L’actrice a crié “Mais tais-toi.” en direction du réalisateur Christophe Ruggia, jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour l’avoir agressée sexuellement alors qu’elle était mineure.
Un acte qui n’est pas sans rappeler la cérémonie des César 2020 où l’actrice avait également quitté la salle pour dénoncer la nomination de Roman Polanski comme meilleur réalisateur. « On se lève et on sort » est depuis devenu un slogan dans certains mouvements féministes.
Ce lundi, le procès de Christophe Ruggia, accusé par Adèle Haenel de l’avoir agressé sexuellement alors qu’elle avait entre 12 et 14 ans, s’est ouvert devant le tribunal correctionnel de Paris. Le deuxième jour, les propos du réalisateur, alors aux commandes, ont provoqué la colère de l’actrice. “Mais tais-toi.”a-t-elle crié avant de quitter la salle d’audience.
«Cinq ans de procédure d’une violence inouïe pour cette victime qui doit rester là et entendre les explications données par cet accusé, voir la manière dont il répond, la façon dont il se comporte et les propos qu’il tient. Elle sait qu’il faut se contenir. Elle a participé au jeu juridique. Elle l’a fait de manière authentique, comme elle a fait tout le reste et en réalité, tout le monde dans la pièce a senti que ça montait. »raconte ce soir dans « Quotidien » Me Anouck Michelin, avocate d’Adèle Haenel, partie civile. 5 ans de prison dont 2 fermes sont requis contre Christophe Ruggia. Le jugement sera rendu le 3 février.
Il reprend le contrôle et il souille son nom pour la énième fois en ces deux jours.
Me Anouck Michelin, lawyer for Adèle Haenel, in “Quotidien”
Un mot précis a déclenché la colère de son client. Alors qu’on étudie le profil de Christophe Ruggia, ce que le tribunal appelle la phase de personnalité, le cinéaste rappelle que c’est lui qui a conseillé à l’actrice de choisir Haenel comme nom de scène, “pour la protéger”. “Bien sûr, ça l’a fait exploser.”assure l’avocat avant d’expliquer : « Il reprend le contrôle et il souille son nom pour la énième fois en deux jours ».
Un comportement instinctif que M. Yann Le Bras, qui défend également l’actrice, voudrait commenter dans le talk-show de Yann Barthès : « Lorsqu’un enfant est victime d’une agression sexuelle, du vol de son corps, de son innocence, de son enfance, la douleur reste une plaie béante malgré le - qui passe. Et les phases de procédure judiciaire sont des phases de réminiscences violentes. ».
« Parfois, la colère éclate, les gens tombent à terre. Il y a des sanglots, il y a des gens qui quittent la pièce. Tout cela arrive. Il faut donc accepter qu’il puisse y avoir de l’émotion, des larmes, de la colère dans un public. Qu’on peut s’énerver face aux élucubrations”ajoute-t-il.
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