Huit députés sur douze en Gironde ont voté ce mercredi 4 décembre la censure du gouvernement. Seuls quatre d’entre eux n’ont pas appuyé sur le bouton du siège éjectable du Premier ministre qui aura marqué l’histoire du V.e République par la brièveté de son mandat.
Sophie Mette pour le MoDem, Florent Boudié, Sophie Panonacle et Thomas Cazenave du groupe Renaissance, n’ont pas franchi le rubicond. Non pas qu’ils soient d’ardents partisans de Michel Barnier et de son gouvernement. Ce mardi 3 décembre encore, l’ancien ministre du Budget a glissé un dernier coup dans les colonnes de Libération pour critiquer la volonté du gouvernement de durcir les conditions d’indemnisation des arrêts maladie des agents publics. Une scène de genre qui s’est répétée ces trois derniers mois et qui montre à quel point le « bloc central » n’en a jamais été un.
Besoin
Sans surprise, les députés de gauche – ils étaient sept élus sous l’étiquette Nouveau Front populaire lors des dernières législatives – ont voté la censure. Dans le détail, cela donne la parole à deux Insoumises (Mathilde Feld et Loïc Prud’homme), quatre socialistes (Pascale Got, Marie Récalde, Alain David et Sébastien Saint-Pasteur) et l’écologiste Nicolas Thierry.
« Une telle décision n’est jamais anodine, encore moins dans une période d’instabilité accrue par la dissolution ratée du président de la République »
Les Insoumis Mathilde Feld et Loïc Prud’homme estiment : « Garantir des revenus décents, développer nos services publics, organiser la bifurcation écologique et prendre soin des plus vulnérables… Tout cela est possible, en supprimant les privilèges fiscaux dont bénéficie une infime minorité de la population. . population et multinationales. » Conformément à la ligne de LFI, ils exhortent le président de la République à choisir : « Respecter enfin le résultat des sondages, qui placent le Nouveau Front populaire en tête, en nommant Lucie Castets à Matignon, ou partir. »
Regrets
Côté socialiste, Pascale Got, députée du Médoc, regrette « qu’on en soit arrivé au point de la censure mais il n’y a pas d’autre choix que de voter pour ». « Sinon, c’est entériner les budgets de M. Barnier avec la suppression de 4 000 enseignants, la baisse des revenus des collectivités, les conséquences pour leurs habitants et leurs associations. C’est accepter le maintien de la retraite à 64 ans […] Le nouveau chef du gouvernement doit agir dans le dialogue et l’apaisement avec les partis progressistes et les partenaires sociaux. »
Alain David, député PS de la rive droite, estime que « Michel Barnier, dès son arrivée au pouvoir, a écarté nos propositions visant à protéger les classes populaires et à impliquer les plus riches et le monde de la finance ». Et d’ajouter : « La censure de ce budget est non seulement de notre responsabilité, mais aussi d’une nécessité pour demander au chef de l’Etat de revoir sa copie. »
Tous dénoncent les concessions faites au RN. Pour Sébastien Saint-Pasteur, puisqu'”à aucun moment le gouvernement n’a écouté nos propositions, après la découverte de 50 milliards de dettes supplémentaires et face à l’indignité du dialogue avec le Rassemblement national, le choix de la censure s’est imposé”.
Dérivé
De son côté, l’écologiste Nicolas Thierry reconnaît qu’« une telle décision n’est jamais anodine, encore moins dans une période d’instabilité accrue par la dissolution ratée du président de la République. Mais cette censure est aussi un refus catégorique de soutenir un Premier ministre prêt à courtiser l’extrême droite. Ses concessions inacceptables à Marine Le Pen, notamment sur l’aide médicale de l’État, trahissent les valeurs républicaines. Comment tolérer de telles décisions alors qu’une majorité de Français s’est levée il y a quelques mois pour faire barrage à l’extrême droite ? Ce vote est un acte de responsabilité face à une dérive politique et morale que je refuse de voir triompher.»
Alliance ?
Edwige Diaz, seule députée du Rassemblement national en Gironde, a également voté la censure. « Face à un budget punitif, récessif, dangereux et injuste, j’ai voté la censure du gouvernement de Michel Barnier. Ce vote n’est en aucun cas une alliance avec LFI, contrairement aux mensonges éhontés du bloc central qui tente de s’accrocher à ses positions en trompant l’opinion avec une rare détermination”, assure l’élu.
« Face à un budget qui prévoyait plus de 30 milliards d’euros d’impôts supplémentaires, tout en étant incapable de réduire le déficit, face à un gouvernement qui suscitait prodigieusement un mécontentement généralisé au sein de la population, il était de ma responsabilité de respecter les électeurs du National. Rassembler et servir l’intérêt national en évitant le pire. »