En une dizaine d’années, Doctolib est devenu un acteur incontournable de la santé. La plateforme de prise de rendez-vous médicaux compte 50 millions d’utilisateurs enregistrés et dispose d’un quasi-monopole dans le pays. Une position renforcée pendant la crise du Covid où la plateforme, qui travaillait main dans la main avec le gouvernement, était plébiscitée pour les consultations vidéo.
Mais cette prédominance d’une entreprise privée dans le monde de la santé inquiète régulièrement les professionnels. Dernier épisode en date, le lancement du nouvel onglet baptisé « Santé » fait sensation jusque au sein du ministère, indique Le monde.
En concurrence avec Mon espace santé
Cette nouveauté, présentée le 20 novembre dans Ouest de la France et qui doit entrer en vigueur en 2025 et doit consolider les informations de santé du patient et « faciliter les échanges » avec des professionnels de santé.
Le problème, c’est que cet outil est accusé de concurrencer directement « Mon espace santé », le dossier de santé numérique mis en place par l’Assurance maladie en 2022 et qui regroupe tous les documents et ordonnances de chaque patient.
Utilisé par 15 millions de Français, cet outil ne devrait pas souffrir de la concurrence. « Le lieu de référence en matière d’hébergement des données de santé est le service public, avec « mon espace santé » […] et il y a une vraie ambiguïté à en proposer un autre »s’inquiète Thomas Fatôme, le directeur général de l’Assurance maladie, dans le quotidien du soir.
Ce qui inquiète Thomas Fatôme, comme de nombreux professionnels, c’est le risque de duplication entre deux services quasiment identiques. Et que le cas échéant, les utilisateurs privilégient la plateforme privée, avec les risques de confidentialité que cela pourrait impliquer.
Privatiser le dossier de santé
Certainement pas « privatiser le dossier de santé numérique »a défendu le patron de Doctolib, Stanislas Niox-Chateau, qui a ajouté “participer [r] activement dans le développement de « Mon espace santé » depuis son lancement ».
Des explications qui n’ont pas convaincu et, selon nos confrères, une tribune a circulé parmi les syndicats de médecins et les associations de patients, soulignant le « financiarisation de notre système de santé » et le risque de « privatisation » du dossier de santé numérique.
Un texte qui viendrait de la Direction du Numérique Santé, un service du ministère. Une pratique qui questionne Doctolib qui est étranglée par le fait que le texte émane de« une autorité de contrôle, celle qui certifie que nous respectons toutes les règles en matière de protection des données », selon Stanislas Niox-Chateau.
Une question délicate que le ministère de la Santé est invité à éclaircir.