Le calendrier
Si lors de la réunion de la commission paritaire (CMP) qui réunit sept sénateurs et sept députés mercredi, un texte de compromis est trouvé, le projet de budget de la Sécurité sociale reviendra à l’Assemblée lundi 2 décembre. puis recourir, « certainement » selon ses propres mots, à un premier 49.3 pour le faire adopter sans vote, ce qui le soumettra de fait à une motion de censure promise par la gauche et qui pourra être examinée au plus tôt le 4 décembre. Marine Le Pen maintient le suspense sur ses intentions lors de cette première motion de censure. Ajoutés aux voix de la gauche, celles du Rassemblement national permettraient de faire tomber le gouvernement. Si la CMP n’est pas concluante mercredi, le texte reprendra cependant sa navette parlementaire.
Parallèlement, un deuxième texte, moins emblématique, qui fixe les ajustements budgétaires pour l’année 2024, devrait arriver en commission mixte paritaire le 3 décembre. S’il est accepté, il sera soumis au vote des députés le lendemain et sera probablement soumis au vote des députés. être adoptée d’ici 49.3. Il y aura donc un nouveau risque de motion de censure, au plus tôt le 6.
Enfin, le budget de l’Etat doit être voté le 12 décembre par les sénateurs. Une CMP sera ensuite convoquée vers le 16 décembre. Retour dans l’hémicycle le 18 avec toujours recours « définitivement » au 49.3. Et l’examen d’une motion de censure dès vendredi 20.
Les conséquences politiques
Si le gouvernement Barnier tombe, constitutionnellement, le président Emmanuel Macron devra nommer un nouveau Premier ministre. Plusieurs options s’offrent à lui, toutes risquées alors qu’il ne peut pas convoquer de nouvelles élections législatives avant juillet 2025. Avec une Assemblée nationale très polarisée et divisée en trois grands camps, gauche, centre-droit et extrême droite, qui ne parvient pas à trouver un compromis. entre eux, le risque d’une nouvelle censure est très élevé.
Emmanuel Macron pourrait décider de renommer Michel Barnier, prêt à faire des concessions pour cajoler le Rassemblement national. La rumeur d’une nomination de Bernard Cazeneuve, de gauche mais anti-Nouveau Front populaire, demeure, tout comme celle de la formation d’un gouvernement technique.
Les conséquences budgétaires
Il faudra en tout cas voter des mesures budgétaires pour 2025. Un «shutdown», une paralysie administrative à l’américaine, où par exemple les fonctionnaires ne seraient plus payés, est très peu probable grâce aux multiples mécanismes de la Constitution. .
Cette dernière prévoit que si le Parlement ne s’est pas « prononcé » dans certains délais sur le budget, le gouvernement peut recourir à des ordonnances dont les échéances sont fixées cette année respectivement au 5 et au 21 décembre, selon un document de l’Assemblée. . Toutefois, cette solution s’accompagne de questions juridiques qui pourraient freiner le recours aux ordonnances.
Le gouvernement peut aussi demander à l’Assemblée de voter avant le 11 décembre uniquement les « recettes » du budget, ou encore déposer avant le 19 décembre une loi spéciale pour collecter les impôts. Avant d’engager les dépenses strictement nécessaires au fonctionnement de l’État, sur la base de celles du budget 2024. La France a eu des précédents en 1963 et 1980. Quelle que soit la voie choisie, une question se poserait : un gouvernement censuré, censé gérer les affaires courantes, pourra-t-il faire fonctionner la machine budgétaire ?
Inquiétudes sur les marchés
L’agence de notation S&P doit se prononcer vendredi sur la dette de la France, dont les finances publiques sont gravement dégradées, avec un dérapage du déficit public attendu en 2024 pour la deuxième année consécutive. La deuxième économie de la zone euro derrière l’Allemagne est actuellement notée « AA- » avec une perspective stable. Mais une éventuelle chute du gouvernement Barnier inquiète les investisseurs : l’écart entre les taux souverains français à 10 ans et ceux de l’Allemagne a atteint mardi son plus haut niveau depuis 2012. Le risque est celui d’une hausse du coût déjà très élevé de la dette du pays. .