Du redressement de PSA à sa démission, retour sur la chute de Carlos Tavares, l’ancien PDG de Stellantis

Du redressement de PSA à sa démission, retour sur la chute de Carlos Tavares, l’ancien PDG de Stellantis
Du redressement de PSA à sa démission, retour sur la chute de Carlos Tavares, l’ancien PDG de Stellantis

Passionné d’automobile et manager intransigeant, Carlos Tavares a contribué à faire de Stellantis une machine à profits avant que les difficultés ne s’accumulent récemment, conduisant à l’annonce de sa démission dimanche 1er décembre.

De sa nomination à la tête du groupe PSA jusqu’à son départ de Stellantis, retour sur les étapes qui ont marqué la carrière de Carlos Tavares.

De Renault à Peugeot-Citroën

Né à Lisbonne en 1958 et fréquenté le lycée français de la capitale portugaise, cet acteur central a lancé sa carrière chez Renault, avant de quitter son poste de numéro deux en 2013, muselé par le tout-puissant PDG de l’époque, Carlos Ghosn.

En 2014, il prend la direction du groupe PSA (Peugeot-Citroën), en grande difficulté, victime de la crise qui avait fait chuter le marché européen des voitures neuves. PSA a été sauvé de peu de la faillite par l’arrivée de l’Etat français et du constructeur chinois Dongfeng dans son capital.

Deux ans plus tard, PSA annonçait avoir atteint un « record de rentabilité », un résultat obtenu notamment grâce à une réduction drastique des coûts de production de ses véhicules.

Le pari réussi de la mégafusion en 2021

Carlos Tavares aurait alors réussi le pari de la méga-fusion entre PSA et FCA (Fiat-Chrysler) : depuis la création de ce groupe de quatorze marques en 2021 – de Peugeot à Fiat en passant par Chrysler et Maserati – Stellantis enchaîne les bénéfices nets. enregistrements.

Début 2023, l’entreprise a notamment annoncé la redistribution de 2 milliards d’euros à ses salariés sous forme de primes, allant de 4 300 € à 6 190 €. 4 milliards d’euros ont été versés aux actionnaires la même année selon l’intersyndicale CFDT Stellantis.

Alors que l’État français est actionnaire du groupe, une Source gouvernementale française interrogée par l’AFP a souligné dimanche que “Carlos Tavares aura mené le rachat d’Opel en 10 ans à la tête du groupe puis la fusion de PSA et Fiat Chrysler Automobiles en 2021, après avoir géré les perturbations importantes liées à la crise du Covid”.

La pénurie de puces électroniques, qui limitait la production de voitures, a permis à Stellantis de les vendre aux prix les plus élevés.

La figure controversée d’un « psychopathe de la performance »

“La direction de cette entreprise n’a pas peur d’être impopulaire” a répondu Carlos Tavares aux syndicats qui dénonçaient ses méthodes. Les salariés du groupe sont régulièrement incités à partir, en fonction des plans de suppressions d’emplois. Dans le même temps, Stellantis s’appuie de plus en plus sur des pays à bas coûts, comme le Brésil, le Maroc ou la Turquie, pour fabriquer ses voitures.

La méthode Tavares de réduction des coûts impliquait également de faire pression sur les fournisseurs. Un représentant syndical de Contitech, filiale de Continental, a dénoncé dans les colonnes de Ouest de la en 2022, le « pression permanente » exercé par Stellantis. « Les résultats financiers de notre entreprise ne sont pas bons car les clients n’évaluent pas correctement le prix de nos pièces. » a-t-il estimé.

A propos du patron portugais, avec qui elle a travaillé pendant «presque huit ans» En tant qu’ancienne déléguée syndicale centrale, la secrétaire du CSE (CFDT) de l’usine rennaise de La Janais Christine Virassamy s’est confiée dimanche à l’AFP. “quelqu’un d’assez controversé”, qui s’était désigné comme un « psychopathe de la performance ».

En avril 2024, la rémunération exceptionnelle de 36,5 millions d’euros accordée par les actionnaires de Stellantis à Carlos Tavares avait suscité une vive polémique. Il s’est défendu lors d’un voyage en Moselle, affirmant que 90 % de son salaire était «fait par les résultats de l’entreprise». « Si vous pensez que ce n’est pas acceptable, faites une loi et changez la loi et je la respecterai. » il a ajouté. Déjà en 2022, Emmanuel Macron avait jugé « choquant et excessif » la quantité “astronomique” de la rémunération du directeur général.

Des ventes en berne en 2024

Après avoir enregistré des performances records les années précédentes, Stellantis a craché un premier semestre 2024, avec un bénéfice net divisé par deux. Avant de voir ses ventes au troisième trimestre plonger de 27%, à 33 milliards d’euros, plombées par ses difficultés en Amérique du Nord, avec des véhicules à la qualité critiquée et aux prix jugés trop élevés.

Carlos Tavares a dû abandonner fin septembre son sacré objectif de marge opérationnelle « à deux chiffres » pour l’année. “Ce n’est pas Stellantis qui est (en difficulté), isolé au milieu de l’industrie automobile […]C’est Stellantis, Volkswagen, BMW, Mercedes, et ce n’est probablement pas encore fini, a expliqué Carlos Tavares.

L’électrification forcée de l’automobile complique les perspectives de ces constructeurs dans un marché déjà morose. « Tout le monde connaît les règles depuis longtemps, tout le monde a eu le temps de se préparer, et maintenant nous courons. » lançait Carlos Tavares en septembre dans un entretien à l’AFP, après avoir longtemps contesté une transition “dogmatique” vers le 100% électrique en 2035.

Le leader a affirmé vouloir “contribuer à résoudre le problème” du réchauffement climatique, pour ses quatre petits-enfants, tout en protégeant « liberté de mouvement » les citoyens dans leur voiture.

Parallèlement, il a bousculé l’organisation du groupe début octobre, en choisissant des profils plus commerciaux pour dynamiser les ventes.

L’année 2024 a également été marquée par des retards dans les lancements de plusieurs modèles, provoqués notamment par des problèmes électroniques. La baisse de production dans de nombreuses usines n’a pas manqué d’inquiéter, comme en Italie, siège de Fiat, où des milliers de manifestants ont réclamé des comptes à la mi-octobre.

A lire aussi : RAPPORTS. A Turin, les ouvriers de Stellantis ont l’impression que leur usine s’éteint lentement

En France, la direction du groupe a assuré la semaine dernière qu’aucune fermeture d’usine n’était prévue à court terme malgré une baisse attendue de la production. Mais au Royaume-Uni, le groupe a annoncé la fermeture de son usine Vauxhall de Luton (au nord de Londres), qui emploie plus de 1 100 personnes.

Un démarrage accéléré

Le conseil d’administration avait déjà suspendu Carlos Tavares, 66 ans, en annonçant début octobre sa retraite d’ici 2026 en lançant un processus de succession. « Si vous demandez à ma femme, elle vous dira que c’est une exigence de sa part. Je suis un bon mari. le désormais ex-patron de Stellantis avait certifié il y a quelques semaines sa future retraite.

Mais des désaccords hâtèrent son départ. Le conseil d’administration, réuni dimanche, “a accepté la démission de Carlos Tavares”, a indiqué la maison mère de Peugeot, Jeep et Fiat, dans un communiqué. Les planètes n’étaient plus alignées, avec « différents points de vue » entre le conseil d’administration et le dirigeant, a expliqué Henri de Castries, directeur de Stellantis.

John Elkann, héritier du principal actionnaire du groupe, la famille italienne Agnelli, avait notamment exclu toute fusion avec un autre groupe automobile, dans un entretien à l’AFP en octobre, tandis que le patron portugais laissait la porte ouverte. Le chef d’entreprise italien prend la tête d’un nouveau comité exécutif provisoire.

Le processus de nomination du nouveau directeur général du groupe est déjà “en bonne voie” et « sera achevé au cours du premier semestre 2025 », » a souligné le groupe.

 
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