Face à la colère des édiles face aux efforts budgétaires prévus pour les collectivités en 2025, le Premier ministre a esquissé des mesures de simplification. Tout en renvoyant les questions sur le budget aux discussions en cours au Sénat.
Ce jeudi 21 novembre, le Premier ministre Michel Barnier a donné des gages aux maires mécontents des « coupes » budgétaires prévues pour 2025, en lançant un grand chantier de simplification, mais sans desserrer l’étau budgétaire. , leur première revendication.
Face aux 4 000 élus réunis à l’issue du 106e congrès de l’Association des maires de France (AMF), le fin négociateur du Brexit a d’abord désamorcé les critiques sur les responsabilités dans la déroute budgétaire de la France.
« Ce n’est pas juste de pointer du doigt les municipalités et les autorités locales comme si elles étaient responsables de notre déficit », a-t-il déclaré, accompagné de treize ministres.
Les maires et toutes les collectivités protestent contre les cinq milliards d’euros d’« économies » prévus pour 2025, la facture qu’ils estiment plutôt à 11 milliards, et qu’ils considèrent comme des prélèvements insoutenables, avec pour conséquence un effet récessif.
« Mettre fin à l’inflation normative »
Dans l’esprit des lois de décentralisation, Michel Barnier a touché une corde sensible pour les maires, en assurant vouloir inverser leur sentiment « d’être sous tutelle normative et financière » de l’État.
Vantant les mérites des communes, « référence pour nos concitoyens », il a jugé que leur vocation n’était pas d’être des « sous-traitants de l’Etat » mais « davantage de partenaires ».
Le premier vice-président de l’AMF André Laignel avait précédemment appelé à « décoloniser » les collectivités « pour enfin ouvrir le temps aux libertés locales ».
Le chef de l’exécutif a répondu en promettant « des lois moins bavardes, qui s’en tiennent à des objectifs généraux et qui ne cherchent pas à régler les détails ». “Il faut mettre fin à l’inflation normative”, a insisté Michel Barnier, assurant que les sur-transpositions des directives européennes seraient “examinées une à une” et pour certaines “supprimées”.
Il a également annoncé « quatre décisions importantes (…) dans les semaines à venir ». Une circulaire sera publiée pour demander aux administrations de proposer en priorité des lois qui « fixent des objectifs » et « laissent une marge de manœuvre aux autorités locales pour interpréter les règles ».
« Retourner la pyramide » vers « zéro artificialisation nette »
Le rôle du Conseil national d’évaluation des normes (CNEN) sera également accru pour clarifier les lois « bien avant leur présentation au Parlement » tandis que les effets des lois sur les collectivités seront intégrés dans leur étude d’impact.
Enfin, une simplification du « stock de normes » sera réalisée en matière d’urbanisme et d’environnement.
Le Premier ministre a pris en exemple la nécessité de « renverser la pyramide » sur la loi « zéro artificialisation nette » des sols (ZAN), dont l’objectif est d’arrêter l’usage du béton en 2050.
« La ZAN ne doit pas être déchaînée, et mécaniquement, de la région jusqu’à la plus petite commune », a déclaré Michel Barnier.
Concernant l’effort budgétaire demandé aux collectivités, il a rappelé les concessions déjà faites aux départements, notamment sur l’abandon du caractère rétroactif de la réduction du taux du Fonds de compensation de la TVA (FCTVA).
Pour le reste, « la discussion continue au Sénat », a-t-il simplement déclaré, promettant que « des amendements supplémentaires feront évoluer le texte initial ».
“Une berceuse”
Autre revendication majeure des maires à quinze mois des prochaines élections municipales, l’amélioration des conditions d’exercice de leur mandat fera l’objet d’un texte qui sera débattu à l’Assemblée nationale en février, sur la base d’une proposition de loi du Sénat qui sera complétée par des propositions « en matière de promotion du lien avec la vie professionnelle, de formation et de reconversion ».
Pour les communes rurales, il a promis d’envisager d’étendre le vote de liste commune aux communes de moins de 1 000 habitants, tout en réitérant son « ouverture » au retour du cumul des mandats.
“Les constats sont les bons, les intentions affichées sont les bonnes (…) mais sur les mesures très concrètes de prélèvements supplémentaires de l’Etat (…) nous n’avons pas eu de réponse et la suite dépendra de cela qu’elle viendra”. hors de la discussion au Sénat», a réagi le président de l’AMF David Lisnard.
“Le Premier ministre nous a gentiment chanté une berceuse mais n’a pas répondu aux inquiétudes de tous les maires et à la colère de beaucoup”, a critiqué le socialiste André Laignel.
“En une heure de discours, cinq minutes sur les finances alors que le budget 2025, avec une saignée de 11 milliards, est le pire de tous les temps”, a ajouté le premier conseiller municipal d’Issoudun (Indre), pour qui les services publics locaux “sont plus en danger que jamais.