Il s’agit de médicaments largement consommés par les Français pour déboucher le nez, mais considérés comme dangereux pour la santé. A partir de ce mercredi, “une ordonnance doit être présentée” obtenir huit médicaments vasoconstricteurs des soi-disant “anti-rhumes”, a-t-on appris ce lundi soir franceinfo qui a eu accès aux recommandations de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). « Conseil médical préalable et systématique » sera nécessaire, ajoute l’ANSM. Fin novembre, elle avait déjà indiqué que elle envisageait de retirer ces traitements des ventes en vente libre.
L’ANSM souhaite limiter « exposition des patients à des risques rares mais graves associés à ces médicaments » comme l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral. “C’est dommage de courir le risque d’avoir un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque à cause d’un simple rhume” estimé fin novembre sur franceinfo le docteur Jean-Paul Hamon, médecin généraliste et président d’honneur de la Fédération des Médecins de France (FMF).
Les médicaments concernés sont : Actifed Rhume, Actifed Rhume jour et nuit, Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, Dolirhumepro Paracétamol Pseudoéphédrine et Doxylamine, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine et Rhinadvilcaps Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine.
De nouveaux risques neurologiques
Selon l’ANSM, « de nouveaux risques neurologiques ont été confirmés par l’Agence européenne des médicaments (EMA) »s’ajoutant aux risques déjà connus. « Ces effets indésirables peuvent apparaître chez des patients sans facteurs de risque ni antécédents médicaux, quelles que soient la dose et la durée du traitement »alerte également l’Agence du médicament. Elle souligne également des cas d’abus. Comme ces médicaments sont en vente libre, « la durée maximale de traitement recommandée et les contre-indications ne sont pas toujours respectées »par les patients. Ainsi, l’ANSM considère « que la possibilité d’obtenir ces médicaments sans avis médical présente un risque trop important pour les patients ». Par ailleurs, l’Agence appelle les médecins généralistes à la plus grande prudence et leur demande « d’évaluer soigneusement la balance bénéfice/risque pour chaque patient avant de prescrire l’un de ces médicaments ».
L’institution a tenté de limiter les ventes de ces vasoconstricteurs, en interdisant toute publicité en 2018 ou en multipliant les recommandations aux professionnels. À la fin de l’année dernièrel’ANSM a pour la première fois officiellement déconseillé l’usage de ces médicaments, ce qui a entraîné une baisse temporaire de la consommation, rapporte franceinfo. Or, depuis septembre dernier, l’Agence de sécurité du médicament constate «une nouvelle hausse des ventes des laboratoires »ce qui motive cette nouvelle recommandation.
Pourquoi ces traitements ne sont-ils pas interdits ?
Pourquoi ne pas interdire complètement ces médicaments ? Les autorités sanitaires françaises expliquent régulièrement avoir les mains liées par la réglementation européenne, qui subordonne le retrait d’une autorisation à l’avis de l’Agence européenne du médicament. Or, l’EMA a estimé l’année dernière que les traitements anti-rhume concernés ne présentaient pas suffisamment de risques pour les interdire, même si elle imposait de nouvelles contre-indications.
Cet avis s’explique par le fait que les effets secondaires graves restent très rares. Quelques-uns sont signalés chaque année et, en France, aucun décès n’a été signalé. Les autorités européennes et françaises sont donc en désaccord, ces derniers considèrent que le risque, même faible, est inacceptable compte tenu du caractère bénin de la maladie traitée : un simple rhume. « Trop de patients restent exposés à des risques graves par rapport aux modestes bénéfices de ces médicaments »juge l’ANSM.