1 – Un cyclone pas si rare dans l’océan Indien
Dans l’océan Indien et le Pacifique Sud, le terme cyclone fait référence à un vaste système tournant autour d’un centre de basse pression. Le phénomène est appelé ouragan dans l’Atlantique Nord et dans le Pacifique Nord-Est, et typhon dans le Pacifique Nord-Ouest. L’intensité des cyclones est définie par l’échelle de Saffir-Simpson qui les classe de 1 à 5 en fonction de la vitesse du vent. Pour atteindre la catégorie 5, la plus dévastatrice, les vents doivent dépasser 250 km/h.
« Dans le bassin sud-ouest de l’océan Indien, où se situe Mayotte, nous avons un classement spécifique qui va jusqu’au cyclone « très intense », ce qui correspond à peu près à la catégorie 5 de l’échelle Saffir. Simpson. Le Chido est considéré comme « intense », entre les catégories Saffir-Simpson 3 et 4. On en enregistre trois par an en moyenne de cette intensité », indique François Bonnardot, responsable du système de prévision à l’établissement Météo-France de La Réunion. Un cyclone est « intense » pour des vents d’une vitesse moyenne de 176 km/h sur dix minutes dans le mur oculaire, le centre de la dépression.
2 – La trajectoire la plus défavorable
L’immense malchance de Mayotte tient au fait que la trajectoire de Chido l’a fait transiter juste au-dessus de l’île principale de l’archipel, la Grande-Terre. « La plupart du -, ces systèmes évoluent au-dessus des océans. Il est très peu probable que l’œil passe au-dessus d’une île. Chido serait allé 50 kilomètres plus au nord ou plus au sud, ses effets sur Mayotte auraient été faibles. C’est vraiment dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres autour de l’œil que les vents sont dévastateurs », poursuit François Bonnardot.
« Habituellement, Mayotte est protégée par la pointe nord de Madagascar, à l’est. Les cyclones se dirigeant vers l’Afrique se dissipent généralement sur la côte est de la grande île. C’est ce qui aurait pu arriver à Chido. Mais sa trajectoire s’est décalée vers le nord ces derniers jours, il n’a pas touché terre à Madagascar et il est ensuite redescendu vers Mayotte sans se désorganiser », explique le scientifique.
3 – L’influence incertaine du réchauffement
Les cyclones tropicaux naissent au-dessus des eaux chaudes. Avec le réchauffement climatique, les eaux de surface gagnent des degrés supplémentaires, ce qui peut transférer davantage d’énergie aux cyclones. Les modèles climatiques prédisent en effet une augmentation de leur intensité d’ici la fin du XXIe siècle.e siècle, mais pas en nombre. Ils devraient également apparaître à des latitudes plus élevées, tant dans les hémisphères nord que sud, car les eaux y seront plus chaudes.
« Cependant, il est compliqué à ce stade de relier Chido au réchauffement climatique. Les systèmes les plus intenses sont trop peu nombreux pour identifier une tendance fiable sur quelques décennies dans le sud-ouest de l’océan Indien », juge François Bonnardot.