« J’ai l’infini à ma portée, je le vois, je le sens, je le touche, je m’en nourris et je sais que je ne pourrai jamais l’épuiser. Et je comprends ma révolte irrépressible lorsque je vois la nature supprimée : mon infini m’est enlevé. Infiniment misérable, penserez-vous, que celui qui peut mourir par la main de l’homme. Une petite chose, une toute petite chose : le respect volontaire de la nature. Une bonne volonté fragile quand tout nous pousse à l’exploiter sans mesure. Une petite chose aussi, la vie entourée de l’immensité de la mort, une union précaire de conditions rares, un miracle comme le fonctionnement d’un organisme perturbé par la perturbation d’une infime partie. C’est là le nœud de mon expérience, tout ce que j’ai dit auparavant n’était qu’un préambule, ce que je dis après ne sera qu’une déduction.
Cela m’a surpris, puis m’a irrité, de voir que cela ne semblait pas aussi clair et décisif à mes amis qu’à moi-même. Pourtant, je me suis dit : et si je leur donnais un crayon et leur demandais. pour reproduire une image qu’ils croient voir clairement en eux-mêmes, ils seront bien empruntés. Ils diront peut-être qu’ils ne savent pas dessiner faute de compétences manuelles, qu’ils n’ont pas la « main », le « coup de crayon ». Un crayon, cependant, est très facile à manipuler. Si Léonard de Vinci dessinait un cercle parfait ou si les peintres japonais traçaient avec un pinceau une ligne très fine, Renoir peignait ses dernières œuvres avec un pinceau attaché à une main crampée par les rhumatismes. J’ai souvent réalisé des croquis après des heures passées à attendre, frissonnant et glacé, plein de crampes, les mains engourdies. Ils ne savent pas, me suis-je dit, qu’apprendre à dessiner, c’est simplement apprendre à voir. Extrait de Et la nature ? Reflet d’un peintre du naturaliste suisse Robert Hainard
Le naturaliste Robert Hainard et l’ornithologue Paul Géroudet ont inspiré le photographe Vincent Munier. Il confectionne ses premières affûts vers l’âge de 12 ans pour approcher les animaux sauvages.
Plus tard, ouvrier horticole, maçon, photojournaliste, il enchaîne les petits boulots pour financer l’achat de matériel photographique. Encouragé par plusieurs succès au concours « Wildlife Photographer of the Year » organisé par la BBC, il décide en 2000 de se consacrer exclusivement à la photographie animalière.
En 2022, il reçoit le César du meilleur film documentaire pour La Panthère des Neiges coréalisé avec Marie Amiguet.
La nouvelle de Vincent Munier :
À l’affût Du 4 mai 2024 au 9 mars 2025 Royal saltworks of Arc-et-Senans • Grande Rue • 25610 Arc-et-Senans
Dans la forêt with Vincent Munier Temporary exhibition from February 16, 2024 to April 27, 2025 – Musée des Confluences