Selon un document informel consulté par France Bleu Auxerre et franceinfo, plusieurs personnels de l’Éducation nationale travaillant à Mayotte demandent à être évacués, au moins temporairement.
Après le passage dévastateur du cyclone Chido à Mayotte, plusieurs centaines d’enseignants ont exprimé leur souhait d’être rapatriés de l’archipel, selon un document informel consulté ce mercredi par France Bleu Auxerre et franceinfo.
Ce document, issu d’un « initiative indépendante dirigée par des enseignants »objectifs « identifier rapidement le personnel qui n’est pas mis en sécurité afin de signaler les situations d’urgence et la nécessité d’une assistance immédiate ». Ce recensement qui “ne vient pas du rectorat” vise uniquement “Essayer d’alerter et de soutenir au plus vite les personnes concernées”. Le document avertit également les contributeurs que malgré de fortes demandes de « rapatriements »il n’est pas actuellement envisagé dans l’immédiat en raison de contraintes logistiques.
Selon les données exploitées par France Bleu Auxerre, au moins 500 enseignants et personnels de l’Éducation nationale basés sur tout le territoire de Mayotte demandent à être rapatriés, au moins temporairement. La plupart des enseignants indiquent leur situation sur place en commentaires : « Maison endommagée », « Plus de toit », “Pas d’eau”, “Pas d’électricité”, “Pas de réseau”. Plusieurs souhaitent être évacués vers la Réunion, d’autres évoquent la ville de Paris, mais la grande majorité des personnes interrogées ne précisent pas de lieu souhaité. Ceux qui souhaitent y rester ont besoin de ressources matérielles.
Contactée par franceinfo, une enseignante d’un lycée de Mamoudzou qui souhaite rester anonyme affirme que le lycée où elle travaille “est rempli de débris”qu’il est “complètement inutilisable pour le moment”. “Le toit de la salle des professeurs a été complètement arraché, les tables sont détruites, les ordinateurs ont pris l’eau, c’est méconnaissable”explique-t-elle. Le professeur parle d’un « événement extrêmement traumatisant » qui n’est pas encore terminé “parce que[elle] n’a aucune nouvelle de [sa] famille”ni de ses élèves : “On en croise quelques-uns dans les rues mais on ne sait pas encore si on a des étudiants qui sont morts, on imagine”. L’enseignante fait partie de celles qui ont demandé à être rapatriées temporairement pour voir ses proches et sa famille afin d’être à nouveau opérationnelle devant ses élèves. Elle l’assure, une rentrée le 13 janvier est “impossible”.
Rivomala Rakotondravelo, co-secrétaire départemental du FSU Snuipp Mayotte, plaide « pour qu’il y ait des enseignants formés » sur l’île, mais comprend les souhaits des enseignants : “On peut comprendre leur position, leur désarroi et leur envie d’être en sécurité sous un toit”. “Il s’agit peut-être d’une demande temporaire”ajoute-t-il. En tout cas, c’est formel : “Il est impossible de reprendre un travail normal en janvier”.
Selon les informations de franceinfo, il n’est pas prévu pour l’instant de rapatrier les enseignants qui le souhaitent, mais il est possible de les évacuer temporairement en cas d’urgence sanitaire ou sociale, dans la limite des possibilités techniques du moment. compte tenu des priorités vitales actuelles.
Une ligne d’urgence a été mise en place par le rectorat de Mayotte pour recueillir les demandes des personnels de l’Éducation nationale (0 800 710 170). Pour rappel, pour l’année scolaire 2024-2025, 117 226 élèves sont inscrits dans les écoles, collèges et lycées de Mayotte. L’archipel compte également 7 434 agents de l’Éducation nationale qui enseignent aux élèves de première et de deuxième année.