« Une baisse de 25 points de base des taux d’intérêt est largement anticipée par les marchés. Si la Fed ne l’avait pas envisagé, elle aurait déjà envoyé un message en ce sens aux investisseurs”, a déclaré Mark Zandi, économiste en chef de Moody’s. La décision à venir ne fait aucun doute pour les investisseurs, si l’on en croit l’outil de suivi CME FedWatch, alors que plus de 95% des analystes interrogés anticipent une telle baisse mercredi.
La réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) a débuté mardi matin, comme le veut la tradition, à Washington et la décision sera publiée mercredi à 19 heures GMT, avant une conférence de presse du président de l’institution Jerome Powell (7 heures). 30h00 GMT).
Accélération de l’inflation
L’inflation s’est de nouveau accélérée au cours des deux derniers mois aux États-Unis, après avoir suivi une trajectoire encourageante vers l’objectif de 2% fixé par la Fed. L’indice des prix à la consommation CPI – sur lequel sont indexées les retraites – a rebondi en novembre à 2,7 %. L’indice d’inflation PCE, que la Fed souhaite ramener à 2%, sera publié le 20 décembre.
Du côté des producteurs, les prix ont même grimpé en novembre à leur plus haut niveau depuis près de deux ans, notamment en raison des conséquences de la grippe aviaire, selon l’indice PPI. “On peut douter du bénéfice d’une nouvelle baisse (des taux d’intérêt) car l’économie se porte bien, elle ne semble pas avoir besoin de relance”, a souligné Nathan Sheets, économiste pour Citi.
“Je pense que nous aurons une baisse d’un quart de point mais que la Fed signalera aussi sa volonté d’aller plus lentement à l’avenir, voire d’envisager une pause, tant qu’elle n’a pas une idée plus précise de la compréhension de la situation. direction prise par l’économie », explique Mark Zandi.
Effets de l’arrivée de Trump
Cette dernière réunion de l’année sera l’occasion pour la Fed de publier ses nouvelles prévisions, tant sur la croissance, l’inflation et le chômage que sur la direction qu’elle attend de voir ses taux prendre. Jerome Powell a récemment estimé que la Fed « pourrait se permettre d’être un peu plus prudente » en raison de la solidité de l’économie. Et l’une des gouverneures, Michelle Bowman, a jugé les risques liés à l’inflation « plus importants » que ceux liés au chômage.
Ce dernier a d’ailleurs estimé à plusieurs reprises que le taux neutre, c’est-à-dire celui qui n’a aucune influence, de soutien ou de ralentissement, sur l’économie, pourrait être plus élevé que prévu initialement, peut-être même proche du niveau actuel. Mais cela dépendra aussi de la politique économique mise en place par le président élu Donald Trump, qui reviendra à la Maison Blanche à partir du 20 janvier.
Or, entre la déréglementation promise en termes de normes, l’expulsion souhaitée d’une partie des migrants entrés illégalement sur le territoire, les baisses d’impôts ou encore l’augmentation des droits de douane, les effets sur l’économie pourraient être majeurs et difficiles à anticiper tant ils se tiennent debout.
Choc d’offre ou de demande
Les dirigeants de la Fed « ne sont pas là pour préjuger des effets de ces politiques, mais ils devront prendre en compte les effets possibles. Les propositions de ce gouvernement peuvent provoquer un choc à la fois sur l’offre et sur la demande, et ces chocs ont toute une série de conséquences possibles », a déclaré le juge Nathan Sheets.
Selon une enquête menée auprès de 500 entreprises américaines par le cabinet de recrutement Resume Templates, 82 % d’entre elles envisagent d’augmenter leurs prix si de nouveaux droits de douane étaient effectivement mis en place. Donald Trump a déjà annoncé des droits de douane de 25 % contre ses voisins du Canada et du Mexique, ce qui pourrait faire grimper les prix pour le consommateur américain.