« L’exécution provisoire » de la peine d’inéligibilité requise par le parquet du tribunal de Paris contre Marine Le Pen ce mercredi 13 novembre pourrait empêcher la députée RN de se présenter à l’élection présidentielle de 2027. Mais la décision ne devrait pas être connue avant plusieurs mois.
Marine Le Pen pourrait-elle être candidate à l’élection présidentielle de 2027 ? La question se pose ce jeudi 14 novembre, au lendemain des réquisitions du parquet dans le procès des assistants parlementaires du Rassemblement national. Les procureurs ont requis une peine d’inéligibilité contre la députée d’extrême droite, trois fois candidate à la fonction suprême et accusée d’avoir détourné des fonds du Parlement européen au profit de son parti.
Le parquet estime qu’une « exécution provisoire » de cette peine d’inéligibilité de cinq ans est nécessaire.
Si le tribunal suit les réquisitions du parquet, Marine Le Pen n’y échappera pas et ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle de 2027, même si elle fait appel du jugement. Ce scénario provoque l’extrême droite, qui dénonce une « atteinte à la démocratie ».
Aucune décision depuis plusieurs mois
De Jordan Bardella à Jean-Philippe Tanguy, de nombreux responsables du RN ont commencé mercredi soir à défendre leur chef. Mais le sort de Marine Le Pen et des autres accusés n’est pas encore connu.
Après les réquisitoires de l’accusation ce mercredi, le procès reprendra lundi 18 novembre, les plaidoiries de la défense étant prévues jusqu’au mercredi 27 novembre. Et le tribunal ne rendra sa décision que dans plusieurs mois.
Depuis le début du procès fin septembre, Marine Le Pen clame son « innocence », celle de son parti et de ses coaccusés. “Non” système, mais beaucoup de “mensonges”, de “fictions” et d'”incompréhensions”, a-t-elle juré à la barre, disant aussi son “sentiment” que l’avis du tribunal “était déjà fait”.
Après l’annonce des réquisitions ce mercredi, le finaliste de la dernière élection présidentielle a dénoncé la « volonté du parquet de priver les Français de la possibilité de voter pour ceux qu’ils veulent ».
“Nous sommes ici dans une enceinte judiciaire et la loi s’applique à tout le monde”, a rappelé le procureur lors des réquisitions, devant un ancien candidat à la présidentielle assis au premier rang des prévenus.
Un appel suspensif… ou pas
Dans le cas où Marine Le Pen devait être condamnée à une peine d’inéligibilité à l’issue de ce procès, elle ferait sans doute appel de la décision des magistrats. A ce stade, deux scénarios, aux conséquences bien distinctes, sont possibles.
Si le tribunal décide de suivre les réquisitions du parquet en condamnant Marine Le Pen à une peine d’inéligibilité assortie d’une exécution provisoire, elle ne pourra alors être candidate à aucune élection locale ou nationale pendant la durée de sa peine.
Marine Le Pen devrait cependant rester députée car elle est protégée par son statut de parlementaire. Mais seulement jusqu’à la fin de son mandat.
Mais en cas de condamnation à cinq ans d’inéligibilité assortie d’une exécution provisoire – comme le demande le parquet – l’élue du Pas-de-Calais ne pourra pas se représenter dans sa circonscription en juin 2029. Ou avant, en en cas de dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron ou son successeur.
Si le tribunal décide de ne pas suivre les réquisitions du parquet, en condamnant Marine Le Pen sans exécution provisoire, la peine d’inéligibilité serait suspendue en appel jusqu’à un nouveau procès. Et si elle est condamnée en deuxième instance, la chef de file des députés RN se pourvoira probablement en cassation, également suspensive.
«Si l’on compare les lenteurs habituelles de la justice avec l’agenda politique de Marine Le Pen, on peut imaginer que la décision du procès en cours serait rendue dans les trois mois, qu’un procès en appel aurait lieu un an plus tard, avec encore trois mois avant le procès. rendu d’une décision en appel – soit vers juin 2026”, écrit l’Agence France Presse ce mercredi.
Le pourvoi en cassation pourrait prendre plusieurs mois… et potentiellement plusieurs années. Il est donc tout à fait possible qu’il n’y ait pas de décision définitive sur ce dossier avant l’élection présidentielle de 2027. Et si Marine Le Pen venait à être élue présidente de la République, la procédure serait suspendue pour la durée de son mandat.