A l’occasion d’une soirée continue pour la Journée internationale des droits de l’enfant, France 2 diffuse ce soir, mercredi 20 novembre, Rapports (our opinion). Cécile Bois, Odile Vuillemin and Bruno Solo, under the direction of Éric Métayer, are starring in this fiction which is the eponymous adaptation of the testimonial book by Karine and Laurence Brunet-Jambu, published by Éditions du Livre de Poche. Laurence Brunet-Goyave revient pour nous sur son histoire douloureuse et son combat contre la maltraitance de l’enfance.
Rapport: “J’ai pris un sale coup !“Laurence Jambu se souvient de son émotion en découvrant la fiction adaptée de son histoire
Télé-Loisirs : Vous avez témoigné dans un livre, aujourd’hui, votre histoire a été adaptée en série. Comment avez-vous réagi lorsqu’on vous a proposé ce projet ?
Laurence Brunet-Goyave : Ma première réaction a été la peur de savoir si la fiction serait la plus proche possible de la réalité. Nous nous sommes mis d’accord sur une adaptation à la sortie de notre livre, nous n’avions pas le choix, cela faisait partie du contrat. Jusqu’à la lecture du scénario, je craignais que Karine se perde dans l’histoire. Et puis je l’ai lu et je l’ai trouvé remarquable.
Saviez-vous tout de suite quelles actrices allaient vous incarner ?
Non, il a fallu du temps pour que le projet se concrétise. J’ai reçu un premier scénario en 2022, puis un deuxième en 2023. C’est à ce moment-là que j’ai su qu’Éric Metayer allait réaliser. C’est lui qui m’a parlé du casting et quand j’ai découvert les noms des actrices, j’ai sauté de joie ! Pour moi, Cécile Bois est Candice Renoir et Odile Vuillemin is Profilage. Ce sont des actrices que j’adore. Avec Bruno Solo, nous étions déjà en contact. C’est quelqu’un que je respecte beaucoup. Cela m’a rassuré, je savais que cette fiction allait se faire avec pudeur.
Vous avez pu vous rendre sur le plateau, n’était-ce pas trop dur de revivre le passé ?
J’ai pris un sale coup ! Je me sentais mal parce que c’était tellement bien fait que cela m’a fait revenir en arrière et a suscité beaucoup de douleur. C’était douloureux de repenser à certains moments. A l’époque par exemple, quand j’ai appris que Karine était placée, je suis tombé à genoux et j’ai hurlé à mort, comme un loup… J’ai crié si fort qu’après je n’en pouvais plus. dire un seul mot. Je ne pouvais plus rien faire. J’avoue que ce jour-là, j’avais des pensées noires, très très noires.
Comment avez-vous pu vous préserver ?
Je me suis immergé pleinement dans le projet. On m’a beaucoup demandé et j’ai répondu à toutes les demandes. Je voulais que ce téléfilm corresponde à ce que nous avions vécu, même si ce n’est pas la réalité. Nous avons tellement souffert. Nous ne pouvons pas imaginer ce que cela fait de savoir qu’une petite fille est violée au domicile de ses parents et que nous ne pouvons rien faire. C’est ce sentiment d’impuissance qui est insupportable. Personne ne peut imaginer cette douleur. C’est horrible. J’ai fait des cauchemars pendant des nuits entières et des insomnies en faisant les cent pas dans la maison. Toutes ces mères qui tentent de défendre leurs enfants, je sais ce qu’elles vivent !
Quand avez-vous découvert la fiction pour la première fois ?
Nous l’avons vue avec Karine et l’équipe du téléfilm au festival de Vierzon. J’ai adoré le voir avec le public. On découvre le ressenti du public, c’est extraordinaire. Il y avait beaucoup d’émotion. Quand j’ai vu la fiction, il y a eu des moments où j’ai pleuré parce que dans certaines scènes, ce n’était pas Cécile que je voyais, c’était moi. Elle m’a si bien joué que c’était troublant.
Avez-vous pu lui dire ce que vous vouliez lui dire ?
Oh oui! Nous nous sommes revus avant-hier et elle sait à quoi je pense. Je ne sais pas quel impact cette fiction aura sur sa vie, mais je pense qu’elle laissera des traces. Elle sait que ce téléfilm avait un message, et elle l’a porté. Tous les comédiens, lorsque nous les avons rencontrés, sont venus nous dire qu’ils étaient là pour porter notre voix. Il n’y a rien de plus beau ! Ce sont des moments magiques dans la vie. Pour moi, cette fiction est un message d’espoir. Nous avons tous un sac à dos à transporter et j’ai essayé de rendre celui de Karine le plus léger possible. Ce que nous voulons démontrer, Karine et moi, c’est qu’il est possible de s’en sortir ! Il faut changer les choses !
Rapport: “Aux services sociaux, tout le monde m’appelait la sorcière« Laurence Jambu revient sur son long combat pour sauver sa nièce victime d’abus
Qu’attendez-vous après la sortie de cette fiction ?
Je pense sincèrement que ce téléfilm peut aider les gens. Ce que j’attends le plus, c’est que la justice demande pardon à Karine. J’y pense tous les jours. Personne ne lui a jamais demandé pardon et elle le mérite. J’ai reçu des excuses du procureur général pendant le procès. Il m’a regardé, il avait les larmes aux yeux, je m’attendais comme d’habitude à être lynché. Et il s’est effectivement excusé. C’était comme du miel ! Mais j’ai cette colère en moi de voir que les choses auraient pu être évitées. La protection de l’enfance va mal et, je le dis haut et fort, nous ne protégeons pas les enfants ! C’est un sujet qui reste tabou. Je pense que personne ne veut entendre parce que nous sommes tous collectivement responsables. Les familles n’ont pas forcément envie de parler, les services sociaux non plus. C’est grâce aux livres et à la télévision que l’on peut faire bouger les lignes et encourager la liberté d’expression.
Comment avez-vous vécu cette période ?
Grâce à ma foi, à mes enfants, à mon mari et à la pensée de cette petite fille qui dépendait de moi. Peut-être qu’enfant, elle n’avait pas réalisé le combat que nous devions mener pour la sortir de là. Karine a hanté mes jours et mes nuits. Alors qu’on se dirigeait vers le plateau, elle m’a dit : «Je ne pensais pas que tu souffrais autant pour moi.» Je pense qu’elle a réalisé avec le livre et ce téléfilm que je ne l’avais jamais abandonnée. Aux services sociaux, tout le monde m’appelait la sorcière. Et je pense que par moments, Karine a pu se sentir abandonnée. Mais elle a toujours su que je l’aimais. Un jour, j’ai dédicacé un livre et les gens pleuraient. Cela m’a choqué car je ne pensais pas que notre histoire allait autant résonner. C’est terriblement bouleversant, mais ça fait du bien aussi. C’est rassurant, ça veut dire que le message est passé.
Je suppose qu’on ne peut pas guérir de ce genre de traumatisme. Mais aujourd’hui, comment allez-vous tous les deux ?
Nous allons bien. C’est sûr qu’on ne le guérit pas, on vit avec. Il y a forcément des moments plus difficiles que d’autres… Mais je vais bien car je sais que je vais sauver d’autres enfants. Je fais partie des enfants maltraités. J’ai également été maltraitée et j’aimerais vraiment que quelqu’un fasse quelque chose pour moi. Je savais ce que vivait Karine, car moi aussi je l’avais vécu. Le combat continue ! Je sais que j’avance et qu’il y a de bonnes choses qui vont arriver. Je n’en doute pas. J’ai gardé foi en l’humanité.
Laurence Brunet est présidente de l’Association Alexis Danan qui vient en aide aux victimes de maltraitance : https://alexisdanan.org/.