payer un projet porté par l’Etat il y a plus de 25 ans…
CA
Entre Foix et Arabaux, 10 ans après… Le bout du tunnel pour la RD n°1 ?
En janvier 2014, la RD1 à l’est de Foix, dite « route de l’Herm », a subi un important glissement de terrain provoqué par de fortes intempéries. Depuis, l’axe a connu un rétrécissement de près de 100 mètres que certains qualifient de dangereux. Mais la situation pourrait enfin changer.
Article paru dans la Gazette Ariégeoise le 10 juillet 2024
En janvier 2014, la RD1 entre Foix et Arabaux a été touchée par un glissement de terrain. La restriction mise en place dure depuis plus de dix ans…
Le site de Graoussette, à l’ombre du flanc nord du Pech de Foix, est bien connu des chasseurs : c’est là que la fédération forme ses adhérents, notamment les candidats au permis. C’est dans ce secteur que lors du forage du tunnel de Foix dans les années 1990, d’importantes quantités de matériaux issus des travaux ont été déposées. Fragilisée par d’importantes précipitations en 2012 et 2013, la stabilité de l’ensemble a finalement cédé en janvier 2014 : un mouvement de terrain est venu « déborder » sur la D1 qui relie Foix à Laroque d’Olmes, et qui est nécessaire aux habitants d’Herm. , Pradières et Arabaux. Après quelques travaux de dégagement, un aménagement provisoire a été mis en place, sous la forme d’un rétrécissement avec priorité au trafic venant de l’Est.
Depuis ? Il ne reste plus rien, ou presque. Il est vrai que depuis plusieurs années, des procédures judiciaires opposaient le conseil départemental et la Fédération des chasseurs, d’une part, et les services de l’Etat, d’autre part, sur la responsabilité du dossier. Dans son arrêt du 4 mai 2021, la cour administrative d’appel de Bordeaux a constaté que « Les déblais excédentaires issus du creusement du tunnel et de la dérivation de Foix réalisés de 1997 à 1999 ont été stockés sur une pente naturellement instable et soumis à des phénomènes de fluage par saturation des colluvions suite à des circulations internes d’eau et lors d’épisodes pluvieux soutenus. L’expert (…) a relevé que la très faible compacité de ces déblais témoigne du fait qu’ils ont été simplement déversés, sans avoir été préalablement compactés, la couche arable n’ayant pas été enlevée et aucun redan n’ayant été effectué. Les précipitations importantes de 2012 et 2013 ainsi que les tempêtes du début de 2014 ont entraîné une saturation du massif et le développement de pressions interstitielles qui, selon l’expert, ont été le facteur déclenchant du glissement de terrain en question. .
Le massif terrestre fait cependant l’objet d’une surveillance, puisque des piézomètres et des inclinomètres y ont été installés. Fin 2019, une visite à l’Herm des services préfectoraux laisse espérer que « les études suivies des travaux nécessaires seraient entreprises par la DIRSO »comme le rappelaient les élus locaux dans un article mis en ligne sur le site Internet de la commune en avril… 2021. Plus de dix ans après, la question était toujours au menu de la visite effectuée par le préfet de l’Ariège Simon Bertoux dans le canton du Val d’Ariège. Ariège au printemps dernier. Dans la foulée, le 30 juin 2024, le préfet a pris un arrêté donnant un premier signal : les agents de la Direction interministérielle des routes et les entreprises agissant pour le compte de l’Etat sont autorisés à pénétrer dans les parcelles privées concernées par le sujet, “jusqu’à la fin des études prévues fin 2025”. Etudes qui consistent en des ajouts topographiques, le relevé des capteurs déjà en place et l’installation de nouveaux instruments de mesure, ainsi que des relevés pressiométriques et carottages. Cette première étape permettra sans doute de déterminer l’ampleur du travail et l’horizon temporel pour résoudre ce problème.
CA