Si le secteur du reconditionné se structure progressivement en France, l’achat de biens d’occasion reste encore minoritaire dans le pays. Le groupe Fnac Darty souhaite inverser la tendance en proposant plus de transparence sur le parcours de ses produits, à commencer par l’électroménager.
Dans un communiqué publié récemment, le géant européen de l’électroménager et du divertissement a effectivement annoncé le lancement d’un « passeport numérique » pour les appareils d’occasion, Ecosystem. Basé sur la blockchain (le système de traçabilité utilisé, entre autres, par Bitcoin), ce document reconstitue toute l’histoire de vie d’un appareil, »de la production à la fin de vie», explique la marque.
Ainsi, le passeport numérique d’une machine à laver pourra indiquer sa date de fabrication, la durée de sa vie initiale, les opérations de réparation qu’elle a subies et son sort lorsqu’elle sera inéluctablement jetée à la benne. Le but ? Pour offrir «transparence totale tout au long du cycle de vie du produit», note Nathalie Yserd, directrice générale d’Ecosystem.
Pour apaiser les craintes autour des biens reconditionnés
Comme le note le communiqué de presse, le «peur d’être victime d’une arnaque» est toujours cité comme l’obstacle majeur à l’achat d’électroménager d’occasion. En proposant une traçabilité plus complète, Fnac Darty espère convaincre les plus sceptiques de donner leur chance aux produits reconditionnés et d’occasion. Autrement dit, le marché du reconditionné a besoin d’être rassuré et davantage encadré pour convaincre le grand public. Le passeport numérique se veut une solution à ces problèmes.
Pour le moment, seuls quelques appareils sont concernés. Plus précisément, ceux utilisés par les athlètes du village olympique lors des JO de 2024. Cette poignée de produits labellisés «Collectionneurs 2e Vie« Chez Darty, nous poserons les bases de ce nouveau système. A terme, le groupe souhaite étendre cet outil à tous ses produits de seconde vie début 2025, puis à tous les nouveaux produits d’ici 24 mois.
Inspiré par l’Union européenne
Ce délai n’est pas choisi complètement par hasard. La solution proposée par Fnac Darty est en fait un simple essai pour évaluer la faisabilité de «passeport produit numérique» (PNP) exigé par la réglementation européenne en matière d’écoconception. À partir de 2027, cette obligation de transparence s’appliquera progressivement à toute une multitude de catégories de produits, à commencer par les appareils électroniques et les textiles.
S’il n’est indiqué nulle part dans la réglementation que ce document doit être enregistré sur la blockchain, il y a fort à parier que Fnac Darty a voulu ajouter une petite couche de techno-solutionnisme au projet européen. Reste à savoir exactement quelle forme prendra ce passeport numérique, quelles obligations incomberont aux différents acteurs de la chaîne de valeur et quel poids les acheteurs lui accorderont.
Si l’expérience de l’indice de réparabilité nous a appris quelque chose, c’est que, malgré les obligations légales, de nombreux fabricants et revendeurs ne jouent pas le jeu. Il est encourageant de voir Fnac Darty se lancer dans cette aventure, mais tant qu’il n’y aura pas d’obligations légales ni de moyens pour les faire respecter, le passeport numérique aura probablement du mal à se démocratiser.