Un retournement de situation auquel on ne s’attendait pas. Le président américain Joe Biden a annoncé ce dimanche 1er décembre la grâce de son fils Hunter qui avait été reconnu coupable de fraude fiscale et de détention illégale d’armes ces derniers mois par la justice. L’épilogue d’une affaire qui a marqué de bout en bout le mandat du 46e président des Etats-Unis.
De quoi Hunter Biden a-t-il été accusé ?
Cet ancien avocat et homme d’affaires, aujourd’hui reconverti à la peinture, a notamment été confronté à un chef d’accusation d’évasion fiscale et à deux chefs de fausses déclarations pour ne pas avoir payé 1,4 million de dollars d’impôts au cours des dix dernières années. Les premiers échos des poursuites contre Hunter Biden remontent à décembre 2020, soit un mois après l’élection de Joe Biden à la présidence des États-Unis. Le leader démocrate n’était même pas encore à la Maison Blanche lorsqu’il a dû faire face à cette polémique.
Le deuxième fils du président, âgé de 54 ans, a également été poursuivi pour détention illégale d’arme à feu, après avoir menti sur sa consommation de drogue en achetant un revolver de type Colt Cobra dans un magasin d’armes.
A-t-il été reconnu coupable ?
Oui, Hunter Biden a été reconnu coupable dans les deux affaires le concernant. Il a été reconnu coupable en juin 2024 de possession illégale d’une arme à feu alors qu’il consommait du crack, mais a également plaidé coupable de fraude fiscale lors de l’audience de l’affaire en septembre. Il a ainsi évité un second procès et la peine a été réservée jusqu’au 16 décembre. D’ici là, il risquait 25 ans de prison pour ces faits.
Que change cette décision de Joe Biden ?
Comme en France, le président américain a le droit de grâce. Mais outre-Atlantique, il est très courant que le locataire de la Maison Blanche l’utilise en fin de mandat à l’égard de nombreuses personnes reconnues coupables de crimes. Le président élu qui lui succède, en l’occurrence Donald Trump, ne pourra pas revenir sur cette décision.
Hunter Biden ne sera donc pas condamné pour les faits pour lesquels il est poursuivi et ne risque plus d’être emprisonné. Après avoir été reconnu coupable, le plus jeune fils de Joe Biden devait recevoir sa peine lors des audiences des 12 et 16 décembre. Elles seront probablement annulées par les juges, ou seront retenues et concluront à la nullité de la procédure.
La grâce accordée par le père à son fils est également très large puisqu’elle couvre les délits fiscaux et les délits liés aux armes à feu, ainsi que tous les potentiels délits fédéraux qu’Hunter Biden aurait pu commettre « entre le 1er janvier 2014 et le 1er décembre 2024 ». permet à l’ex-avocat de 54 ans de ne plus risquer de poursuites pour son mandat au conseil d’administration de la société gazière ukrainienne Burisma et la plupart de ses autres activités à l’étranger, y compris en Chine. Donald Trump s’était montré particulièrement minutieux à l’égard de ces fonctions et n’avait pas caché sa volonté de poursuivre Hunter Biden.
Pourquoi est-ce une surprise ?
Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2021, Joe Biden a toujours affirmé qu’il n’accorderait pas de grâce présidentielle à son fils. Il a voulu marquer sa différence avec Donald Trump, en rappelant l’intangibilité des décisions de justice. Son principe directeur n’a pas changé d’un iota jusqu’à présent : il refuse d’utiliser les pouvoirs « extraordinaires » de la fonction présidentielle au profit de sa famille.
Après la condamnation de Hunter Biden pour possession illégale d’armes en juin, il a souscrit à la décision du tribunal : « Je maintiens la décision du jury. Je le ferai et je ne lui pardonnerai pas. Pas plus tard qu’en septembre, le président américain affirmait une nouvelle fois ses positions alors que son fils venait de plaider coupable dans l’affaire de fraude fiscale.
Il a justifié son revirement dans sa grâce : “Je crois au système judiciaire, mais plus j’y pense, plus je pense que la politique est venue s’immiscer dans cette affaire et que cela a conduit à une erreur judiciaire”.
Est-ce une première ?
Non, Joe Biden n’est pas le premier président américain à user de son droit de gracier un membre de sa famille. Avant de quitter la Maison Blanche en 2001, Bill Clinton avait gracié son demi-frère reconnu coupable de possession de cocaïne en 1985 notamment. Plus récemment, Donald Trump a gracié le père de son gendre reconnu coupable de fraude fiscale, Charles Kushner. Il vient d’ailleurs de le nommer ambassadeur des Etats-Unis en France.
