“La stratégie de Jean-Luc Mélenchon ne nous impose rien”, estime Dominique Potier (PS)

“La stratégie de Jean-Luc Mélenchon ne nous impose rien”, estime Dominique Potier (PS)
“La stratégie de Jean-Luc Mélenchon ne nous impose rien”, estime Dominique Potier (PS)

jeOn peut les compter sur les doigts d’une main. Sept députés du Nouveau Front populaire (NFP) n’ont pas signé la motion de censure déposée lundi par leur camp. Parmi eux, le socialiste Dominique Potier explique son choix au Indiquer. S’il devait voter ce mercredi 4 décembre le renversement d’un gouvernement qu’il estime trop lié au Rassemblement national, le parlementaire de Meurthe-et-Moselle estime que le Parti socialiste aurait dû déposer sa propre motion, pour « exprimer la perspective du lendemain ». Surtout, l’élu réclame la formation d’une « union républicaine » pour « s’affranchir de l’extrême droite ». Quitte à rompre avec les positions de La insoumise, qui réclame la démission d’Emmanuel Macron.

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Le point : Vous n’avez pas signé la motion de censure commune au Nouveau Front Populaire (NFP). Pour quoi ?

Dominique Potier: Je voulais qu’il y ait une motion spécifique au groupe socialiste qui exprime la perspective du lendemain. C’est important pour le pays. Voter en censure pour ajouter au chaos est pour moi impossible. Je milite pour que le PS soit dans la construction d’une union républicaine pour parvenir à un gouvernement qui ne soit plus sous le contrôle du Rassemblement National (RN).

Il faut s’éloigner de la fiction estivale que l’on a trop entretenue, consistant à croire que chacune des forces politiques pouvait gouverner seule. Il y a une stratégie du chaos qui est peut-être celle de certains, mais ce n’est ni celle du PS ni la mienne. Nous n’avons pas le loisir de vivre une nouvelle crise. D’autant qu’entre l’été et aujourd’hui, la donne a changé.

C’est à dire ?

Il y a trois nouveaux éléments. D’abord le choc de la révélation de l’ampleur du déficit public. Le deuxième élément est la menace qui pèse sur notre industrie et l’urgence pour notre agriculture. Depuis un mois et demi, les plans sociaux se succèdent, avec la perspective d’un retour du chômage et de la perte de souveraineté industrielle. Le troisième enjeu, géopolitique, est l’élection de Donald Trump. Son influence, combinée à celle de Vladimir Poutine et de la Chine, peut fracturer l’Union européenne. Je ne pense pas que la voix de la France manque au sein de l’Union européenne. Nous avons besoin d’une France puissante dans sa diplomatie car l’Union – même incomplète – est notre bien commun le plus précieux dans un monde qui n’a jamais été aussi dangereux depuis des décennies.

Cette proposition d’« union républicaine » fait-elle l’unanimité au sein du Parti socialiste ?

Avec d’autres, je le défends depuis le 7 juillet. Notre groupe dialogue de manière exemplaire. Cette position majoritaire est celle qui a été affirmée dans le communiqué que le groupe socialiste a publié ce lundi. J’espère que nous ne serons pas les seuls à gauche à défendre cette ligne. Nos amis écologistes savent que l’UE est notre force dans le défi énergétique et donc économique, et nos alliés communistes sont en première ligne pour la souveraineté industrielle.

Mais soyons clairs : je ne fais pas de cette solution un idéal de gouvernement, c’est un projet pour 2025 et 2026. En 2027 viendra le - de choisir de nouvelles orientations et de départager différents projets pour notre société. Mais l’urgence est aujourd’hui de s’affranchir de l’extrême droite et d’éviter qu’elle accède au pouvoir en 2027.

A LIRE AUSSI “Les ennuis commencent” : le PS dans le piège de la motion de censure Mais le reste de la gauche, comme le bloc central, veut-il vraiment cette union ?

Je dialogue avec des collègues écologistes, communistes, centristes et avec certains républicains. Au-delà des postures, je sais que cette aspiration existe. Ce n’est pas une recomposition de la vie politique qui est proposée, c’est un principe de réalité ! Aujourd’hui, si les forces démocratiques et républicaines sont divisées, elles sont à la merci de l’extrême droite. C’est la vraie instabilité ! Cependant, je pense que le Parlement peut devenir un lieu de compromis sur un certain nombre de points essentiels. On peut se mettre d’accord sur une dizaine de textes sur lesquels il peut y avoir convergence, sur l’aménagement du territoire ou l’humanisation du service public, par exemple. Bien sûr, il y a des sujets sur lesquels on ne sera jamais d’accord avec la droite et le centre : il faut accepter que ces divergences se règlent en 2027. D’ici là, il faut donner le signal qu’il y a un pacte de stabilité politique autour d’un nouveau gouvernement. pour éviter le chaos.

Vous annoncez cependant que vous voterez probablement la censure. N’est-ce pas paradoxal ?

Comme je vous l’ai dit, je voulais une motion du PS qui parle du lendemain. Or, je crois que le communiqué de Michel Barnier, dans lequel il rend compte de ses échanges avec Marine Le Pen, est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Je n’ai aucune haine pour Michel Barnier, on peut même avoir une forme d’estime pour les valeurs gaullistes et l’Européen qu’il était, mais là, il commet une erreur politique majeure. Il a démontré l’impasse républicaine dans laquelle se trouve l’exécutif. C’est tragique pour nos valeurs fondamentales et la censure est donc nécessaire. La gauche a-t-elle été suffisamment intentionnelle dans son effort de dialogue depuis le 7 juillet ? Je n’ai pas peur, mais ni de l’Élysée, ni de Matignon, nous n’avons eu de propositions qui nous permettraient d’avancer. Michel Barnier s’est censuré. Jusqu’au bout, nous étions nombreux à gauche à espérer un compromis.

L’adoption de cette méthode de compromis ne nécessite-t-elle pas que le PS rompe formellement avec LFI ?

Le moment est venu de dire notre part de vérité et notre ligne. LFI n’est pas notre boussole pour savoir ce qui est bon pour notre pays. Notre communiqué a justement pour but d’indiquer que, nous concernant, nous sommes disponibles pour éviter le chaos. Que Jean-Luc Mélenchon choisisse une autre stratégie, qui est celle du limogeage d’Emmanuel Macron et d’une élection présidentielle anticipée, ne nous oblige en rien.

Lucie Castets doit-elle toujours être la candidate de gauche à Matignon ?

Je dis cela avec beaucoup de respect pour elle comme pour tous ceux qui sont impliqués, mais c’est une hypothèse qui n’est plus évoquée aujourd’hui.


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Mais seriez-vous prêts, sur la base d’un accord de non-censure, à aller jusqu’à accepter un Premier ministre étranger aux rangs du PFN ?

Plutôt que l’identité du futur Premier ministre, je suis attentif à ses capacités à comprendre quelles sont nos aspirations sociales-démocrates et écologiques, à la méthode proposée et à sa capacité à « rassembler dans la diversité ». Il faut identifier les sujets qui doivent constituer une base inébranlable pour les deux prochaines années. Je suis convaincu que la gauche a des projets de réforme qu’elle peut faire avancer. Même avec le centre et la droite républicaine, il existe des sujets d’intérêt général sur lesquels avancer ensemble. Au Sénat par exemple, la droite et la gauche ont soutenu ensemble les fondements d’un projet de loi visant à lutter contre le fléau du trafic de drogue. Ce type de texte ou d’autres sur l’adaptation au changement climatique sont susceptibles de nous rassembler.

 
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