L’hydroxychloroquine définitivement enterrée – Avis

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L’hydroxychloroquine définitivement enterrée – Avis

C’est la fin de l’épopée scientifique la plus spectaculaire de l’épidémie de Covid-19. Souvenez-vous : alors que la pandémie battait son plein en 2020, Didier Raoult et son équipe de l’IHU de Marseille avaient publié des travaux qui semblaient démontrer l’efficacité miraculeuse contre le coronavirus d’un « vieux » médicament, l’hydroxychloroquine, associé à une autre molécule.

S’ensuit une ruée vers le cocktail mais aussi, très vite, des avertissements de la communauté scientifique qui trouve l’étude bancale, voire frauduleuse. Cette étude a été rétractée hier par Elsevier, son éditeur.


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Rétracté, qu’est-ce que ça veut dire ?

Rétracté signifie désavoué. Scientifiquement, cela signifie que son contenu n’est plus valable. En d’autres termes, c’était faux. C’est ce qu’Elsevier a reconnu après avoir tout décortiqué.

Que critique l’éditeur Elsevier à propos de cette étude ?

Le fait que l’expérience a été modifiée pour obtenir des résultats prédéfinis. Pour donner quelques exemples, l’échantillon était trop restreint : 26 patients traités et le groupe témoin, c’est-à-dire les patients non traités pour comparer l’évolution des guérisons, ne correspondaient pas aux règles scientifiques. Les patients décédés ont été exclus de l’analyse car leur sort ne correspondait pas au résultat attendu. Les données ont été grossièrement manipulées. Les équipes de Didier Raoult n’ont pas réussi à expliquer tous ces faits lorsqu’on leur a demandé.

Elsevier a finalement admis qu’elle n’aurait jamais dû publier cette étude. On peut vraiment regretter qu’il se soit rétracté si tard, mais il a fait l’objet de menaces de procès de la part de Didier Raoult et de son équipe, un argument qui n’a rien de scientifique.

Cela aurait-il changé quelque chose si l’étude avait été retirée plus tôt ?

Oui, cette étude, que l’on peut désormais qualifier de frauduleuse, a fait perdre un - précieux dans le traitement de l’épidémie au niveau mondial. Il s’est transformé en totem, défendu par des supporters, notamment politiques et élus, qui avaient fait de Didier Raoult une sorte de gourou, au mépris des preuves scientifiques et statistiques. Pire : il a été démontré depuis que le traitement entraînait une surmortalité de 11 % chez les personnes auxquelles il était appliqué. Selon certains spécialistes en pharmacologie, des dizaines, voire des centaines de milliers de décès dans le monde seraient dus à ce traitement. Cette folie, qui a également emporté certains médias, a eu de lourdes conséquences.

C’est une fin de carrière pitoyable pour Didier Raoult.

Les travaux qu’il a continué de publier sur le Covid-19 et l’hydroxychloroquine ont tous été entachés de sérieux biais. Une autre étude portant sur plus de 30 000 patients a été rétractée en 2023. Elle fait même l’objet d’un essai par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.

Didier Raoult, microbiologiste à l’égo surdimensionné, devenu une star des théoriciens du complot, a été d’office mis à la retraite en août 2021, banni de la communauté scientifique, suspendu symboliquement pour deux ans par l’Ordre des médecins. Il devra désormais répondre d’essais illégaux dans d’autres dossiers de recherche. Il a toujours des fans. Des gens encore injoignables malgré l’incroyable quantité de preuves.

 
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