changer de dogme ou rester aux mains du RN, le dilemme du président

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STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP Le dilemme de Macron (ici le 12 juin) qui se joue derrière les discussions à l’Élysée

STÉPHANE DE SAKUTIN / AFP

Le dilemme de Macron (ici le 12 juin) qui se joue derrière les discussions à l’Élysée

POLITIQUE – La croisée des chemins – sommet. Le président de la République reçoit ce mardi 10 décembre à l’Élysée tous les partis représentés à l’Assemblée nationale, à l’exception du Rassemblement national et de la Insoumise. Objectif : discuter d’un « méthode » pour donner au futur gouvernement la stabilité qui manquait à Michel Barnier.

Depuis le vote de la motion de censure, et la chute du locataire de Matignon il y a une semaine, les mouvements sont nombreux dans la classe politique. A gauche, à droite, au centre, le champ lexical du « compromis », bien que si rare jusqu’à présent, s’est institué en signe d’ouverture et de dialogue. Les prémices d’une sortie de crise ?

Pas si vite. Pour le président de la République, une fois de plus au centre du jeu, ces concertations prennent la forme d’un dilemme quasi impossible. Ils peuvent effectivement lui permettre de donner un vent de fraîcheur à la future équipe gouvernementale, en la sortant des griffes du RN de Marine Le Pen. Mais à une condition épineuse : revoir ses résultats, remettre en question ses dogmes.

Marginaliser les RN…

Emmanuel Macron et ses partisans ont en effet une opportunité inespérée de marginaliser le Rassemblement national et de réduire à néant son pouvoir sur le futur gouvernement. Intéressant, quand on connaît la (zéro) fiabilité du mouvement d’extrême droite, et quand le souvenir de Michel Barnier, contraint, à 73 ans et avec un solide bagage, d’implorer Marine Le Pen pour qu’elle ne le censure pas, est toujours aussi frais.

Pour éviter l’acte II de cette tragédie, une seule solution : le président de la République, et le camp qui le soutient à l’Élysée depuis 2017, doivent se ranger du côté de la gauche. C’est de l’arithmétique, un alliage qui réunirait écologistes, socialistes, macronistes (et partis satellites) n’aurait même pas besoin de la bénédiction des Républicains pour échapper à d’éventuelles motions de censure du Rassemblement National et de la France Insoumise. Cela tombe bien, le PS notamment est enclin à discuter.

Dès lors, deux options pour Emmanuel Macron. Il peut d’abord nommer la gauche à Matignon (comme elle l’exige) et demander à ses troupes de jouer le rôle d’arbitre qu’il avait laissé au Rassemblement national. Ou encore, il peut discuter avec les socialistes et les écologistes (les deux mouvements les plus enclins à la négociation) de leurs conditions de non-censure d’un futur gouvernement. Laquelle s’appuierait sur la précédente coalition entre LR et le bloc présidentiel. Pas simple du tout.

Pour cause, si la deuxième hypothèse semble plus probable à l’heure actuelle, le chef de l’Etat n’ayant jamais vraiment envisagé la nomination d’une personnalité du PFN, il faudra encore que cette dernière accepte de lâcher du lest. Dans un cas comme dans l’autre.

… En détricotant son bilan ?

A l’heure actuelle, il est en effet difficile pour les Roses ou les Verts de s’entendre avec les troupes présidentielles, qu’ils ont détestées ces dernières années, sans rien en retour. Dans ce contexte, il n’est pas anodin de voir les dirigeants du PS se relayer ce mardi dans les médias pour exiger du président de la République un « changement de direction », ou un « remise en question de ses dogmes »selon les propos de Raphaël Glucksmann à la Une du Libération.

Concrètement, les partis favorables à la négociation réclament une accélération de la transition écologique, une nouvelle approche des services publics et surtout le scalp de la politique économique macroniste. Cette sacro-sainte stratégie dite « de l’offre » qui vise à épargner les entreprises ou les plus riches de l’impôt afin d’espérer le « ruissellement » sur le reste de la population et les plus vulnérables.

Bref, s’il souhaite un peu de stabilité pour la future équipe gouvernementale et pour la suite de son mandat, le « maître des horloges » n’a d’autre choix que de détricoter une partie de son bilan. Même la réforme des retraites ? La question de son abrogation est aussi centrale que révélatrice. Il s’agit d’une revendication majeure du NFP, les partis de gauche qui prétendent qu’elle ne pourra l’ignorer au moment de trouver un accord avec les macronistes. De l’autre côté, elle fait office de ligne rouge, avec un camp présidentiel craignant de voir potentiellement torpillée l’unique réforme du deuxième quinquennat de Macron.

Chaque chemin sera tortueux pour le chef de l’Etat. Soit il tourne à gauche, et gratte son palmarès et certains de ses succès. Soit il reste à droite, et continue de suspendre le gouvernement aux volontés des lépénistes. En résumé, soit il remet en cause sa réforme des retraites, soit il promet une nouvelle loi sur l’immigration sur le terrain du Rassemblement national. LE ” en même - » n’est plus possible. Sur une ligne de crête, l’indécision peut provoquer une chute.

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