en Syrie, après la chute de Bachar Al-Assad, une anarchie mi-festive mi-inquiète

en Syrie, après la chute de Bachar Al-Assad, une anarchie mi-festive mi-inquiète
en Syrie, après la chute de Bachar Al-Assad, une anarchie mi-festive mi-inquiète

« Ils sont partis, ils sont partis ! » » Dans le taxi, Adnane, la quarantaine, assis sur le siège passager avant, s’exclame frénétiquement à chaque checkpoint déserté par l’armée syrienne sur la route qui sépare la frontière libanaise de Damas, la capitale syrienne. « Ici, c’était l’armée ; là, les renseignements de l’armée… »raconte-t-il, montrant les bâtiments occupés il y a à peine vingt-quatre heures par les pléthoriques et redoutés services de sécurité de la dictature de Bachar Al-Assad, tombée dans la nuit du samedi 7 au dimanche 8 décembre. Le tout en multipliant les vidéos. appelle et filme autour de lui : « Mon Dieu, tu ne croiras pas où je suis. Nous rentrons à la maison ! Nous rentrons à la maison ! » L’entrée en Syrie donne lieu à un concert de klaxons.

Auparavant, le poste frontière de Masnaa, plus au sud et du côté libanais, était plus une foire que l’habituelle austérité sécuritaire qui sied au lieu. Le bruit des armes automatiques et des feux d’artifice résonne dans les montagnes de la vallée de la Bekaa. Les véhicules arrivent en file indienne, fenêtres ouvertes, familles assises sur le bord des portes, drapeaux de la révolution syrienne à la main. La norme est partout, imprimée sur des feuilles, peinte sur le capot d’une voiture, dessinée sur des visages d’enfants.

Personnes entrant en Syrie par le poste frontière de Masna, dans la vallée de la Bekaa, au Liban, dimanche 8 décembre. HASSAN AMMAR/AP
Liban, 8 décembre 2024 – Poste frontalier de Masna, Liban. AMR ABDALLAH DALSH / REUTERS

Le contrôle de la sécurité générale (la branche sécuritaire chargée des étrangers) est rapide, les autorités libanaises ayant décidé de faciliter le retour des réfugiés syriens chez eux. Pour ces derniers, le choc émotionnel est vertigineux ; certains n’ont pas vu leur pays depuis plus d’une décennie.

Ambiance chaotique

Mostapha, 13 ans, a les larmes aux yeux. “Je ne sais pas comment vous dire à quel point je suis heureux”exulte-t-il, sous le regard tendre de son oncle. Au début de la guerre en 2011, sa famille a fui son pays pour se réfugier à Tripoli, la principale ville portuaire du nord du Liban. « Je suis né ici. Je n’ai jamais vu mon pays »dit-il, les bras appuyés sur une barrière métallique, observant le spectacle frénétique qui s’ouvre devant lui.

Debout sur le bloc de béton d’un checkpoint, un homme crie et répète : « Vive la Syrie libre ! » » La foule compacte qui s’est formée devant lui répète en chœur. Qu’importe “l’avenir”dit un homme, “Dieu est avec nous”. Là, au creux de cette gorge aride, se termine un long exil et une nouvelle vie commence.

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