Après une très forte mobilisation en janvier, les agriculteurs reprennent progressivement leurs actions face à « l’inaction gouvernementale » qu’ils dénoncent. Dans l’Yonne, l’année 2024 a été particulièrement difficile pour les professionnels du secteur, qui continueront d’alerter la population.
Des files de tracteurs et des barbecues improvisés sur l’autoroute. Des centaines de blocages dans toute la France. Des images de colère des agriculteurs ont marqué cette fin janvier 2024. Un nouvel épisode se joue.
Parce que la colère est là. Toujours là. Dans l’Yonne, le mouvement a été très populaire en janvier. Les agriculteurs s’étaient emparés de l’A6 et de l’A19, paralysant deux axes pendant près d’une semaine. “Nous avions montré quelque chose d’inédit, notre ras-le-bol mais aussi notre envie d’avancer, et rien ne s’est passé depuis”, commente Charles Baracco, président des Jeunes Agriculteurs de l’Yonne.
Facture dormante
Simplification administrative, réduction du nombre de normes, mécanismes pour une meilleure rémunération : leurs demandes étaient nombreuses, mais ciblées. La mobilisation a conduit Gabriel Attal, alors Premier ministre, à s’engager sur 62 mesures. Certaines ont été rapidement mises en œuvre, comme l’abandon de la hausse du diesel non routier ou le versement des aides d’urgence ou de la PAC.
« Il y a quelques saupoudrages, des réponses sur quelques points, mais sinon rien. »
Laurence Godin (Éleveur à Mélisey et président de la Coordination rurale de l’Yonne)
Agriculteurs : appel à la mobilisation nationale à partir du lundi 18 novembre
De nombreux espoirs ont été placés dans le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole. Le texte a été adopté en première lecture par l’Assemblée nationale le 28 mai 2024, mais depuis la dissolution, le dossier est au point mort. Et l’année a été difficile pour les agriculteurs, touchés par les aléas climatiques ou les crises sanitaires du bétail.
Opposition au Mercosur
« Aucune production n’y échappe », déplore Laurence Godin. Au début de l’année, on ne savait pas comment ça allait se passer, et c’était pire que ce qu’on imaginait. » Avec la Coordination rurale, ils ont été les premiers à occuper le terrain, en déployant des bâches aux quatre coins de l’Yonne dans la nuit de mercredi à jeudi. Une manière de rappeler aux gens les difficultés qu’ils rencontrent.
On a commencé très doucement, on l’a fait de nuit, on n’a rien bloqué, mais on est tous convaincus que ça ne suffira pas.
De leur côté, la Fédération Départementale des Syndicats d’Agriculteurs (FDSEA) et les Jeunes Agriculteurs ont prévu une action commune ce lundi 18 novembre 2024. Après avoir couvert les panels municipaux, ils animeront, à 18 heures, des « soirées » salsa. « autour des feux de la colère avec musique brésilienne et danseurs argentins » au rond-point Rosa-Parks à Sens, à l’entrée d’Avallon et au carrefour de l’Europe à Auxerre. Une manière ironique de s’opposer au traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur, actuellement en discussion.
Dans l’Yonne, les agriculteurs de la Coordination rurale manifestent leur mécontentement
« L’inertie décisionnelle du nouveau gouvernement nous pousse dans nos limites et exacerbe notre incompréhension face à la lenteur de l’action », déplorent les deux organisations locales, qui pourraient ne pas s’arrêter là.
Antoine Compigne